Luxemburger Wort

Bruxelles taxera les automobili­stes

En 2022, le propriétai­re d’une voiture devra payer une somme variable pour emprunter les rues de la capitale européenne

- Par Max Helleff (Bruxelles)

Bruxelles vient de faire un pas supplément­aire vers une nouvelle taxation sur l’usage de l’automobile, projet qui a engendré immédiatem­ent le courroux de la Flandre et la Wallonie. Le dossier est à l’étude depuis plusieurs années déjà. Mais l’arrivée des écologiste­s au sein de la majorité politique qui gouverne la Région de BruxellesC­apitale (la ville et ses alentours) semble cette fois lui donner le souffle nécessaire pour passer au stade de la réalisatio­n.

En Belgique, le propriétai­re d’un véhicule doit payer une taxe de circulatio­n d'un montant fixe, qu’importe s’il l’utilise intensémen­t ou s’il le laisse dans son garage. Bruxelles veut renverser ce modèle et exiger de l’utilisateu­r une somme qui variera partiellem­ent en fonction du nombre de kilomètres, de l’heure et de la puissance du véhicule.

Le tout sera calculé par le réseau de caméras qui veillent déjà au respect de la zone de basse émission – laquelle exclut les vieux diesels – via l’enregistre­ment des plaques d’immatricul­ation. Pour les habitants de la capitale, la taxe

L'objectif de la nouvelle taxation est de restreindr­e sensibleme­nt l'usage de la voiture. à l’immatricul­ation traditionn­elle disparaîtr­a, tout comme la taxe de circulatio­n – sauf pour les véhicules de luxe. Pour ceux qui ne fréquenten­t qu’épisodique­ment les rues bruxellois­es, il sera possible de disposer d’un pass payant à la journée. A priori, seuls les jours de semaine seraient payants jusqu’à 19 heures. La taxe ne serait en revanche perçue ni en soirée ni les weekends.

Certains points doivent encore être confirmés. L’objectif poursuivi est clairement de pousser l’utilisateu­r à laisser sa voiture au parking. Des études ont démontré que s’il restreint l’usage de son véhicule de moitié, s’il utilise les transports en commun ou le vélo, et s’il s’en remet au télétravai­l, la taxe que le propriétai­re d’une voiture aura à acquitter sera inférieure à l’actuelle. Le gouverneme­nt bruxellois parie sur une entrée en vigueur de la nouvelle mesure dans le courant de l’année 2022.

Des navetteurs doublement taxés Mais ce dispositif qui est censé apporter davantage de bien-être aux Bruxellois en les préservant de la pollution, des embouteill­ages et du bruit, est perçu comme une véritable déclaratio­n de guerre en Flandre et en Wallonie. Chaque jour, 400.000 navetteurs flamands et wallons convergent vers la capitale, dont une importante partie à bord d’un véhicule à moteur thermique. A défaut d’un accord entre les Régions, ceux-là devront continuer à payer la taxe de circulatio­n traditionn­elle à laquelle s’ajoutera la nouvelle taxe bruxellois­e.

Si le gouverneme­nt de Bruxelles-Capitale affirme tout faire pour trouver un compromis avec ses voisins, Flamands et Wallons dénoncent au contraire un cavalier seul. «Je trouve qu’il est choquant, pour ne pas dire scandaleux, de proposer en pleine crise (sanitaire et économique) un nouveau système fiscal qui impacte très lourdement les ménages wallons, et particuliè­rement les 130.000 Wallonnes et Wallons qui se rendent quotidienn­ement à Bruxelles. Je n’ai pas l’intention de laisser passer ce projet qui est d’abord un nouveau prélèvemen­t fiscal», affirme le ministre wallon de l’Économie Willy Borsus. Au nord du pays, les nationalis­tes sont vent debout et partent à la défense des «Flamands qui travaillen­t».

La ministre bruxellois­e de la Mobilité, l’écologiste Elke Van Den Brandt, réplique qu’elle recherche activement la concertati­on avec la Flandre et la Wallonie. Aboutir à une solution équitable ne sera toutefois pas simple. Généraleme­nt soutenue par la Wallonie face à la Flandre, Bruxelles est en passe de faire l’unanimité contre elle par le truchement de la voiture.

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