Les compétences en danger
Comme le népotisme et la couleur politique commencent à prévaloir
Dans une toute récente interview sur les ondes de «RTL», le ministre de la Fonction publique, Monsieur Hansen (dont, à l’instar de ses collègues Kersch et Meisch j’aimerais bien connaître l’état de ses diplômes), a défendu à son tour l’ouverture au tout-venant des postes directeurs de la fonction publique.
Pour souligner ses dires et conforter sa thèse, il a cité qu’à l’heure actuelle déjà, toute une série de ces postes sont ouverts à des candidats qui ne doivent point venir des rangs de la fonction publique. Ceci est effectivement le cas. Mais il faut dire que jusqu’à ce jour l’Etat a rarement fait usage de cette possibilité, et que s’il l’a fait, il a en règle générale choisi des personnages connus pour leur compétence en la matière. Contrairement à cette sage pratique, la coalition actuelle, a introduit, depuis qu’elle est au pouvoir, une politique que, pour être poli, je qualifierai de moins prudente.
Si à l’heure actuelle la CGFP se révolte, c’est qu’elle trouve qu’une récente proposition de nomination est la goutte qui fait déborder un vase bien rempli depuis plusieurs années. Pendant trop longtemps personne n’a osé parler des candidats engagés d’après des critères peu orthodoxes ni des postes qui ne sont même pas mis officiellement en lice.
Or, en l’occurrence, les trois ministres, en défendant leur thèse, s’appuient sur un mauvais exemple de plus, puisqu’il paraît qu’il s’agit d’un candidat dont le profil était nettement découpé de façon à ne convenir qu’à celui-là.
Ainsi, peu à peu, nous suivons l’exemple des Etats-Unis où, avec chaque changement de président, c’est toute l’administration qui est chamboulée, où non seulement les ministres, mais par exemple aussi les ambassadeurs et d’autres hauts fonctionnaires, sont choisis et démis de leurs fonctions «ad nutum praesidenti», c’est-à-dire selon le bon vouloir du président.
En un mot, nous risquons tout simplement de remplacer les diplômes ou les capacités acquises grâce à la pratique, par un système où le népotisme et la couleur politique du candidat sont essentielles et prévalent sur tout le reste.
Raymond Schaack, Luxembourg