La Belgique limite Astrazeneca aux plus de 56 ans
Ce choix n’a pas d’incidence immédiate sur la campagne de vaccination et évite en outre tout nouveau retard
Les risques liés au vaccin Astrazeneca sont revenus tel un boomerang dans le jardin du gouvernement De Croo. A la mi-mars, le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke avait maintenu son administration, en dépit de sa suspension momentanée par de nombreux pays européens. L’Agence européenne du médicament lui avait donné raison.
Mais cette fois, un pas en arrière n’a pu être évité face aux risques de thromboses rares communiqués en début de semaine. Résultat: «Sur la base d’avis scientifiques récents, les ministres belges de la Santé ont décidé de remplacer l’Astrazeneca par d’autres vaccins pour les personnes âgées de 18 à 55 ans; pour les personnes de 56 ans et plus, tous les vaccins continueront d’être administrés.
L’Agence européenne des médicaments (EMA) souligne que les avantages d’Astrazeneca l’emportent toujours sur les risques», estil justifié.
Ce choix est fondé sur les avis soumis par le Conseil supérieur de la santé, la task force gouvernementale en charge de la vaccination et, comme dit ci-dessus, par l’Agence européenne des médicaments. La décision sera réexaminée dans quatre semaines.
Et, pour le reste, la campagne de vaccination suit son cours. La limitation de l’administration d’Astrazeneca aux plus de 56 ans n’a pas de réelle incidence sur son déroulement dans la mesure où elle ne concernait pas jusqu’ici les classes d’âge inférieures. D’ici le mois de mai, les autorités espèrent disposer de davantage de doses Pfizer, Moderna ainsi que Johnson&Johnson pour fournir des vaccins en nombre suffisant aux 18 à 55 ans.
Les doutes survenus autour d’Astrazeneca ont occulté ces derniers jours un autre dossier, potentiellement brûlant. Il concernerait a priori un nombre de personnes encore indéterminé qui, profitant de la protection d’une autorité, ont pu accéder à la vaccination alors qu’elles ne faisaient pas partie des groupes prioritaires – ces derniers étant constitués à ce jour des résidents des maisons de retraite, des plus de 65 ans et du personnel de la santé. Des bourgmestres auraient ainsi profité de l’ouverture d’un centre de vaccination sur leur territoire pour y inviter leurs employés. Ces édiles ont réagi à ces soupçons en expliquant qu’ils avaient simplement récupéré des doses excédentaires, destinées à être jetées, sans convaincre pour autant les partis d’opposition. A Ath (Hainaut), ces derniers jugent les passe-droits supposés «honteux».
Injuste envers les jeunes
Une autre forme de «privilège» fait débat. Faut-il ou non rendre certains droits aux personnes vaccinées, comme la non-obligation du port du masque? Un avis a été demandé à ce sujet par le ministre de la Santé. Il doit établir la relation entre campagne de vaccination, stratégie de dépistage et aspects éthiques. Mais d’aucuns ont déjà fait connaître leur opposition. A Bruxelles, le chrétien-démocrate Benjamin Dalle en charge de la Jeunesse, n’en veut pas: «Une personne ne peut pas avoir davantage de droits qu’une autre. De plus, ce serait injuste pour les jeunes qui se trouvent dans les derniers dans le calendrier de vaccination», a-t-il expliqué sur les ondes de la chaîne publique Radio 1.
En dépit des polémiques et des contretemps, la Belgique n’a d’autre choix que de rattraper son retard en matière de vaccination. Jeudi, les chiffres étaient de nouveau sans appel. Même si les contaminations sont reparties à la baisse ces derniers jours, plus de 900 patients sont actuellement aux soins intensifs. Le nombre de décès, lui aussi en hausse quotidienne, s’établit à 23.301 depuis le début de la pandémie en mars 2020.