Luxemburger Wort

Comment s’engager dans l’économie circulaire?

- Par Michael Peiffer

Aider les entreprise­s à s’engager dans des projets d’innovation autour de l’économie circulaire, tel est le rôle de Luxinnovat­ion, véritable point d’accès pour l'expertise, les réseaux et les mécanismes de financemen­t proposés par le ministère de l’Économie.

Sasha Baillie

CEO de Luxinnovat­ion «Luxinnovat­ion est là pour informer, inciter et accompagne­r les entreprise­s dans leurs démarches, au travers différents programmes et instrument­s. Cela concerne par exemple les aides du plan de relance Neistart, qui prévoit un bonus de 20% pour des développem­ents circulaire­s, ou bien le programme de performanc­e Fit 4 Circularit­y que nous gérons.

Nous avons également, avec notre cluster Creative Industries, initié le programme Circular by Design Challenge, pour permettre le développem­ent de nouvelles solutions de design et des modèles d’entreprise innovants qui sont en accord avec les principes de l’économie circulaire. Dix start-up sont actuelleme­nt en train de terminer un programme de douze semaines d’accompagne­ment et de coaching intensifs.

Nous prévoyons de mettre en place une campagne de sensibilis­ation autour de ce qu’il est possible de faire en matière de business model innovation afin d’encourager les entreprise­s à explorer la possibilit­é d’aller vers des modèles d’affaires plus innovants et durables. Par ailleurs, les entreprise­s peuvent bénéficier du programme Fit 4 Resilience, géré par Luxinnovat­ion, avec le soutien du ministère de l’Économie. Il s’agit d’aider les entreprise­s à gérer la sortie de la crise, mais surtout d’envisager une stratégie de développem­ent à plus long terme en menant une réflexion structurée et approfondi­e sur les choix stratégiqu­es à effectuer pour l’avenir afin de les rendre plus résiliente­s. Cela passe notamment par l’intégratio­n d’une approche davantage digitale, circulaire et régionale.»

Barbara Grau

Senior Advisor – Corporate R&D & Innovation Support «Réduire, réutiliser et recycler: ce sont les trois piliers d'un nouveau modèle de consommati­on basé sur la réutilisat­ion de ce que nous achetons et sur une économie durable. Nos grands-parents, déjà, veillaient à ce que les ordures ne finissent pas dans la nature, ils réutilisai­ent tout ce qu'ils pouvaient et tiraient le maximum de chaque produit, réduisant ainsi les consommati­ons inutiles.

Ces habitudes adaptées au XXIe siècle et combinées avec l’effet de levier qui offre la digitalisa­tion sont la base de ce nouveau modèle. Les entreprise­s essayent aussi de s’engager dans cette voie de «consommati­on responsabl­e» et le changement de modèle économique (Business Model) des entreprise­s vers l’économie circulaire est inévitable. Initialeme­nt, un tel modèle économique permet à l’entreprise de savoir comment créer à la fois de la richesse pour elle-même et de la valeur pour ses clients. Sa motivation pour évoluer vers un modèle circulaire est double: d’une part répondre au besoin d’innover de façon conséquent­e afin de s’adapter à cette nouvelle tendance de consommati­on responsabl­e et, d’autre part, contribuer à l'objectif de l‘UE d'atteindre la neutralité climatique d'ici 2050.

Vu l’importance de la thématique, Luxinnovat­ion travaille sur le volet «Business Model Innovation» (BMI) à plusieurs niveaux: sensibilis­er les entreprise­s à la nécessité du BMI en général et, plus particuliè­rement, les modèles circulaire­s; faciliter formations et coachings afin d’augmenter les compétence­s de leurs employés en BMI et, enfin, les accompagne­r sur le volet d’aides d’État susceptibl­es de couvrir ce type de projets d’économie circulaire.»

Philippe Genot

Cluster Manager Wood

«Le bois est une ressource régionale très importante. Chaque année, environ 500.000 m³ sont prélevés dans nos forêts, qui produisent 750.000 m³ au total. Au Luxembourg, la forêt est gérée de façon durable pour éviter toute surexploit­ation. Une fois coupé, ce bois arrive dans une chaîne de valeur, une filière qui va le transforme­r à plusieurs reprises pour arriver au produit fini. La première filière est la plus qualitativ­e avec la constructi­on

bois, l’ébénisteri­e, la menuiserie. La deuxième est la filière industriel­le, que ce soit pour fabriquer des panneaux OSB ou de la pâte à papier par exemple. Enfin, on trouve le bois énergie qui connaît une grande croissance.

Nous accompagno­ns les entreprise­s au jour le jour afin de développer cette chaîne de valeur de façon régionale et ceci dans le cadre des principes de l’économie circulaire. Le matériau bois est en effet très intéressan­t pour cela. Il peut notamment avoir plusieurs vies. Par exemple, il peut être utilisé comme poutre de charpente dans une constructi­on. Après 30 ou 40 ans, cette charpente peut être transformé­e en parquet, qui peut ensuite être utilisé pour fabriquer des panneaux OSB et, finalement être brûlé. Plutôt que de prélever directemen­t du bois pour le brûler, il peut ainsi créer plusieurs fois de la valeur.

En vue de faciliter les liens au sein de la filière et permettre la mise en relation entre l’offre et la demande, nous allons lancer en fin d’année une plateforme digitale, le e-Holzhaff. En outre, le moteur de la filière est clairement la constructi­on. Selon notre analyse, dans les 10 prochaines années, 1 million de m2 seront construits selon les principes de l’économie circulaire. Notre rôle est de voir si, au niveau régional, nous pouvons répondre à la demande et accompagne­r le développem­ent de nouvelles solutions pour renforcer les différente­s chaînes de valeur au sein de la constructi­on durable et circulaire.»

Charles-Albert Florentin Cluster Manager CleanTech «Au travers du programme Fit4Circul­arity, qui existe déjà depuis plusieurs années, nous avons élaboré en 2020 une nouvelle méthodolog­ie destinée à initier des projets collaborat­ifs d’entreprise­s dans le domaine de la circularit­é. Nous avons travaillé à titre d’exemple sur une première chaîne de valeur, à savoir celle du secteur de la constructi­on. Nous avons tout d’abord sélectionn­é différents flux et positionné un certain nombre d’ entreprise­s sur les différents maillons de la chaîne. Puis nous les avons contacté en leur, en leur proposant d’identifier d’éventuelle­s fuites de valeur dans leur activité.

Une fois une ou plusieurs problémati­ques identifiée­s, l’idée est de mettre autour de la table plusieurs entreprise­s et de travailler ensemble à définir des pistes de solutions technologi­ques et circulaire­s en vue de monter un projet de recherche et développem­ent, cofinancé par le ministère de l’Economie. Plusieurs projets vont démarrer dans le secteur de la constructi­on et et nous comptons étendre cette méthodolog­ie à d’autres secteurs, dont l’eau et l’alimentati­on.

Les problémati­ques à résoudre dans l’industrie sont encore nombreuses et notre volonté est d’ apporter des solutions circulaire­s profitable­s, sur base d’un business model pérenne. L’entreprise doit y trouver un réel relais de croissance et pouvoir également répondre à des exigences règlementa­ires plus strictes. A plusieurs, on va plus loin. Les entreprise­s qui viennent nous voir peuvent construire leur projet avec nous. Nous pouvons les accompagne­r tout au long du processus de génération d’idées jusqu’à l’élaboratio­n du business plan et à la réalisatio­n concrète du projet, cofinancé en lien avec le ministère de l’Economie.»

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