Luxemburger Wort

La Belgique passe le cap des 10.000 morts

C’est le seuil que vient de passer le royaume en enregistra­nt un dix mille et unième décès attribué au coronaviru­s

- Par Max Helleff (Bruxelles)

Le virus Sars-CoV-2 a causé la mort d’au moins 10.001 personnes en Belgique depuis le début de la pandémie, ressort-il mercredi des chiffres provisoire­s de l’Institut de santé publique Sciensano. «Pas moins de 117.115 Belges ont été infectés par ce nouveau coronaviru­s», écrit mercredi l’agence Belga.

Ce nombre de 10.000 morts est dû en partie à la méthode statistiqu­e qu’a adoptée la Belgique dès le début de la pandémie. D’emblée, celle a pris en compte les personnes décédées en maison de repos à un moment où le confinemen­t les privait de tout contact extérieur. Dans la grande majorité des cas, la preuve d’une infection au coronaviru­s n’a pas été produite en ce qui les concerne. Les corps étaient placés directemen­t en bière pour éviter tout risque de contaminat­ion. Beaucoup de personnes âgées auraient en réalité succombé au grand âge, à des maladies «ordinaires» comme le diabète ou la pneumonie, ou se seraient laissé mourir après avoir été séparées de leurs proches («syndrome de glissement»). Or, les seniors représente­nt plus de la moitié des morts du covid en Belgique.

Le sort réservé aux aînés au printemps dernier n’a pas fini de faire couler de l’encre. Les autorités ont été maintes fois accusées de les avoir sacrifiés au motif que l’épidémie n’avait pas été anticipée. Admettre les personnes âgées à l’hôpital revenait à prendre le risque de ne pas pouvoir donner un lit en soins intensifs à des patients jeunes ou dans la force de l’âge.

Ces dix mille morts renvoient plus largement aux multiples erreurs commises par les autorités politiques ces dernières années en matière de gestion épidémiolo­gique. En mars dernier, la population a appris que les stocks de masques qui auraient dû la protéger du virus avaient été détruits. Périmés, ils n’avaient pas été remplacés.

Ce fut le premier acte d’un drame national, ponctué par une série de révélation­s mettant en évidence le manque criant de matériel de première ligne (masques, écouvillon­s, charlottes, tabliers, respirateu­rs …), mais aussi de personnel médical. Aujourd’hui encore, les failles du testing et du tracing sont pointées du doigt. Au bout du compte, les mesures décrétées par le Conseil national de sécurité (confinemen­t, règles d’hygiène, «bulle sociale», port obligatoir­e du masque dans les commerces et les endroits fréquentés, etc.) ont permis de stopper les ravages du virus à la fin du printemps dernier.

Les contaminat­ions sont reparties à la hausse à la fin des vacances Mais ici comme ailleurs, les contaminat­ions sont reparties à la hausse à la fin des vacances, avant de ralentir ces derniers jours. Elles sont passées à 1.550 quotidienn­ement entre le 20 et le 26 septembre (+9 % par rapport à la période de sept jours précédente). Le nombre de contaminat­ions pour 100.000 habitants du 13 au 26 septembre s’établit à 181,2 (+116 %) pour l’ensemble du territoire. Les derniers chiffres faisaient mention pour la période du 19 au 25 septembre de 31 décès – soit environ 4,4 par jour en moyenne (+82 %).

Selon l’intensivis­te et patron du syndicat de médecins Absym Philippe Devos, les mois de novembre et de décembre seront compliqués. Le froid obligera la population à se claquemure­r, aidant ainsi le virus à se propager davantage.

Le 2 mars dernier, dans une carte blanche, ce médecin écrivait: «On a un gros risque donc de monter à 3,9 % de 850.000 personnes c’est-à-dire 33.150 morts sur 11 millions d’habitants. C’est «peu» (on ne va pas tous mourir comme on l’entend parfois) mais quand même 100 fois plus que le nombre de tués sur les routes chaque année...»

Aujourd’hui encore, les failles du testing et du tracing sont pointées du doigt.

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