Une course à la vaccination
En matière de santé comme dans le domaine de la justice, la Flandre veut plus d’autonomie
La Flandre médiatique s’est fâchée en apprenant que la Wallonie se montrait plus rapide sur le terrain de la vaccination. Le quotidien «Het Nieuwsblad» constate ainsi que le sud du pays «vaccine deux fois plus vite». Un comble dans une Belgique où les stéréotypes vantent une Flandre efficace et dézinguent une Wallonie prétendument paresseuse.
Les données attestent de cette différence. Le journal «De Standaard» avance les chiffres de 6.700 résidents de maisons de repos flamands vaccinés cette semaine contre 400 à Bruxelles et surtout 12.000 en Wallonie. Plusieurs raisons expliquent un tel écart, à commencer par la décision des Wallons de vacciner les pensionnaires des seniories mais aussi, contrairement dans un premier temps aux Flamands, une partie du personnel de ces établissements.
«Notre pays reçoit déjà 87.500 doses de Pfizer et Biontech chaque semaine. Pourquoi ne sont-ils pas tous administrés immédiatement?», s’interroge encore «Het Nieuwsblad». Cette fâcherie est rapidement arrivée sur la table du politique. Souvent malmené lors de cette crise, le ministre flamand du Bien-être Wouter Beke promet à ses concitoyens une accélération de la campagne de vaccination, indiquant via Twitter qu’il n’est plus nécessaire de maintenir un stock de deuxièmes doses pour ceux qui ont déjà eu la première. Il souligne «qu’on pourra donc vacciner plus rapidement les résidents des maisons de repos et le personnel soignant par la même occasion». Le ministre fédéral de la Santé Frank Vandenbroucke annonce lui aussi une accélération. Un plan ajusté sera présenté aujourd'hui au parlement pour tenter de réduire l’écart qui sépare la Belgique d’autres Etats quant à la vitesse de vaccination, comme Israël, l’Allemagne ou le Danemark.
Changement de cap
Ce changement de cap en suit un autre puisque, sous la pression du secteur de la Santé, la priorité sera donnée au personnel soignant dans l’ordre de vaccination, cette fois à l'échelon national, juste après les pensionnaires des maisons de repos.
Cette valse-hésitation alimente un sentiment de cacophonie qui renvoie le pays au printemps dernier, lorsque les Belges cherchaient à savoir auprès de leurs autorités si le port du masque pouvait les protéger ou non du virus. De quoi encourager tous ceux qui pensent que le pays serait mieux géré depuis les Régions, le fédéral étant suspect de manquer d’efficacité.
Dernier épisode en date: la ministre flamande de la Justice et nationaliste Zuhal Demir (N-VA) veut créer une agence flamande de la justice. En dépit des réformes de l’Etat successives, cette mission régalienne reste en Belgique une affaire essentiellement fédérale. Les Régions n’ont hérité pour l’heure que de quelques compétences comme l'aide aux victimes, les sanctions en matière d'emploi et les bracelets électroniques.
Dans la droite ligne de Bart De Wever, le président de la N-VA, Zuhal Demir parie sur une nouvelle réforme de l'Etat après 2024 qui donnerait de nouvelles compétences aux entités fédérées. 2024 est l’année où les prochaines élections législatives seront organisées, moment où la N-VA espère revenir au pouvoir et négocier le passage au confédéralisme avec les régionalistes wallons. Du moins, Bart De Wever semble vouloir y croire.
En attendant, la Flandre veut se doter de sa propre agence de la justice. Celle-ci permettra sur le papier d'améliorer l'efficacité du service rendu aux justiciables, notamment le soutien aux victimes de violence intrafamiliale, un thème bien présent dans l’actualité.