Luxemburger Wort

«Annus horribilis»

«Dead to 2020»: un autre regard sur une actualité mouvementé­e

- Par Thierry Hick

George Floyd, Donald Trump, le Brexit et la Covid 19 ont tous un point commun: ils ont marqué d’une croix brûlée une année que finalement personne ne regrettera et que tout le monde espère envoyer aux oubliettes au plus vite. 2020, une «annus horribilis» qui mérite amplement son nom est aussi le sujet du documentai­re méconnus, qui chacun donne à leur personnage corps et âme. Une porte-parole officieuse de la Maison Blanche peu portée par la vérité, une mère de famille un brin raciste, une citoyenne moyenne sans réelle ambition, un scientifiq­ue heureux de son job, une psychothér­apeute certaine de sa science... tous passent en revue l’année 2020.

Images réelles et commentair­es hors cadres

Les images, déjà d’archives, sont quant à elles bien réelles, les commentair­es par contre sont régulièrem­ent farfelus, déjantés et hors cadre. Les règles de jeu de l’interview sont biseautées par des injonction­s inattendue­s et teintées d’un humour sournois et de bon aloi.

«Kamala Harris est semblable à Trump: elle est une personne de couleur à atteindre les plus hautes sphères de l’Etat», «le débat entre Trump et Biden est comparable à une battle rap dans une maison de retraite mené par un duel de pigeons»: deux exemples choisis pour montrer qu’ici, les franches rigolades, les vannes faciles chères aux talk-shows américains ne sont pas à leur place. Les pointes sont moins «tarte à la crème», plus fines et plus pointues. Les interviewé­s-acteurs jouent à fond le jeu.

Alors que 2020 commençait dans la joie et l’allégresse habituelle­s, les choses se gâtent rapidement et dérapent. La suite est hélas connue.

Les sujets abordés dans «Dead to 2020» se concentren­t sur l’actualité américaine et britanniqu­e. L’affaire George Floyd et l’élection du futur président aliment les débats. Tourné fin novembre 2020 à Londres et Los Angeles en seulement dix jours, le documentai­re n’a pas eu l’occasion de suivre longtemps les faits et gestes du président déchu. Dommage, car les tout récents événements du Capitol de Washington n’auraient pas manqué d’intérêt.

Les chapitres consacrés au Brexit mettent en scène un Boris Johnson déterminé et une Queen désabusée par les événements. Quant à la Covid 19,«Dead 2020» n’apporte pas de connaissan­ces nouvelles – ce n’est pas son but – mais autorise quelques pensées métaphoriq­ues.

Charlie Brooker ne dévoile pas de nouvelles vérités. Et pourtant, ses propos sont une bouée d’oxygène bienvenue en cette période anxiogène. Espérons que 2021 ne lui donne pas matière à refaire le même exercice d’ici peu.

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Photo: Netflix Même la Queen (Tracey Ullman) n'en croit pas ses yeux.

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