Un chemin de croix ferroviaire vers la Côte belge
Les places dans les trains seront comptées à partir du 3 avril, rendant particulièrement compliqué le tourisme d’un jour
A Pâques, se rendre à la Côte belge en transports en commun tiendra du chemin de croix. Et sur place, il faudra continuer à faire carême. Le 19 mars dernier, les autorités belges ont décidé qu'à partir du 3 avril les passagers de plus de douze ans empruntant les transports en commun à destination des «lieux d’affluence touristiques» ne pourront occuper que les sièges côté fenêtre, en dehors des périodes scolaires. Les enfants ne sont pas concernés par la mesure.
Cette décision a été prise sous la pression des bourgmestres des communes balnéaires qui ne savent plus comment gérer les dizaines de milliers de touristes d’un jour les week-ends de beau temps. Des touristes qui ne rapportent rien, sinon d’éventuels ennuis, puisque tout l’horeca est fermé.
Le Premier ministre Alexander De Croo n’a pas pour autant voulu décourager les voyages intérieurs, affirmant que le train est «un excellent moyen pour découvrir différents endroits de notre pays pour celles et ceux qui veulent se promener et ont besoin de prendre l’air, ce qui est excellent pour notre bien-être physique et mental». C’était début mars. A l’époque, le libéral vantait les mérites de son «plan plein air» censé donner un bol d’oxygène aux Belges. Depuis, ledit plan a été (momentanément?) enterré.
Des cafés et restaurants fermés
La situation pourrait toutefois évoluer. Après un long bras de fer avec la SNCB, le gouverneur de Flandre occidentale Carl Decaluwé et plusieurs bourgmestres de la Côte seraient sur le point d’obtenir de la compagnie des chemins de fer l’engagement de communiquer plus clairement sur sa capacité de transport et de garantir suffisamment de trains pour ramener les touristes chez eux. Mais la «règle de la place près de la fenêtre» devrait être maintenue. On peut donc présumer que la SNCB augmentera ses cadences durant les vacances de Pâques pour que personne ne reste à quai.
Précisons tout de même que la ministre flamande du Tourisme, Zuhal Demir (N-VA), a fait précédemment savoir qu’elle ne veut pas de trains supplémentaires vers la Côte belge. «Si les terrasses ne sont pas ouvertes, on ne peut aller nulle part aux toilettes», a-t-elle plaidé.
Si malgré tout vous décidez de vous rendre à la Côte, que faire sinon des châteaux de sable? Les cafés et les restaurants sont en effet fermés jusqu’au 1er mai au moins. Et la situation pandémique que connaît en ce moment la Belgique, faite d’une forte augmentation des contaminations et d’un doublement des entrées en soins intensifs, risque de pousser les autorités à un report de cette échéance.
Tous les édiles de la Côte ne se rangent pas au côté du gouvernement, loin s’en faut. Jean-Marie De Decker, le truculent bourgmestre de Middelkerke, avait annoncé au début de ce mois son intention de laisser les cafés et restaurants de sa commune installer leurs terrasses, et même d'autoriser la réinstallation des bars de plage. Cette sortie n’est pas passée inaperçue, même en Wallonie, où plusieurs bourgmestres de communes touristiques ont été tentés d’en faire autant. Depuis, le rebond pandémique a remis les pendules à l’heure.
En résumé, pour se rendre à la Côte belge durant les vacances de Pâques, mieux vaudra prendre sa voiture. Les bouchons risquent donc d’être nombreux sur l’autoroute E40. Un non-sens environnemental abondamment dénoncé. Sur place, la location des appartements explose: les places seront chères. Un mot encore pour dire qu’il est possible de prendre son repas dans sa chambre d’hôtel. La formule gastronomique rencontre même un certain succès. Le couvre-feu reste fixé partout de minuit à 5 heures, sauf à Bruxelles (de 22 à 6 heures).