Un «reset» pour la stratégie vaccinale belge
Pour rattraper le temps perdu, la campagne de vaccination est revue en élargissant le recours à Astrazeneca
Pas un jour qui ne passe sans que la campagne de vaccination ne trébuche sur un problème ou l’autre. Mardi, la plateforme fédérale Doclr a connu de nouveaux ratés. Le système informatique était une fois encore en panne, rendant impossible l’encodage des personnes qui se présentent pour être vaccinées et la prise de rendez-vous pour l'injection de la seconde dose Pfizer. Mercredi, ce sont au contraire des files de plusieurs heures qui se allongées devant le grand centre de vaccination du Heysel à Bruxelles.
Pour arracher le pays au plancher de la vaccination, le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke a proposé un «reset» de la campagne. Mercredi, les différents responsables issus des entités fédérées et le socialiste flamand Vandenbroucke se sont donc retrouvés pour une réunion stratégique. Il y a été décidé notamment que le vaccin Astrazeneca pourrait être administré aux plus de 55 ans, suivant ainsi l’avis du Conseil supérieur de la santé qui, sur la base de données anglaises et écossaises, estime qu'il peut être utilisé sur toutes les personnes âgées de plus de 18 ans, «sans limite d'âge supérieure». Par ailleurs, il n'y aura pas de report dans l'administration de la seconde dose Pfizer.
A cette heure, à peine 4 % de la population belge ont reçu une dose de vaccin Pfizer et seulement 2 % ont été entièrement vaccinés. Dès avant la réunion stratégique de ce mercredi, le ministre-président wallon Elio Di Rupo affirmait pourtant que «la logistique est prête». Et «s’il y a eu quelques ratés au démarrage, il faut accepter ces petites difficultés. Dans une organisation aussi gigantesque, tout ne peut pas être parfait du premier coup», déclarait-il. Les vaccins Astrazeneca et Johnson & Johnson – lequel devrait être approuvé par l’agence européenne du médicament à la mi-mars – devraient selon Elio Di Rupo donner une «marge de manoeuvre plus grande pour déconfiner». Le gouvernement fédéral d'Alexander De
Croo est talonné par l’opposition. «Il faut faire les choses de manière plus rapide et plus efficace, c’est clairement possible.
Il faut basculer à une vaccination sept jours sur sept, faire des séances de rattrapage, pour vacciner dès maintenant les personnes âgées de plus de 65 ans hors des maisons de repos», a plaidé l’humaniste Catherine Fonck sur la chaîne publique RTBF. L’écolo Alain Maron propose pour sa part de cibler les invitations uniquement en fonction de l’âge et d’abandonner le système de priorités pour les moins de 65 avec comorbidités.
Car il est question que la vaccination puisse à l’avenir prendre en charge prioritairement les personnes souffrant de comorbidité, identifiées et renseignées par les médecins généralistes. Ce point fait débat car «non déontologique», selon les adversaires de la mesure. Ces traitements massifs de données doivent encore être scellés dans un accord de coopération qui autorisera les différents niveaux de pouvoir à se les échanger. Sauf que, précise «'Le Soir», «ce texte a fait l’objet d’un avis au vitriol tant du Conseil d’Etat que de l’Autorité de protection de données. En cause: l’opacité de cette base de données et son illégalité au regard du Règlement général de protection des données européen.»
A cette heure, à peine 4 % de la population belge ont reçu une dose de vaccin Pfizer et seulement 2 % ont été entièrement vaccinés.
Des questions de déontologie
Pour le professeur de déontologie (ULiège) Philippe Boxho cité par le quotidien, ce qui se passe pour l’instant tient de «l’horreur». «On invoque l’extrême urgence pour valider le système, mais alors cela veut dire que, dans d’autres situations, on pourra faire exactement pareil. Cela signifie que le secret médical n’est plus protégé.»