L’heure des retrouvailles
L’OPL, Gustavo Gimeno et Krystian Zimerman lancent la nouvelle saison à la Philharmonie
Le public est masqué et le restera tout au long du concert, contrairement aux musiciens de l’OPL, du chef d’orchestre Gustavo Gimeno et du pianiste Krystian Zimerman, qui une fois installés peuvent se démasquer. Jeudi soir a été donné le coup d’envoi de la nouvelle saison de la Philharmonie.
Une saison, dont le programme ne sera finalement que dévoilé au compte goutte, mois après mois, pour éviter de devoir annuler et décevoir, assure Stephan Gehmacher le directeur de la Philharmonie en préambule du premier concert. «La situation reste difficile, mais nous avons mis sur pied un concept sanitaire qui nous permet de reprendre les concerts».
Le chef d’orchestre de l’OPL, Gustavo Gimeno, avoue: «Au départ, je me disais qu’il serait tout simplement impossible de jouer avec une distance minimale de deux mètres entre chaque musicien. C’est un vrai challenge. Maintenant, je dois constater, que même si le son change, cette solution est tout à fait possible.»
Sur la grande scène de la Philharmonie, la cinquantaine de musiciens se partage le vaste espace pour des retrouvailles attendues et partagées avec une légende vivante du piano. Krystian Zimerman n’est pas venu avec les mains vides: les concertos pour piano n° 1 et n° 5 de Beethoven sont annoncés. Le même concert est redonné ce soir au Konzerthaus de Dortmund.
Le soliste, avec une totale retenue, propose une lecture épurée des deux pages concertantes. Inspiré, voire même amusé, Krystian
Zimerman dose son énergie avec la juste parcimonie. Ses deux mains glissent sur les touches sans effusions sonores inutiles, l’efficacité étant l’unique à atteindre.
Un Beethoven translucide
Le langage beethovenien est ici translucide, la syntaxe des propos est impressionnante, quelque soit les mouvements, des plus lents aux plus agités. Krystian Zimerman, le maître de cérémonie, prend un réel plaisir à vivre ce moment avec ses compagnons d’un soir, qui bien souvent restent en retrait. Malgré les sollicitations de Gustavo Gimeno, l’orchestre semble peiner à réellement décoller, comme s’il (re)cherchait encore ses marques après cette longue période de disette.
Intercalés entre les concertos, les «Fünf Sätze» d’Anton Webern défilent comme un chapelet de pépites atonales. La mise en parallèle des deux écoles de Vienne avec des oeuvres «contrastées mais complémentaires», selon le chef d’orchestre, est réussie.
L’OPL retrouvera Krystian Zimerman pour la suite des concertos de Beethoven les 2 et 23 octobre à la Philharmonie. La saison se poursuivra avec la venue dans un futur proche de Rolando Villazón (ténor), Patricia Kopatchinskaja (violon), Valery Gergiev (direction)... «Je suis heureux pour chaque concert que nous pouvons organiser chez nous», précise Stephan Gehmacher, bien conscient de ne jamais être à l’abri d’un nouvel imprévu.
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