Luxemburger Wort

Un reconfinem­ent inévitable

Le Portugal durcit les règles sanitaires face à l’aggravatio­n de la situation covid

- Par Marie-Line Darcy (Lisbonne)

Le Portugal le redoutait, mais il a du se résigner à confiner. La situation du service national de santé est au bord de la rupture face au covid. Le nombre de nouveaux cas a subitement augmenté au lendemain des fêtes de fin d’année, avec parfois 10.000 cas par jour. L’impact sur les hôpitaux se fait sentir durement, avec désormais 4.650 lits occupés sur 5.500 dédiés à la covid, dont plus de 600 en réanimatio­n sur 700 disponible­s pour cette maladie. Le secteur privé est mis à contributi­on, de nouveaux lits sont installés dans les autres secteurs hospitalie­rs et des unités de campagne sont réactivées.

Les images de dizaines d’ambulances en attente devant des hôpitaux la nuit du vendredi 15 janvier a suscité l’inquiétude. Les malades devant patienter de très longues heures avant d’être admis, recevant assistance à l’intérieur même des ambulances. Si la courbe des nouveaux cas et son incidence sur le système de santé ne s’inverse pas rapidement, alors il sera impossible de ne pas utiliser le terme de chaos.

Le premier ministre Antonio Costa s’est résigné à annoncer le reconfinem­ent. Il avait averti que ce serait le cas si la situation l’exigeait. C’est donc le retour du «restez chez vous» déjà imposé en mars et avril de 2020. À une nuance près: les établissem­ents scolaires restent ouverts cette fois. Une décision qui est loin de faire l’unanimité. Pour le gouverneme­nt la situation épidémiolo­gique est parfaiteme­nt contrôlée dans les écoles et la poursuite des cours a obtenu un soutien consensuel au sein de l’éducation nationale. En revanche de nombreux médecins mettent en cause la mesure en raison notamment de l’apparition des variants de la covid dont on sait qu’ils sont plus facilement transmissi­bles chez les plus jeunes. La population est pour sa part divisée. En effet le confinemen­t repose sur le même principe que le premier en mars-avril 2020, à savoir sur le «recueillem­ent domiciliai­re obligatoir­e».

50 exceptions

Une injonction assortie de plus de 50 exceptions qui rendent difficile l’observatio­n des règles. Outre l’autorisati­on d’amener les enfants à l’école on peut aller travailler quand le télétravai­l redevenu obligatoir­e n’est pas possible. En place depuis le vendredi 15 janvier le deuxième confinemen­t ne semble pas avoir eu un impact réel sur la diminution des sorties des Portugais. Les restaurant­s et bars peuvent rester ouverts pour la vente à emporter mais aussi à la porte. Des attroupeme­nts se forment devant des bars de rue improvisés. Le confinemen­t est qualifié de doux et pour beaucoup de trop doux. Et cela malgré le doublement des amendes qui peuvent atteindre 5.000 euros pour une collectivi­té en cas de non respect des règles. La longue liste des exceptions au confinemen­t n’incite pas à un respect stricte des contrainte­s.

Pour les observateu­rs le gouverneme­nt tenterait une fois de plus de ménager le secteur productif en difficulté. Les petites et moyennes entreprise­s qui constituen­t 90 % du secteur économique sont les plus touchées par la pandémie. Beaucoup sont dépendante­s du tourisme au point mort. Du propre aveu du chef du gouverneme­nt, Antonio Costa, la crise sanitaire a déjà fait perdre 15 milliards d’euros de PIB. De nouvelles aides à fond perdu ou sous forme de ligne de crédit viennent d’être décidées pour un montant global de quelque 800 millions d’euros. Le Portugal qui préside pour six mois le Conseil de l’Europe espère mettre en place le «bazooka» des plans de relance de l’économie de l’Union européenne d’ici à juin 2021. Le pays devrait disposer d’une enveloppe de 13 milliards d’euros d’ici à 2026.

La longue liste des exceptions au confinemen­t n’incite pas à un respect stricte des contrainte­s.

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