Wiessel mol d’Scheif
Fort de ce constat, l’ensemble Willingdon House Music s’est rapidement formé. Le clarinettiste Max Mausen, sa compagne la flûtiste Flavia Hirte, la violoniste et altiste Ellen Bundy et Nicola Barbagli, hautbois, cor anglais et accordéon, se sont mis au travail. Après quelques brèves journées de répétitions, le quatuor de confinés se lance dans son aventure inédite et présente son premier concert Facebook. Le tout est enregistré dans le salon de leur colocation. «Après le premier concert, on nous a fait remarquer qu’il fallait quand même ranger notre appartement», s’amuse aujourd’hui encore Flavia Hirte.
Les spectateurs virtuels y prenant de plus en plus goût, les musiciens décident d’augmenter la cadence de leurs rendez-vous pour rapidement passer à deux ou trois live-streams par semaine. «Pour nous, ce fut une expérience nouvelle, car avant on avait tous notre travail, nos projets, on n’avait pas eu l’occasion de nous retrouver ensemble. Ce fut une réelle découverte», selon la flûtiste.
«On a tout de même été obligés d’improviser puisqu’on n’avait à notre disposition qu’un Ipad et un micro. Entre bricolage et réglages last-minute on a quand même réussi à mettre en place les choses», commente Max Mausen.
Après ces «boeufs» de l’urgence – «pour moi il s’agit d’instantanés qui vont laisser une trace pour l’avenir», stipule le clarinettiste – l’ensemble Willingdon House Music a fait un crochet par le Baroquestock Festival au Nord de Londres. Non pas pour monter sur scène, mais davantage pour profiter de l’acoustique de la Heath Street Baptist Church et y enregistrer l’album «Pandemonium».
«Cette fois-ci nous avons pu travailler dans des conditions réellement professionnelles», glisse Max Mausen.
Originalité du projet: alors que l’enregistrement final de l’album judicieusement nommé «Pandemomium» et qui comportera dix titres – il sera prêt pour le tout début du mois de février – , le combo a consolé ses fans en leur proposant il y a quelques semaines déjà le téléchargement de huit premières pièces interprétées lors de leurs concerts confinés.
Dès le début du projet, les quatre musiciens ont opté pour un mélange inédit des genres, des styles et des époques. A un premier volet purement classique – s’étendant tout de même de l’époque baroque à Bela Bartok! – est venu se greffer une partie nettement plus folklorique. «Nicola est très branché musique folklorique», explique Flavia Hirte, «c’est lui qui a choisi les pièces et les a adaptés à notre formation». Le folklore embrassé par le quatuor se compose de chansons souvent centenaires et originaires de nombreux pays.
Différences de tempérament
Contrairement à Flavia Hirte ou encore Elen Bundy, très au faîte de l’instrumentation historique et baroque, le clarinettiste Max Mausen a dû s’adapter. Alternant d’habitude entre répertoires symphoniques classiques ou contemporains, le musicien luxembourgeois a vécu «une expérience inédite et
La violoniste et altiste Ellen Bundy, le clarinettiste Max Mausen, la flûtiste Flavia Hirte, et Nicola Barbagli, hautbois, cor anglais et accordéon (de g. à d.), ont découvert une nouvelle forme de cohabitation.
Nos projets ont été stoppés du jour au lendemain. On a cherché de quoi nous occuper et nous avons eu l'idée de faire de la musique ensemble. Max Mausen, clarinettiste
intéressante» rythmée par des transpositions souvent inattendues. Histoire d’adapter sa clarinette tempérée à 440 hz aux 415 hz de ses collègues.
En 2014 Max Mausen fait ses débuts avec le Malta Philharmonic Orchestra. A cette époque il enregistre un premier album, «New Waves». Ensuite, il s’est installé à Londres, non sans avoir coupé les liens musicaux avec le GrandDuché. Il a à intervalles réguliers rejoint les rangs de l’Orchestre philharmonique du Luxembourg ou de l’ensemble de musique contemporaine Lucilin. Installé dans la capitale britannique, il est par ailleurs régulièrement «guest performer» du BBC Concert Orchetra, dirigé entres autres par un certain Bramwell Tovey, directeur musical de l’OPL de 2002 à 2006.
Entre-temps Max Mausen, 30 ans, et Flavia Hirte, 31 ans, sont venus, non sans hésitation, s’installer au Luxembourg et vivent à Pétange, chez les parents du clarinettiste. Les deux musiciens enseignent actuellement au Conservatoire
de Luxembourg. «Etre musicien free-lance est certes une garantie de liberté, mais comporte aussi une part de risque. Avoir une source de revenus, un job fixe n’est pas négligeable», avoue Max Mausen.
Même si son avenir financier n’est pas directement menacé, le couple est lui-aussi à l’arrêt forcé depuis tant de semaines. «Tous mes concerts, mes projets sont annulés. Je suis sans travail», déplore Flavia Hirte. Max Mausen espère lui toujours pouvoir retrouver ses amis de Lucilin pour un concert le 30 janvier dans le cadre de l’exposition «L’homme Gris» au Casino Luxembourg.
Max Mausen et Flavia Hirte ne perdent pas espoir de retrouver un jour Ellen Bundy et Nicola Barbagli pour la poursuite de leur aventure de confinés. «Un brève tournée n’est pas tout à fait exclue», glisse le clarinettiste.
L’album «Pandemomium» est disponible sur www.bandcamp.com. www.facebook.com/ willingdonhousemusic