Luxemburger Wort

Jeux de pouvoir

«Villa Caprice», un divertisse­ment plaisant qui peine pourtant à quitter les sentiers balisés

- Par Thierry Hick

Gilles Fontaine est un entreprene­ur puissant. Jusqu’au jour où un juge zélé vient s’immiscer dans ses affaires et s’intéresser de plus près à sa demeure de rêve sur les bords de la Méditerran­ée, judicieuse­ment nommée «Villa Caprice». Dos au mur, pris par surprise, l’homme d’affaires cherche de l’aide auprès du célèbre avocat Luc Germon. La suite sera limpide avide de luxe, flambeur dans l’âme, et un homme de loi, au faite de sa gloire et redouté de tous, les jeux sont faits. Les péripéties, les états d’âme et les coups de griffes des uns et autres sont prévisible­s.

Luc Germon et Gilles Fontaine au début s’observent et surtout délimitent chacun leur territoire respectif. L’avocat vaniteux campe sur ses principes, tente de fixer les règles du jeu et de prendre ses distance avec l’étreinte de plus en plus forte de son client, impassible, intraitabl­e, qui se croît au-dessus des lois.

Boîte à clichés

Pour cette opposition le réalisateu­r puise avec allégresse dans sa boîte à clichés, vus et revus. Une villa de luxe en bord de mer, un voilier à portée de main pour le premier, un appartemen­t luxueux à Paris pour le second, le décor est planté. Le cadre est convenu et de circonstan­ce. Peu de surprises à attendre de ce côté là. D’autant plus que les seconds couteaux jouent à merveille leur rôle.

Une fenêtre de délivrance s’ouvrira avec des bribes de dialogues bien tranchées qui tentent tant bien que mal de rythmer un contenu, une narration qui risque à tout moment de s’enliser.

Au-delà de cette bouée de sauvetage passagère, «Villa Caprice» gagne en points grâce à son casting. Niel Arestrup, l’avocat, et Patrick Bruel, le businessma­n, ont des costumes trois pièces taillés sur mesure. Les deux acteurs, chacun dans son registre, apportent un peu de relief à des personnage­s, qui au fil de leur aventure ou mésaventur­e commune, se livrent à des jeux de pouvoir sans issue. Entre corruption, chantage, arrangemen­t entre amis, dénonciati­on et malversati­on, tous les coups sont désormais permis Et ne manquent pas à l’appel. Là encore, «Villa Caprice» préfère rester sur des sentiers balisés pour ne pas prendre de risques inutiles.

La déchéance progressiv­e des deux personnage­s principaux sert de leitmotiv à Bernard Stora, qui, tout en voulant humaniser ses rôles pour casser les préjugés inhérents à leurs positions respective­s, n’hésite pas à s’écarter de son espace purement narratif pour aller expériment­er d’autres pistes. Au final, les chemins de traverses n’enrichisse­nt guère les propos.

Porté par le jeu d’acteurs, «Villa Caprice» est un thriller plaisant, à la française – sans grosse machinerie et autres effets spéciaux – avec quelques tentatives d’aller plus loin que la seule confrontat­ion de deux têtes bien trempées, qui peu à peu finiront par douter, sans pour autant se remettre en question.

Le dernier épisode du film peut surprendre. Avec son coup de semonce final, Bernard Stora veut-il prendre ses distances avec ce qui vient d’être dit plutôt? Peut-être faut-il éviter de chercher à tout prix une lecture au second degré d’un scénario, sans prétention et qui a pour seul but de divertir.

Vivement les semaines à venir, qu'après une longue période de disette pandémique l’affiche puisse à nouveau s’étoffer.

 ?? Photo: Bac Films ?? La rencontre entre l’avocat (Niels Arestrup) et l’homme d’affaires (Patrick Bruel) sera fatale pour tous les deux.
Photo: Bac Films La rencontre entre l’avocat (Niels Arestrup) et l’homme d’affaires (Patrick Bruel) sera fatale pour tous les deux.

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