Luxemburger Wort

Pour 5,9 milliards de plus

La relance économique belgique dépend d'accords qu'il reste à trouver

- Par Max Helleff (Bruxelles)

La Commission européenne a relevé de 15 % l’enveloppe prévue pour le plan de relance belge, fixant à 5,9 milliards d’euros la somme qui pourra être investie dans l’économie du plat pays.

Mais il reste à partager cette manne. Ces dernières semaines, Flamands et francophon­es ont tour à tour fait assaut de données chiffrées. L’Etat fédéral et les entités fédérées ont énoncé les projets qu’ils voudraient voir ainsi financés. Dont coût: 24 milliards d’euros. La Flandre, soit la partie la plus peuplée du pays et la plus performant­e sur le plan économique, les estime pour sa part à 4,3 milliards d'euros. Pour la Wallonie, qui ne compte pas être en reste, c'est 9 milliards d'euros ....

Les enchères sont ainsi lancées. Si 20 à 30 % de la somme européenne attendue ira au fédéral, il faut maintenant que Régions et Communauté­s trouvent un accord afin de bénéficier au plus vite des montants attendus. Des négociatio­ns mettant en présence les différents niveaux de pouvoir sont en cours. Une fois un compromis sur la clé de répartitio­n trouvé, les projets à financer devront être rapidement cernés et les investisse­ments réalisés d’ici la fin 2026.

Wouter De Geest, le patron des patrons flamands (Voka), met en garde contre les égoïsmes. «C’est un projet belge», déclare-t-il au ‘Soir’. «Aux yeux de l’Europe, la Flandre, la Wallonie et Bruxelles n’existent pas». En connaisseu­r des tensions politiques, il prévient : «Si l’on ne travaille pas de cette façon, nous allons nous enliser dans des négociatio­ns qui ne vont mener à rien.»

La crise sanitaire a fragilisé des pans entiers de l’économie belge. Le chômage temporaire a augmenté de 43,7 % en novembre dernier à la suite du deuxième confinemen­t, en comparaiso­n avec le mois d'octobre, indique ainsi l'Office national de l'Emploi (Onem). Le nombre de travailleu­rs en chômage temporaire a atteint 525.783 unités.

Chaque mois de crise sanitaire supplément­aire coûte des centaines de millions d’euros à l’Etat, en indemnités et en droit passerelle – le mécanisme qui permet aux indépendan­ts d’accéder à l’aide au chômage.

Reconstrui­re la Belgique en mieux Pour Thomas Dermine, le secrétaire d’Etat en charge de la relance, un tel tableau doit pousser à l’espoir plutôt qu’au pessimisme. Le socialiste francophon­e veut «reconstrui­re la Belgique en mieux» et investir dans les écoles, les lignes de chemin de fer, le numérique. La 5G a le vent en poupe. Autant de secteurs qui pourraient être dopés par une politique budgétaire échappant– théoriquem­ent – aux diktats de la rigueur.

La crise sanitaire a fragilisé des pans entiers de l’économie belge.

L’argent européen, toutefois, ne suffira pas. La Belgique est une économie ouverte et compte bénéficier des efforts placés dans la relance par ses grands voisins, l’Allemagne et la France. Pour cela, insistent ses dirigeants, elle doit rester un pays attractif et compétitif, d’où la nécessité de garder des salaires concurrent­iels sur le plan internatio­nal et d’améliorer les infrastruc­tures existantes. Une nouvelle révision de l’impôt sur les sociétés n’est pas à l’ordre du jour.

Une autre idée est de mobiliser l’épargne qui s’est accumulée depuis le début de la pandémie. Cette tirelire a gonflé de 22 milliards d’euros supplément­aires en neuf mois. Si la crise sanitaire frappe les uns durement, elle freine dans leurs dépenses ceux qui ont eu la chance de conserver leur emploi. Cet argent pourrait être investi dans des projets liés à la transition. A condition de trouver les bons mots pour que le Belge accepte de délier sa bourse. La confiance sera ici un élément essentiel.

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Photo: AFP Le début des soldes d'hiver attire un grand nombre de personnes dans les rues de Bruxelles.

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