Nouveau round social en Belgique
Patrons et syndicats se rencontrent alors qu’en arrière-plan les esprits s’échauffent autour de la prochaine réforme des pensions
Une importante réunion doit avoir lieu vendredi durant laquelle patrons et syndicats tenteront de poser les balises du travail et de sa rémunération pour les années à venir.
Bravant la trêve, le syndicat socialiste FGTB a ouvert les hostilités ce week-end en réclamant une amélioration «substantielle» du salaire minimum dès 2022, le maintien des emplois de fin de carrière à 4/5e temps dès 55 ans et l'accès au travail à mi-temps dès 55 ans également. Mais aussi la prépension à 58 ans.
En Belgique, la prépension désigne la sortie du travailleur en bout de carrière via la case chômage. Il en recevra les indemnités majorées d’une somme versée par l’employeur – mais tout en étant susceptible d’être appelé pour reprendre un autre emploi, cette possibilité étant toutefois minime en raison de son âge.
Par le passé, ce système a permis aux entreprises de se débarrasser à bon compte de leurs travailleurs âgés. L’argent public servait à soulager leurs caisses et, dans le meilleur des cas, à permettre l’engagement de jeunes. Mais le précédent gouvernement a largement détricoté la mesure, devenue moins généreuse et moins accessible.
La retraite à 67 ans
Il a aussi relevé l’âge de départ à la pension à 67 ans tout en rognant sur les réductions de temps de travail proposées jusqu'alors aux «vieux» travailleurs. Jamais, il n’est parvenu à obtenir un accord sur un autre allégement des fins de carrière qui aurait permis aux métiers dits «pénibles» de se voir ouvrir plus tôt les portes de la retraite.
La nouvelle réforme des pensions que doit présenter à la rentrée la ministre socialiste Karine Lalieux est donc attendue de pied ferme. Ces dernières semaines, une polémique s’est engagée autour du coût pour l'Etat de la pension complémentaire à laquelle les travailleurs sont actuellement encouragés à souscrire en échange d’un avantage fiscal.
D’où un manque à gagner pour les caisses publiques que la ministre Lalieux veut réduire au nom de l’équité tout en élargissant la possibilité d’accéder à la mesure. Le gouvernement entend permettre au plus grand nombre possible d'employés et d'ouvriers de se constituer une pension complémentaire décente «comportant une cotisation d'au moins 3 % du salaire brut».
Un moment évoquée, la pension à points serait abandonnée. L’âge de départ à la retraite est en revanche maintenu à 67 ans, malgré les promesses socialistes faites avant l’entrée du PS dans la coalition Vivaldi d’Alexander De Croo.
La nervosité règne
Le maintien des travailleurs dans leur emploi serait encouragé par un bonus à la pension, un atterrissage «en douceur» pour les plus âgés ou encore la possibilité d’une retraite à temps partiel. L’accord de gouvernement ne prévoit pas de revenir sur la définition des métiers lourds ou pénibles. Toutes ces mesures restent à affiner et doivent encore faire l’objet d’un compromis entre les partenaires de la coalition gouvernementale.
Ce dossier s’annonce chaud car le monde du travail a été fortement impacté par la crise du covid. Les nerfs sont à vifs et s’entendre dire qu’il va falloir travailler plus longtemps pour atteindre le plein emploi risque de mal passer si des compensations ne sont pas offertes. D’où une certaine nervosité dans les syndicats, mais aussi au sein du gouvernement De Croo. David Clarinval, le ministre libéral des Indépendants et des Classes moyennes, prévient: il n’est pas question de toucher aux pensions complémentaires, ni au mécanisme «zéro cotisations sociales» qui favorise actuellement la première embauche. Le PS n’a qu’à bien se tenir…
Ce dossier s’annonce chaud car le monde du travail a été fortement impacté par la crise du covid.