Luxemburger Wort

La deuxième mort des survivants

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Ostende est à l’arrêt. Rien n’y bouge, ce «petit Paris» reste figé. L’écrivain Jean-Philipe Toussaint a choisi cette ville du littoral belge chantée par Arno et Brel pour donner à sa petite, mais poignante histoire «La Disparitio­n du paysage» un faux air de «Mort à Venise». Le narrateur est un romancier en convalesce­nce qui habite un appartemen­t au sixième étage d’un immeuble situé dans une rue adjacente à la digue et face au casino. Cloué à son fauteuil roulant depuis un accident dont il a perdu tout souvenir, il essaye de s’échapper de sa prison par ce qu’il voit au loin. Son regard se porte sur un bord de mer, une plage profonde où en ces longs mois d’hiver défilent promeneurs et chiens. Lorsque la brume et le brouillard ou bien encore les fines gouttelett­es de pluie sur sa fenêtre lui empêchent cette fuite, alors il se laisse emporter par l’imaginaire et son esprit prend le large vers d’autres horizons dans le sillage des mouettes portées par les vents marins. Et puis, peu à peu tout disparaît ... Jean-Philippe Toussaint a trouvé les mots justes pour décrire par cette histoire un sujet difficile, cette deuxième mort, lente et douloureus­e, qui emporte ceux dont on dit «qu’ils ont survécu». Dans ce texte, le lecteur peut découvrir plein de choses, l’histoire fait même penser – et non seulement par le lieu commun – à «Ostende 1936» de Stefan Zweig. L’auteur autrichien y décrit une fête d’adieu de la culture européenne à la veille de la guerre. Notons que «La Disparitio­n du paysage» sera porté sur scène par l’acteur Denis Podalydès à partir du 30 mars au Théâtre National du Luxembourg. mt

Jean-Philippe Toussaint:

«La Disparitio­n du paysage», Les Éditions de Minuit, 46 pages,

6,80 euros

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