Des propos alarmants
Le philosophe et auteur de polars Jacques Steiwer s’inquiète des inégalités persistantes
la version allemande de l’Esprit, un abus qui se poursuit jusqu’à Steiner ou Heidegger. Mais il critique aussi la dérive ,positiviste‘ à laquelle a été réduit l’,esprit‘ par le ,positivisme‘ de Comte et sa suite, notamment Lénine, le Cercle de Vienne ou le behaviorisme américain. – La conclusion du livre est en tout cas qu’«il faudra définitivement jeter par-dessus bord toute substantialisation d’un ESPRIT pur, protoplasme insaisissable, sur lequel les philosophes et théologiens ont phantasmé pendant des siècles».
La dialectique à l’épreuve du 21e siècle (2018): A la suite de Sartre (1960), Michel Henry (1976) ou encore Pierre Dardot/Christian Laval (2012), Jacques Steiwer s’intéresse à la question de l’actualité de Marx et de la notion de ,dialectique‘ à l’occasion du 200e anniversaire de Marx en 2018. La dialectique est d’abord une très ancienne approche de l’homme, pour faire face au ,fleuve‘ d’Héraclite et ,domestiquer‘ au mieux les ,contingences‘ et leurs contradictions. Dans cette attitude une référence au ,transcendant‘ n’est pas utile. Jacques Steiwer circonscrit l’événement pur qui contredit toute ,logique‘ ou ,causalité‘, tout ,fixisme‘, tout déterminisme, parce que cet ,événement‘ est ,facticité brute‘, ,renversement dialectique‘, ,saut qualitatif‘, ,saut quantique‘ ou ,autopoïèse‘ sortie du chaos. Face à une ,dialectique de la crise‘ – dit l’auteur – homo sapiens doit tenter de surnager, de trouver la réponse et d’en tirer le meilleur parti. – Au passage, le DIAMAT stalinien est égratigné, parce qu’il voudrait figer la ,dialectique‘ en ,science‘, en ,déterminisme scientifique‘, donc le ,substantialiser‘ et le transformer en son exact contraire. – Est-ce que face à cela la ,démocratie‘ – en tant qu’elle serait une forme adaptée de la ,dialectique‘ – peut être un remède universel et efficace, dans le cadre de notre monde actuel? L’auteur estime que de nos jours «la feuille de vigne de la démocratie sert les puissants à se présenter en Apollon de la vertu, alors que là où la géopolitique le commande, ils agissent en Hercules martiaux (...) La ,démocratie occidentale‘ demande aujourd’hui un dépassement dialectique (...), dans la mesure où elle est aliénée, refoulée dans un coin, par une réalité économique et financière écrasante». L’auteur cite en exemples les malaises du capitalisme contemporain après 1989. Il regrette l’absence des intellectuels critiques à contre-courant, la disparition de l’audace ,utopiste‘ dans un monde où prédomine un réalisme factice. Nous sommes apparemment loin des explosions révolutionnaires du passé. Cela n’empêche pas de penser que la ,mondialisation‘ pourrait prendre une tournure de crise dialectique avec des bouleversements inattendus.
Trouver la réponse et en tirer le meilleur parti