Chaos à la playa
Police sous tension, en manque de trains et de toilettes: la Côte belge face à des mois difficiles
Dès ce samedi, si vous prenez le train vers la Côte belge, vous n’aurez d’autre choix que de vous asseoir près de la fenêtre. Seuls les enfants de moins de douze ans pourront occuper les autres places. La mesure sera d’application jusqu’au week-end du 23-24 avril. Elle fait partie des dernières dispositions prises par les autorités pour contrer le virus.
Nécessaire pour les uns, stupide et impraticable pour les autres, «la place près de la fenêtre» a fait débat tout au long de la semaine. La société des chemins de fer SNCB ne voit pas pourquoi elle devrait se plier à une mesure qui ne tient pas compte des réalités du terrain. A fortiori quand les moyens matériels et humains manquent.
Le gouvernement De Croo, lui, ne veut rien savoir. «Cette mesure s’applique à l’entièreté du parcours des trains à destination des gares côtières, explique le cabinet du ministre de la Mobilité, l’Ecolo Georges Gilkinet. Cela signifie que les voyageurs se trouvant dans des trains en direction de la Côte, mais qui comptent descendre avant la dernière gare, sont aussi concernés.»
Tensions avec la SNCB
Et le ton monte. La SNCB ne compte pas augmenter son offre, tout le matériel roulant étant déjà mobilisé. Il est par ailleurs trop tard pour mettre au point un système de réservations cette année, système qui limiterait de facto le nombre de voyageurs. Quant aux accompagnateurs de train, ils seront aidés par la police pour calmer les récalcitrants. Cette même police qui peine un peu plus chaque jour à faire respecter les mesures anticovid. Jeudi soir, elle a dû employer les canons à eau pour disperser les milliers de jeunes qui s’étaient donné rendez-vous au Bois de la Cambre, en périphérie de Bruxelles.
Ces vacances de Pâques s’annoncent tendues. Les bourgmestres de la Côte sont vent debout, particulièrement ceux dont la commune accueille une gare (Knokke, Blankenberge, Ostende), synonyme d’affluence subite de touristes d’un jour quand le soleil est au rendez-vous et donc d’éventuelles nuisances. Le bourgmestre de Flandre Occidentale Carl Decaluwé a mis le ministre Gilkinet en demeure. «Le cabinet de la Mobilité n’assume aucune responsabilité. S’il n’y a pas de réponse à la mise en demeure, la voie du Conseil d’État reste ouverte. La fermeture des gares fait également partie des possibilités», menace-t-il. Ambiance…
En attendant, faisant contre mauvaise fortune bon coeur, les stations balnéaires s’apprêtent à gérer la grande foule. Mardi, la Côte était noire de monde. Il s’en est fallu de peu pour que certains touristes restent à quai à l’heure du retour, les trains étant bondés.
Il y a un autre problème et il est de taille: l’horeca (cafés et restaurants) étant fermé pour raisons sanitaires au moins jusqu'au 1er mai, l’offre de toilettes publiques risque d’être insuffisante pour soulager les centaines de milliers de touristes supplémentaires que le soleil amènera inévitablement sur le sable.
Risque de saturation
Chaque commune pare donc au plus pressé. Knokke a ainsi réquisitionné les toilettes des bars de plage pour les mettre à la disposition de tous. Elles seront accessibles sans obligation de consommer. Mais il n’y a que vingtcinq bars et ils n’ouvriront que les jours de beau temps. Cet été, toutefois, un complexe de toilettes publiques «haut de gamme» ouvrira ses portes dans la Lippenslaan.
Enfin, un dispositif policier exceptionnel sera présent tout au long des mois à venir sur la Côte. En août dernier, une bagarre avait éclaté entre des jeunes Bruxellois et la police sur la plage de Blankenberge. Des parasols avaient été lancés. Les stations balnéaires ne veulent plus vivre un tel cauchemar. La tolérance zéro pour les comportements délictueux est annoncée. La police devrait également barrer l’accès des plages les plus fréquentées s’il y a un risque de saturation. Mieux vaudra donc se renseigner avant de prendre la route de la mer du Nord. L’été sera chaud…