Nouveau coup dur pour Lisbonne
La capitale portugaise ne va pas poursuivre son déconfinement comme prévu
Ce n’est pas un coup d’arrêt: la situation n’est pas alarmante, affirment les autorités portugaises, seulement «préoccupante». Toutefois, il s’agit bien d’un coup de frein dans le déconfinement de Lisbonne. La capitale et ses 2,8 millions d’habitants – soit un peu moins d'un tiers de la population totale - ne vont pas bénéficier du nouvel élargissement du déconfinement prévu le 14 juin.
En conseil des ministres anticipé, il a été décidé avant-hier que la capitale (ainsi que Braga au nord) stagneraient à l’état actuel du déconfinement. Coup de frein et coup dur, notamment parce que la ville perd de sa liberté, avec par exemple la fermeture des bars et restaurants maintenue à 22.30 heures (au lieu de 1 heure du matin à partir du 14 juin). Même chose pour les lieux de culture et divertissements avec des jauges plus sévères que dans la phase suivante.
Les limitations sont aussi maintenues pour les fêtes privées et les transports en commun. La décision n’est pas réellement une surprise: la capitale était déjà sous alerte. Le niveau d’incidence y est de 180 cas pour 100.000 habitants, alors que le seuil fixé par le gouvernement pour une stagnation du déconfinement est de 120 cas. La progression est lente mais constante. Et les autorités veulent stopper l’avancée de cette progression.
Contre le fanatisme
Pour certains le gouvernement qui s’est montré imprudent lors des fêtes de fin d’année 2020 entraînant la catastrophe sanitaire de janvier et février de cette année, pêcherait pas excès de prudence. Il n’est pas question de laisser dégénérer la situation. Mais le dosage doit être fait avec subtilité et ce n’est pas facile. Le Président de la République, Marcelo Rebelo de Sousa, a lui-même alerté contre les «fondamentalismes», le fanatisme sanitaire et le fanatisme de la reprise précipitée. Une recherche de l’équilibre bien difficile à trouver en raison des innombrables paramètres à avoir en compte.
Un effort considérable a été fait par exemple en ce qui concerne la vaccination. L’amiral Gouveia de Melo qui dirige la Task force de la vaccination est un pragmatique efficace dans la prise de décision et l’application. Il a notamment développé la prise de rendez-vous automatique pour le vaccin, coupant l’herbe sous le pied à l’un des maux du Portugal, la bureaucratie. Près d’un million de personnes a ainsi pu décrocher un rendez-vous pour recevoir la dose de vaccin. Mais le processus est lent. A ce jour 22 % de la population a reçu le dosage complet, et 42 % au moins une dose. Compte tenu des difficultés logistiques, le résultat est jugé plutôt satisfaisant. Mais Lisbonne va devoir accélérer le processus. Quant au dépistage, la capitale espère convaincre les plus jeunes à jouer le jeu: ils sont les plus réticents et les plus à même de transporter les variants Alpha et Delta du virus.
La saison touristique compromise Boris Johnson a anticipé la situation portugaise. Le Premier ministre britannique a retiré le Portugal de sa liste verte, provoquant un vent de panique chez les touristes britanniques. Et en particulier ceux qui dès l’ouverture des frontières avaient opté pour l’Algarve au sud. Mais également Lisbonne. Afin d’éviter de subir une quarantaine de dix jours à leur retour dans les îles Britanniques, les touristes ont dû précipitamment modifier leurs vols de retour. La capitale en souffrance de touristes a perdu les rares d’entre eux qui avaient choisi de venir visiter la jolie ville.
Les autorités espèrent cependant que la situation sera de courte durée. Il en va de l’économie toute entière, très dépendante du tourisme. Selon le ministre de l’Economie Pedro Siza Viera, la situation devrait d’ici à la fin de l’année être au niveau de la fin 2020. Il est vrai que 2021 a commencé par un confinement sévère suivi d’un déconfinement très lent et très progressif. Et malheureusement les indices économiques sont dans le rouge. Reste à savoir si le blocage du confinement à Lisbonne suffira à enrayer une éventuelle reprise de la pandémie.