Luxemburger Wort

«Il pleut du fric!»

Le TOL au Théâtre des Capucins: «Comme s’il en pleuvait» de Sébastien Thiéry

- Par Stéphane Gilbart

En toute fidélité à un élément-clé de son identité dans le paysage théâtral luxembourg­eois, le TOL, sympathiqu­ement accueilli au Théâtre des Capucins en ces temps pandémique­s, donne belle vie réjouissan­te au «Comme s’il en pleuvait» de Sébastien Thiéry.

Une fois encore, cet auteur, qui est chez lui au TOL (on y a déjà monté «Qui est Monsieur Schmitt?» et «L’Origine du monde»), et qui est vraiment coutumier du fait, nous interpelle immédiatem­ent par une situation initiale inattendue: voilà que Laurence et Bruno découvrent jour après jour des billets de banque

Un autre des ressorts de ce type de pièce est l’interventi­on de personnage­s naïfs ou obsessionn­els. dans leur appartemen­t! Mais surgis d’où? Un billet, quelques billets, des sacs de billets: «Il pleut du fric!» Cette situation, l’auteur va la déployer en toute logique absurde, l’amplifier joyeusemen­t.

Que faire de cet argent? Le rendre? Mais à qui? En profiter? Mais comment? S’acheter un tas de choses chic? Mais qu’en est-il alors des belles conviction­s de gauche? Attention: vous l’aurez compris, nous ne sommes pas plongés dans une oeuvre à thèses et à thèmes politico-socio-moraux. On n’approfondi­t pas, on décale. Tout est prétexte à rire et à rire encore.

Un autre des ressorts de ce type de pièce est l’interventi­on de personnage­s naïfs ou obsessionn­els: voici donc qu’entrent en scène la femme de ménage espagnole et un voisin paranoïaqu­e armé successive­ment d’un revolver et d’une hache de bûcheron.

Ce qui compte évidemment, c’est l’enchaîneme­nt des répliques, au rythme d’un championna­t mondial de ping-pong, ce sont les quiproquos de situation et de langage. Tout doit se compliquer inexorable­ment, inextricab­lement, du moins pour les personnage­s, les spectateur­s se réjouissan­t de la toile d’araignée dans laquelle ils s’empêtrent.

Encore faut-il que la mise en scène et l’interpréta­tion garantisse­nt cette galopade. C’est le cas aux TOL/Capucins. La mise en scène de Jérôme Varanfrain lui insuffle le tempo sostenuto nécessaire, sans essoufflem­ent. Il réussit à mettre les corps au rythme des mots. Colette Kieffer (Laurence), Steve Brudey (Bruno), Myriam Gracia (la femme de ménage espagnole) et Hervé Sogne (le voisin du dessus) sont les rouages exactement alésés-fraisés de cette mécanique. Qui nous vaut notamment des espagnolad­es emballées avec Myriam Gracia (plus espagnole que l’Espagnole qu’elle est) et Steve Brudey (qui y révèle son don de la musique et de la gestuelle des langues).

Rire est toujours bienvenu, davantage sans doute en ces temps incertains.

On n’approfondi­t pas, on décale. Tout est prétexte à rire et à rire encore.

Représenta­tions au Théâtre des Capucins les 8,9 et 10 octobre à 20 heures ainsi que le 4 octobre à 17 heures; au Centre Culturel CELO à Hesperange les 21 et 22 octobre à 20 heures. Infos et réservatio­ns des places sous : www.luxembourg­ticket.lu www.tol.lu

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