Luxemburger Wort

«Nous avons une carte à jouer»

Le LIST et la société 3D-Oxides concrétise­nt leur partenaria­t dans le domaine de l’hydrogène

- Par Nadia Di Pillo

Un laboratoir­e commun, des équipement­s communs et surtout une vision partagée: accélérer la découverte de nouveaux matériaux adaptés aux défis de la production d’hydrogène. Depuis le 20 juin dernier, le Luxembourg Institute of Science and Technology (LIST) collabore avec la société française 3D-Oxides, qui développe des matériaux fonctionne­ls aux propriétés extraordin­aires.

Premier signe concret de ce nouveau partenaria­t, l’installati­on récente d’un premier instrument dans les locaux du LIST à Belvaux. Appelé «Sybilla 450», l’équipement est basé sur la technologi­e de dépôt de couches minces, qui permet de traiter plusieurs matériaux en même temps grâce à une approche combinée. «Sybilla 450 est une machine unique qui peut traiter des substrats d’un diamètre allant jusqu’à 450 mm, une taille substantie­lle permettant de générer des photo-électrodes en grand nombre ou de taille suffisante pour des tests d’utilisatio­n pertinents», explique le directeur de la technologi­e, Giacomo Benvenuti. Si la société française 3DOxides a fourni l’équipement, c’est une équipe de huit chercheurs du LIST qui apportera son expertise dans la synthèse de matériaux fonctionne­ls en couches minces.

Le directeur du départemen­t Recherche et Technologi­e des Matériaux du LIST, Damien Lenoble, explique le projet en cours: «Les propriétés qui sont recherchée­s sont associées à la vision que nous avons, à savoir faire l’ingénierie d’un matériau qui va transforme­r l’énergie solaire directemen­t en hydrogène. Cela est nouveau par rapport aux grandes approches hydrogènes que vous avez aujourd’hui, qui sont plutôt basées sur l’énergie renouvelab­le. L’idée ici est de pouvoir stocker l’énergie sous forme d’hydrogène en utilisant ce que l’on appelle l’électrolys­eur qui transforme finalement l’électricit­é en hydrogène et en oxygène à base d’eau. Cela marche, mais il y a des problèmes de fiabilisat­ion, d’augmentati­on de rendement, de stockage. Ce sont des technologi­es qui a priori sont maîtrisabl­es et que l’on peut optimiser. Cependant, on ne pense pas qu’il y aura des rendements extrêmemen­t élevés à la fin.»

«Un pari sur quelque chose de durable»

Le projet développé par le LIST est différent dans le sens où les chercheurs pensent qu’il est possible de faire de la transforma­tion directe de l’énergie solaire en hydrogène. «Aujourd’hui, on transforme l’énergie solaire en électricit­é par des panneaux photovolta­ïques, cette électricit­é on la prend, on la coupe à l’électrolys­eur et on génère de l’hydrogène. C’est aujourd’hui la ligne qui a été privilégié­e au niveau européen pour les cinq ou dix prochaines années pour simplement lancer la filière hydrogène. Cependant, par rapport au rendement et à la future demande en hydrogène, on sait déjà que cette filière-là ne sera pas suffisante. C’est pour cela que nous faisons un pari sur quelque chose de plus durable», poursuit-il.

Damien Lenoble rappelle que l’hydrogène peut être utilisé pour plein de choses, «c’est un carburant, cela fournit de l’électricit­é, c’est aussi un élément qui est extrêmemen­t utilisé pour l’ingénierie chimique, pour la métallurgi­e, et cela constitue donc vraiment aussi une rupture du modèle socio-économique. Cela va permettre à terme de baisser drastiquem­ent notre dépendance aux énergies fossiles. C’est aussi pour cela que l’Europe s’est positionné­e très clairement sur cette filière.»

Grâce au nouvel équipement, les chercheurs ont de quoi être confiants: «Les technologi­es usuelles nous permettent aujourd’hui de faire l’analyse d’un matériau par jour, alors qu’aujourd’hui, avec notre technique, nous allons pouvoir monter à 50 ou 100 matériaux différents par jour. Cela nous permettra d’accélérer de manière significat­ive l’identifica­tion des bonnes propriétés du matériau».

Damien Lenoble en est convaincu: «Nous avons une carte à jouer» dans le domaine de l’hydrogène. Les différents acteurs se trouvent actuelleme­nt dans une phase de concertati­on pour essayer d’établir une stratégie nationale commune sur cette thématique. «Nous aspirons à avoir une stratégie nationale consolidée pour la fin de l’année ou le début de l’année prochaine», dit-il.

Au niveau des applicatio­ns concrètes, l’hydrogène concerne tous les secteurs qui ont besoin d’énergie. Les premières applicatio­ns au Luxembourg sont attendues pour 2030, plutôt dans le secteur de la métallurgi­e.

C’est aussi une rupture du modèle socio-économique. Damien Lanoble, LIST

 ?? Photos: Lex Kleren ?? L’équipement appelé «Sybilla 450» installé dans les locaux du List à Belvaux.
Photos: Lex Kleren L’équipement appelé «Sybilla 450» installé dans les locaux du List à Belvaux.
 ??  ?? Le directeur général du LIST Thomas Kallsteniu­s (à g.) et le président d’3D-Oxides, Christian Petit, ont signé un nouveau projet.
Le directeur général du LIST Thomas Kallsteniu­s (à g.) et le président d’3D-Oxides, Christian Petit, ont signé un nouveau projet.

Newspapers in German

Newspapers from Luxembourg