Luxemburger Wort

Cruelle, rebelle et fidèle

«Cruella» de Craig Gillespie, l’histoire d'une vengeance mise à rude épreuve

- Par Thierry Hick

Celui qui avec ce nouveau film Disney s’attend à une belle histoire de princesse à découvrir en famille, risquera d’être désorienté. Car, même si pour «Cruella», les studios usent à volonté de tous leurs ingrédient­s qui ont fait leur renommée, cette fois-ci la machinerie s’emballe et atteint de nouveaux horizons inattendus. reine de la mode, qui bec et ongle entend se défendre.

Peu à peu, l’imbroglio de ces deux narrations se construit et s’intensifie. L’histoire est bien ficelée, le scénario percutant et malgré la longueur – le film dure 134 minutes – l’on ne s’y ennuie pas. Quelques rares moments de détente, de repos existent, et pourtant les scènes haletantes s’enchaînent à grande vitesse. Et pour ce faire, le réalisateu­r Craig Gillespie n’hésite pas à sortir les grands moyens pour frapper de très grands coups. Surtout lors des scènes où Cruella viendra affronter la Baronne sur ses terres.

«London Calling»

L’action se passe dans le Londres des années 70-80, une époque aussi marquée par une musique rock et punk tout aussi rebelle que l’héroïne. Pas étonnant de voir débarquer les Queen, The Clash et Nina

Simone, venus animer les débats autour d’une libération des moeurs galopante, envoyant ainsi voler en éclat une société britanniqu­e en pleine déchirure.

Les images sont parlantes, les arrières-pensées aussi, les décors sont baroques, déglingués et décadents à souhait. Le kitsch est voulu. Comme pour mieux illustrer la guerre à couteaux tranchants entre Cruella et la Baronne.

Finalement, le souci d’Estella et de Cruella ne sera plus tellement de percer dans la mode mais de se venger et de laver l’honneur de la famille. L’une échouera, l’autre réussira ...

Disney, avec les moyens mis en oeuvre, quitte ses sentiers battus depuis des lustres. Sans révolution­ner le genre – l’ensemble reste bien gentil – cette comédie brasse les canons du genre, y ajoute une poudrée de rêve et de féerie bienvenues.

«Cruella», avec un humour grinçant à chaque instant, est très british dans son allure, les gags bien pensés ne sont à certains moments non sans rappeler un certain James Bond ou Arsène Lupin ...

Emma vs Emma

Un autre point fort: la réunion de deux grandes dames du cinéma, Emma Stone et Emma Thompson. La première, tout aussi furieuse que son personnage qui peu à peu voit s’éclaircir les mystères de sa vie, va s’affronter la seconde, qui avec délectatio­n campe une femme d’affaire ignoble, repoussant­e et sans concession. Et pour une fois, les rôles secondaire­s, nombreux et variés, sans oublier les chiens – les Dalmatiens ne font pas défaut dans ce prequel – tiennent eux-aussi en partie le haut de l’affiche. «Cruella» est finalement une belle aventure, à ne pas toujours lire au premier degré ...

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Photo: Disney Cruella (Emma Stone) est aussi imprévisib­le que son personnage.

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