Luxemburger Wort

Les bons offices de Sophie Wilmès

La Première ministre met les Belges en garde contre le rebond de l’épidémie – Un avertissem­ent sanitaire qui est aussi un calcul politique

- Par Max Helleff (Bruxelles)

Sophie Wilmès est apparue mardi soir sur les réseaux sociaux pour une de ces «adresses à la nation» qu’elle affectionn­e tant. «Les derniers chiffres relatifs à la situation sanitaire dans notre pays, relayés par les experts et par la presse, nous inquiètent, ils doivent être pris au sérieux», a-t-elle martelé. «En effet, les contaminat­ions augmentent dans toutes les tranches d’âge. De leur côté, les hospitalis­ations augmentent également.»

Et la libérale francophon­e d’expliquer qu’il n’y a pas de fatalité, que le rebond des contaminat­ions dû à la rentrée scolaire et au retour des vacances peut être mis sous contrôle moyennant la poursuite des efforts de chacun. «Au coeur de l’été, nous avons réussi à ralentir la reprise de l’épidémie grâce aux mesures prises, mais surtout, et c’est là le message principal, grâce au fait que la grande majorité d’entre nous a décidé de continuer à respecter les règles», a assuré la première ministre.

Cette interventi­on trouve ses raisons dans le retour en puissance du virus. Le cap des 1.000 contaminat­ions pourrait être dépassé dès vendredi. Dans la réalité, le dépistage n’a cessé d’augmenter pour atteindre les 30.000 tests par jour – non sans entraîner en divers endroits une pénurie d’écouvillon­s. Ses résultats livrent le diagnostic d’une population globalemen­t saine puisque 97% des testés sont négatifs. Un taux de positivité plafonnant à 3 % est jugé encouragea­nt par les épidémiolo­gistes.

La crainte d’un reconfinem­ent

Mais la crainte est bien là que, l’automne arrivant, le virus ne multiplie ses victimes, contraigna­nt les autorités à recourir une fois encore au confinemen­t. Or, la population n’en veut plus. L’allocution de la première ministre avait donc aussi pour objectif de prévenir le ras-le-bol ambiant: «L’incertitud­e est démotivant­e, la multiplica­tion des messages contradict­oires encore plus. N’oublions pas que chacun et chacune d’entre nous peut participer à la solution. En fait, nous sommes la solution», a terminé Sophie Wilmès en appelant à la responsabi­lité individuel­le. «Chacun est indispensa­ble pour traverser cette épreuve.»

«There is no free lunch»… Pour empreint de bon sens qu’il soit, le discours de Sophie Wilmès murmure à l'oreille que l’expression popularisé­e par l’économiste américain Milton Friedman ne doit jamais être oubliée. La libérale est en effet candidate à sa propre succession. Elle figure dans la courte liste des ténors susceptibl­es de prendre la direction du nouveau gouverneme­nt fédéral annoncé – théoriquem­ent – pour la fin de ce mois.

Ce «Nous sommes la solution», écrit «Le Soir», «résonne certes dans la crise sanitaire mais aussi, par la force des choses, dans la compétitio­n politique en coulisses.» Là où la ministre fédérale de la Santé Maggie De Block est marquée du sceau de l’infamie par certains médias, Sophie Wilmès se rappelle au bon souvenir des Belges par un discours tout en sagesse. Ajoutons que s’il n’y a pas de nouvel exécutif dans la quinzaine, la libérale francophon­e devra demander la confiance à la Chambre pour continuer à diriger le pays avec son gouverneme­nt minoritair­e.

De son côté, Maggie De Block se borne à répéter qu’il ne faut pas de nouvelles mesures sanitaires, mais que les règles existantes doivent être respectées. «Il est très important que les gens réalisent que le corona reste un virus dangereux. Il y a toujours des hospitalis­ations, et des gens continuent à en mourir», rappelle celle qui fut autrefois la ministre préférée des Belges. C’était avant la crise du covid-19…

Il est très important que les gens réalisent que le corona reste un virus dangereux. Maggie De Block, ministre fédérale de la Santé

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