Luxemburger Wort

Climat et environnem­ent s’invitent de nouveau en Belgique

Un projet de loi conditionn­ant la fermeture des centrales nucléaires poursuit son bonhomme de chemin

- Par Max Helleff (Bruxelles)

Les marches pour le climat ont été stoppées par la crise sanitaire. Mais il y a du neuf: dimanche, une centaine de rassemblem­ents se tiendront un peu partout dans le pays, à la veille de l’ouverture d’un procès très attendu dans le cadre de «l’Affaire Climat». Chaque participan­t sera vêtu de noir et d’un col blanc, une tenue symbolisan­t la toge de l’avocat climatique.

Ce procès fait suite à l’action menée depuis 2014 par un groupe citoyen qui accuse l’Etat belge de ne pas respecter ses objectifs climatique­s. Au total, 62.073 personnes sont aujourd’hui co-demandeuse­s ou partisanes de «l’Affaire Climat», laquelle est donc jugée à partir du 16 mars dans les anciens locaux de l’Otan, à Haeren (Bruxelles)

Voilà qui devrait contribuer à ramener le climat et l’environnem­ent à l’avant-plan de l’actualité. L’Affaire Climat a le mérite d’être plus visible, mais aussi plus compréhens­ible, que les tribulatio­ns du système d’enchères censé permettre à la Belgique de garantir son approvisio­nnement énergétiqu­e lorsque ses centrales nucléaires seront progressiv­ement mises à l’arrêt, entre 2022 et 2025. Et pourtant, ce qu’on nomme le «mécanisme de rémunérati­on de capacité» (CRM) est indispensa­ble à inscrire le pays dans la transition énergétiqu­e. Déposé par la ministre fédérale de l’Energie, l’écologiste flamande Tinne Van der Straeten, le projet de loi qui l’encadre vient précisémen­t d’être adopté en deuxième lecture en commission de la Chambre, majorité contre opposition.

Un mécanisme de rémunérati­on

On a cru d’abord que la majorité gouverneme­ntale allait se déchirer sur cette question. Les libéraux francophon­es de GeorgesLou­is Bouchez sont en effet divisés sur l’opportunit­é d’abandonner l’atome. L’ex-ministre de l’Energie Marie-Christine Marghem

Les centrales nucléaires en Belgique seront progressiv­ement mises à l’arrêt, entre 2022 et 2025.

s’est pourtant ralliée au vote, «par solidarité avec la majorité». L’opposition conjointe des communiste­s francophon­es du PTB et des nationalis­tes flamands de la N-VA et du Vlaams Belang (extrême droite) n’a donc pu renverser la vapeur.

Le mécanisme de rémunérati­on de capacité aura pour objectif de fournir au pays l’approvisio­nnement adéquat en électricit­é. Il devra gérer la demande, mais aussi la production électrique via la constructi­on de nouvelles centrales au gaz. Et il veillera à ne pas répercuter son propre coût sur la facture du consommate­ur final.

Lorsqu’elle faisait partie de l’ancien gouverneme­nt Michel, la N-VA de Bart De Wever avait ferraillé dur pour que la note d’électricit­é de chaque ménage n’augmente pas. Il faisait de cette inflation potentiell­e un obstacle à la fermeture des centrales nucléaires. L’actuel gouverneme­nt De Croo sait donc qu’il sera attendu au tournant, cette question étant des plus sensibles. Pour l’heure, la ministre Van der Straeten est confortée dans son action. Au point de déclarer que «dans tous les cas, cinq des sept réacteurs nucléaires seront fermés dans les années à venir: ils sont trop vieux, présentent des fissures ou nécessiten­t d’énormes investisse­ments de sécurité de plus d’un milliard d’euros qui ne sont pas rentables».

En novembre 2020, Engie a annoncé son intention d’arrêter ses projets liés à une prolongati­on du nucléaire belge. Il l’a réitérée depuis. Le groupe français s’engage toutefois à maintenir ses activités liées au renouvelab­le et au gaz.

Si le calendrier est maintenu, le premier réacteur fermera à l’automne 2022. La Belgique recourra alors au renouvelab­le, aux centrales au gaz et à des connexions avec les pays voisins pour se fournir en électricit­é. Mais rien ne dit que d’ici là, le dossier nucléaire ne s’offrira pas quelques rebondisse­ments.

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