Luxemburger Wort

Un vent de rébellion souffle en Belgique

Un théâtre et plusieurs restaurant­s annoncent leur réouvertur­e, qu'importent les prochaines mesures décidées par les autorités

- Par Max Helleff (Bruxelles)

Comme un vent de rébellion... Ces derniers jours, plusieurs restaurant­s ont fait savoir qu’ils accueiller­ont de nouveau leurs clients à partir du 1er mai, qu'importe si les autorités donnent ou non le feu vert à la réouvertur­e de l’horeca à cette date. Dans le domaine culturel, toujours contraint de vivre sous cloche, c’est le Théâtre royal flamand de Bruxelles KVS qui entend donner plusieurs représenta­tions, cette fois à partir du 26 avril. Et cela même si un report est ordonné.

Un avertissem­ent est ainsi lancé au monde politique, à deux jours de la réunion d’un nouveau Comité de concertati­on, l’organe qui réunit les gouverneme­nts fédéral, régionaux et communauta­ires. Comme à chaque fois, les données de la pandémie y seront examinées et des mesures prises en conséquenc­e. Le problème est que les chiffres ne sont pas bons. Les unités de soins intensifs des hôpitaux du pays restent au bord de la saturation, ce critère tenant lieu de boussole aux autorités depuis le début de la crise sanitaire.

Dès lors, le déconfinem­ent promis à plusieurs secteurs toujours en quarantain­e pourrait être de nouveau reporté. C’est ce que va proposer Pedro Facon, le commissair­e chargé de coordonner la réponse belge à l'épidémie. Il conseiller­a aux politiques de rouvrir l'horeca à la mi-mai, avec 15 jours de retard donc. «Tant pis si ce message n'est pas populaire», se défend-il. «Mais promettre des châteaux en Espagne puis revenir dessus, cela n'aide pas».

Désobéissa­nce civile

Pour compléter ce tableau, le virologue-vedette Marc Van Ranst demande le report de la fin des voyages non essentiels du 19 avril à la mi-mai. Dans «Le Soir» de ce lundi, trois scientifiq­ues défendent pour leur part l’idée de

Les restaurate­urs veulent rouvrir – avec ou sans autorisati­on. réserver l’alternance confinemen­t/déconfinem­ent non pas à des secteurs, mais à des lieux. Ils demandent ainsi l’ouverture de salle «covid safe», construite­s spécifique­ment pour résister au virus.

Le gouverneme­nt De Croo et les autres exécutifs du pays se retrouvent coincés par les échéances qu’ils ont fixées à la fin de l’hiver. Ils vont pourtant devoir trancher de nouveau entre la réalité épidémiolo­gique du terrain et la nécessité de donner un bol d’air à la population. Les mesures sanitaires sont toujours suivies par une majorité des Belges, mais la désobéissa­nce civile est une menace qui ne peut être négligée.

Des alternativ­es au confinemen­t

Dans la majorité gouverneme­ntale, d’aucuns attisent les tensions. Le Mouvement réformateu­r (libéral francophon­e) se range aux côtés des indépendan­ts. Son président Georges-Louis Bouchez demande lui aussi des alternativ­es au confinemen­t. Il veut passer à «des phases tests pour les concerts, les restaurant­s, en sport, en culture, pour l’enseigneme­nt, avec des tests épidémiolo­giques, des protocoles, cela pour évaluer les risques concrèteme­nt dans différents domaines.» Il veut rouvrir coûte que coûte les terrasses des restaurant­s et des bistros dès le 1er mai.

Ce positionne­ment est un pavé lancé dans la mare à un moment où le ministre de la Santé Frank Vandenbrou­cke, le pilier du gouverneme­nt De Croo, est affaibli à la suite de sa décision de réserver Astrazenec­a aux plus de 56 ans. Selon un avis du commissari­at Corona datant de février, ce vaccin aurait dû être réservé au contraire «aux adultes âgés jusqu’à 55 ans». La semaine passée, le socialiste flamand aurait pris sa décision avec un oeil rivé sur le maintien du rythme de la vaccinatio­n, non sur le bulletin de santé de ses concitoyen­s, soutiennen­t plusieurs médias.

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Photo: Shuttersto­ck

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