Plus juste, plus égal, plus résistant
Un appel des Nations unies pour une sortie de la crise du Covid-19 par une reprise transformative
La pandémie du Covid-19 a provoqué une crise mondiale avec de graves effets dans des domaines variés. Au mois de septembre 2020, l’Organisation des Nations unies (ONU) a donnée des précisions sur les composantes d’une réponse compréhensive autour des trois grands axes «sauver des vies», «protéger des sociétés» et «assurer une reprise d’une meilleure manière». L’évolution au cours des prochaines années autour de ce dernier axe avec des enjeux considérables aura une grande importance.
D’après une déclaration le 2 avril 2020 du Secrétaire général de l’ONU, António Guterres, nous ne pouvons tout simplement pas revenir là où nous étions avant que Covid-19 ne nous frappe, avec des sociétés inutilement vulnérables aux crises. La sortie de cette crise est l'occasion de s'attaquer à la crise climatique, aux inégalités, à l'exclusion, aux lacunes des systèmes de protection sociale et aux nombreuses autres injustices qui ont été exposées et exacerbées à travers le monde. Il s’agit d’identifier les possibilités d’un changement transformatif vers des sociétés et des économies plus justes, plus égales et plus résistantes. Lors de la Journée internationale Nelson Mandela le 18 juillet 2020, Antonio Guterres a constaté également que le Covid-19 braque les projecteurs sur les inégalités, qui définissent notre temps. Plus de 70% de la population mondiale vit avec des inégalités de revenus et de richesses croissantes. Les 26 personnes les plus riches du monde détiennent autant de richesses que la moitié de la population mondiale.
La réponse socio-économique
Dans le cadre de la réponse compréhensive, le système des Nations Unies regroupant la plupart des agences et institutions actives à travers le monde a élaboré un plan d’actions pour les prochains 12 à 18 mois, visant à soutenir les pays à bas et moyen revenu dans une meilleure reprise sociale et économique.
A cet effet, environ trois milliards de dollars ont été réaffectés dans les multiples programmes en cours dans une centaine de pays environ. Plus d’une centaine de plans de réponse Covid-19 sociaux-économiques ont déjà été finalisés par les équipes de l’ONU dans les pays. Plus de 70 pays ont établi également des plans nationaux Covid-19 sociaux-économiques. Les besoins de fonds des pays sont élevés avec un montant total de 35 milliards de dollars pour lequel il reste un écart de douze milliards à combler.
Au Luxembourg, le gouvernement a maintenu les engagements envers les différents partenaires internationaux dans le domaine de la coopération au développement et de l’action humanitaire en dépit de la chute du revenu national brut en 2020.
De plus, un Fonds Covid-19 de réponse et de reprise a été établi par le Secrétaire général des Nations unies pour collecter et allouer des fonds supplémentaires à différentes agences des Nations unies avec des projets pour une meilleure reprise. A l’instar d’autres pays européens, il serait utile que le Luxembourg puisse apporter également une contribution financière à un tel fonds qui permet d’organiser des actions de soutien efficientes.
Urgence climatique
Les scientifiques de premier plan du Groupe d’experts intergouvernemental des Nations unies sur l’évolution du climat ont déclaré en 2018 que les émissions de gaz à effet de serre devraient être réduites de 45% jusqu’en 2030 pour avoir encore une chance de limiter l’augmentation de la température à 1,5 degrés au cours de ce siècle. En Europe, une réduction plus élevée est nécessaire de l’ordre de 55% au moins.
Le récent rapport «United in Science 2020», coordonné par
La sortie de cette crise est l'occasion de s'attaquer à la crise climatique, aux inégalités, à l'exclusion, aux lacunes des systèmes de protection sociale et aux nombreuses autres injustices.
l’Organisation météorologique mondiale et publié au mois de septembre, établit un nouveau bilan accablant. Il met en évidence les effets croissants et irréversibles du changement climatique, qui touchent les glaciers, l’océan, la nature, les économies et les conditions de vie et se manifestent souvent à travers des aléas hydrologiques tels que les sécheresses ou les inondations. La période 2015/2020 a été la plus chaude jamais enregistrée avec une température globale moyenne de 1,1 degrés au-dessus du niveau pré-industriel. Un autre rapport 2019 a montré qu’il faudrait réduire les émissions mondiales de plus de 7% par an en moyenne pour atteindre l’objectif de 1,5 degrés de l'accord de Paris de 2015 sur le climat. Malgré la diminution des émissions en 2020 à cause de la pandémie, le niveau moyen de CO2 dans l’atmosphère devrait augmenter quand même cette année, mais à un rythme ralenti.
Au Luxembourg, les statistiques confirment ce constat avec une moyenne annuelle des températures en hausse et des précipitations en baisse d’une manière systématique durant les dernières années, ce qui fragilise sérieusement l’environnement naturel. La dégradation des forêts est très nette avec seulement encore 13,4% d’arbres considérés comme sains en 2019. Au sein de la réserve de biosphère Unesco «Pfälzer Wald-Vosges du Nord», qui constitue le plus grand domaine forestier en continue en Allemagne, la couche de terre forestière s’est asséchée jusqu’à une profondeur de presque deux mètres au cours des trois dernières années, laissant craindre pour le futur une augmentation encore plus élevée des arbres à abattre pour cause de dépérissement.
Les effets de la taxe carbone
Le remplacement des énergies fossiles par les énergies renouvelables permet de réduire les émissions. Pour autant, il faut se rendre compte que le développement des énergies renouvelables a pris du retard. D'après les dernières statistiques d’Eurostat, la part des énergies renouvelables dans la consommation finale brute d'énergie en 2018 reste très faible au Luxembourg et dans les pays voisins avec 9% pour le Luxembourg, 10% pour la Belgique, 17% pour la France et pour l’Allemagne. Les pronostics pour 2020 sont de l’ordre de 11% pour le Luxembourg et de 13% pour la Belgique.
Une plus forte proportion de voitures électriques par rapport aux voitures à moteur de combustion ne devrait guère changer une situation, dans laquelle l’insuffisance de la production d’énergie renouvelable devrait perdurer dans un horizon prévisible de 2025 avec le maintien d’un haut niveau d’énergies fossiles et d’émissions correspondantes. L’implémentation d’un nouveau grand centre de données au Luxembourg devrait encore accentuer le clivage entre les besoins réels et la production disponible en énergies renouvelables.
D’après les responsables de l’Organisation de coopération et de développement économique (OCDE), une diminution des émissions doit aller de pair avec un infléchissement de la consommation totale d’énergie par l’application d’une taxe carbone. Pour que celle-ci soit vraiment efficace, un seuil minimal de 30 euros