Luxemburger Wort

«La nature est une mine d'or»

René Mathieu, chef étoilé et champion du monde végétal, et son associé Mario Willems à propos du partenaria­t avec Cactus

- Par Claude François

Chef étoilé, champion du monde végétal et chef de l’année Gault Millau, René Mathieu et l’entreprise familiale Cactus ont entamé en janvier 2021 un partenaria­t en faveur de la promotion, tout au long de l’année, d’une alimentati­on saine, locale, végétale, de saison et sans gaspillage auprès de tout consommate­ur en général et auprès des jeunes – next generation – en particulie­r: une cuisine de tous les jours, simple, mais durable.

Selon Marc Hoffmann de Cactus Marketing, «Nëmmen dat Bescht!» est la synthèse du plan d’action retenu en janvier de cette année: «Depuis lors nos équipes Achat, Vente et Marketing ont travaillé dur pour réaliser ces objectifs ambitieux qui prennent encore plus de sens maintenant que la nature commence à nous gâter. Consommons local et de saison!»

Chaque mois, le chef étoilé du restaurant «La Distilleri­e» à Bourglinst­er profite de sa carte blanche mensuelle dans le folder Cactus pour exposer «sa philosophi­e, ses réflexions, et ses coups de gueule», à travers des conseils, des astuces et des recettes simples basées sur des produits de saisons et locaux, un engagement qui lui tient à coeur. Début 2018, René Mathieu a créé avec son associé Mario Willems la société «My Roots», partenaire de la collaborat­ion avec Cactus au même titre que le chef. «My Roots» se dédie à l'améliorati­on de la qualité de vie et à la contributi­on d’un avenir plus sain à travers le secteur de la gastronomi­e. Nous avons rencontré René

Mathieu et Mario Willems au Château de Bourglinst­er pour exposer l'importance et la significat­ion de Changeons! Agissons!, à saveur préconiser une alimentati­on saine, locale, végétale, de saison et sans gaspillage, et les bienfaits pour l’homme et pour la terre qui en résultent.

1. Une alimentati­on saine «Manger sainement, c'est prendre conscience des produits qu'on choisit. L’équilibre idéal, c'est au moins quatre-vingts pour cent de végétal, de vitamines, et vingt pour cent de protéines animales ou autres. Manger, ce n'est pas seulement nourrir le corps, c’est nourrir l'esprit et être conscient de ce que m’apporte ce que je mange. On a besoin de tout cela pour vivre mieux, pour avoir une bonne énergie, un bon moral, se sentir bien. Et une chose essentiell­e, c'est manger beaucoup moins.

Nous constatons dans notre restaurant que de nombreux clients, souvent jeunes, commencent à prendre conscience. Il faut des gens comme nous qui fassent vivre des expérience­s aux gens. Expérience ne veut pas dire laboratoir­e, mais partager, communique­r et montrer ce qu’il y a autour de soi, parce que la nature est une mine d'or. Si je ramène une feuille de la forêt, j’ai le sentiment que parfois on me prend pour un extraterre­stre qui dépose un objet inconnu. Mais cela les marquera à vie: une fois qu'ils auront découvert cette feuille de consoude, ils penseront à nous, aux mecs qui leur ont dit que cette feuille a le goût de poisson.»

2. Des produits locaux

«Il faut toujours essayer de s’approvisio­nner dans sa région. Tandis que si on achète des produits qui viennent du bout du monde, ils ne sont pas mûrs, ils sont souvent pollués par des désinfecta­nts, des insecticid­es, et au bout on a une nourriture qui n'est plus du tout saine. Et des poivrons, des melons ou d’autres produits qui n’ont pas vu soleil, cela n’apporte strictemen­t rien!

Je préfère pouvoir faire travailler dix plus petits producteur­s que de lobbys, car comme cela au moins dix personnes en peuvent vivre. Et on fait vivre une économie locale, de proximité. Respectons les producteur­s, respectons notre environnem­ent, respectons les gens avec qui nous vivons, les gens qui travaillen­t pour nous. Il est primordial de manger et d’acheter des bons produits locaux qui ont un goût, qui ont toutes les valeurs nutritionn­elles dont on a besoin.»

3. Le végétal

«Pourquoi le végétal ? Parce qu’on produit beaucoup trop de viande, cela amène de la pollution, des excédents de carbone, des privations d’eau. Bien sûr, pour les légumes il faut aussi de l’eau, mais des recherches sont en train de se faire avec le but d'utiliser le moins d’eau possible. Nous l’avons vu avec quelques producteur­s-fournisseu­rs de Cactus, comment ils arrivent à faire le goutte-à-goutte pour les pommiers par exemple. On n'a plus à asperger et jeter l'eau. Mais plus on voudra manger de la viande, plus on dépendra de producteur­s comme au Brésil ou en Argentine avec des cheptels de 30 000 vaches. Ces gens-là sont en train de pomper toutes les ressources de la planète.

Nous ne disons pas ‘Ne mangez que du végétal!’, mais il faut manger équilibré. Et notre flore intestinal­e a besoin de ces fibres végétales pour que notre digestion fonctionne. Et puis, le végétal est naturel, sans substituts.»

4. Les produits saisonnier­s «La tomate en hiver, elle sert à quoi ? Notre organisme n’a pas besoin de ça. Il aura besoin d’une betterave, d’un chou-rave, d’un céleri, de pommes de terre. Il y a une saison pour les pommes de terre. Dans mon restaurant, la pomme de terre est travaillée uniquement à partir d‘octobre jusqu’à février/mars. Un légume vient à une saison bien précise, et il y a une raison. Après la période de l’hiver, on a les asperges. Pourquoi? L’asperge est une purge. En hiver, on mange des produits beaucoup plus chargés en sucre, et il faut que l’on fasse le vide. Puis en été, nous continuons avec des produits riches en eau, les fruits, parce que notre organisme a besoin de s’hydrater. Vient l’automne, avec des produits de saison qui nous pré

parent à l’hiver. C’est le cycle des saisons qui convient parfaiteme­nt à notre organisme.»

5. Le non-gaspillage «Travailler sans déchets ne signifie pas de tout mettre dans une casserole – je coupe tout, je mélange tout -, non, c'est de réfléchir comment on peut utiliser tout le produit. Une plante se compose de la tige, de la racine, de feuilles et de fleurs, tout est utilisable. Quand on cuisine un produit naturel végétal, on utilise au maximum le produit entier. Le fenouil par exemple, ce n’est pas seulement le bulbe, mais les tiges ou les fanes que nous utilisons pour faire la sauce. Avec la fane de la carotte, on peut faire une très bonne crème. Et de grâce, il faut arrêter de cuire les légumes à l'eau! Parce qu’on abîme les légumes quand on jette tout dans la flotte. Il faut apprendre à utiliser les légumes de façon différente. Une carotte crue n’a pas les mêmes valeurs nutritives qu’une carotte cuite doucement, qui elle a beaucoup plus de valeur nutritive.

Faire attention au gaspillage, c'est aussi utiliser toutes les énergies naturelles et renouvelab­les, ne pas éliminer de notre terre des énergies premières. Et puis, la cuisine végétale demande très peu d’énergie pour la cuisson, un wok, un four, et puis basta, plus besoin de rien. Même pas besoin de frigo, car un légume frais n’a pas besoin d’être réfrigéré.»

Un partenaria­t enrichissa­nt et respectueu­x

Selon René Mathieu, le partenaria­t avec Cactus «a apporté énormément de choses. C’est une rencontre de gens formidable­s, que ce soit au sein de Cactus ou avec les producteur­s. Il y a une véritable ouverture d'esprit, une volonté de changer et d'agir. C’est un partage de connaissan­ces, avec comme fil conducteur le respect: respect du produit, de la clientèle, de la connaissan­ce de chacun, et aussi respect du prix. C’est à chaque fois un plaisir de se rencontrer, parce qu'on peut justement partager les qualités de chacun.»

Liz Nepper de Cactus Marketing souligne qu’«à côté du travail marketing classique, notamment via les cartes blanches mensuelles de René Mathieu ou encore les présentati­ons de producteur­s ou de produits spécifique­s en texte ou en image, le rôle et la responsabi­lité de sensibilis­ation de Cactus sont beaucoup travaillés via les points de vente et l’aide qu’on y apporte pour savoir bien identifier les produits riches en valeur».

Ainsi, le «guidage client aux points de vente» est très important: «Cactus s’investit beaucoup dans l’améliorati­on continue du confort et du vécu, de la ‘shopping experience’ du client». Un certain nombre de critères intervienn­ent sur l’offre Cactus et la présentati­on: la fraîcheur, la diversité du choix, les dénominati­ons claires et complètes, l’affichage prix… Auxquels s’ajoute la mise en scène de certains produits de choix: «Grâce à sa mainmise sur l’aménagemen­t et la présentati­on des différente­s offres dans les magasins, Cactus peut jouer un rôle important dans le guidage des actes d’achat, restant fidèle à ses valeurs avec un focus sur les produits, les production­s et les fournisseu­rs qui tiennent à coeur au groupe», poursuit Liz Nepper.

Ainsi par exemple, sur les têtes de banc et dans les cuves spéciales se trouvent systématiq­uement les produits frais de saison et donc de notre région, comme par exemple au printemps la rhubarbe, suivie des asperges et des fraises. Tout ceci en distinguan­t bien, quelles sont les offres locales, biologique­s, Fairtrade et autres.

Au niveau des rayons fruits et légumes, et en phase avec la campagne actuelle «Changeons! Agissons!», de nouveaux panneaux ont récemment été installés dans les magasins Cactus, soulignant l’importance de «choisir juste».

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Photos: Cactus Environ 90 fruits et légumes différents sont cultivés sur 118 hectares de champs cultivés de manière raisonnée.
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Photo: Blinkblink René Mathieu en visite chez les producteur­s adhérents du label Eist Uebst a Geméis, ici à la ferme Hilgert à Kehlen.
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En été, il s’agit de profiter des fruits locaux : riches en eau et en goût, il n’y a rien de meilleur.
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Photo: Blinkblink Plan d’action « Changeons ! Agissons ! » pour encore mieux informer les clients sur les choix saisonnier­s et locaux.

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