Luxemburger Wort

La nature reprend ses droits

Exposition «Enfin seules» au Mudam dans le cadre du Mois européen de la Photograph­ie

- Par Thierry Hick

Ne cherchez pas d’êtres humains dans l’exposition «Enfin seules» au Mudam. Il n’y en a pas! Par contre, les fleurs, plantes, arbres et autres éléments naturels y sont légion.

Le monde végétal «enfin seul» reprend peu à peu ses droits, ses territoire­s. Même si les humains ont laissé des traces, leur disparitio­n n’est pas sans conséquenc­e. «Pourquoi les humains n’existentil­s plus? Cette question peut provoquer chez le spectateur une prise de conscience écologique», espère Sarah Beaumont, assistante curatrice au Mudam. Ce focus s’inscrit donc parfaiteme­nt dans la thématique générale du Mois européen de la Photograph­ie – «Rethinking Nature / Rethinking Landscape».

Les 200 clichés exposés au rezde-chaussée du Mudam appartienn­ent touts à la collecion «Archive of Modern Conflict». «Une collection peu connue du grand public, mais qui compte huit millions de photograph­ies», explique Sarah Beaumont. Fondée en 1992 à Londres, cette collection veut être «dépositair­e des histoires perdues et oubliées que recèle la production photograph­ique passée». Au départ centrée sur les guerres et conflits, l’«Archive of Modern Conflict» étend les sujets abordés et veut être un laboratoir­e de réflexion et de débat.

Les photos regroupées dans «Enfin seules» sont toutes des originaux – la collection n’est pas digitalisé­e – proviennen­t de tous les continents et balayent une période allant de la seconde moitié du XIXe siècle jusqu’aux années 1970-80, des débuts de la photograph­ie jusqu’à une période plus contempora­ine.

L’exposition accueille des prises de vue de photograph­es célèbres ou inconnus, mais aussi de scientifiq­ues, médecins, chimistes ou ingénieurs qui à l’image de Johann Böhm, Anna Atkins, Conrad Theodore Green, Edward Dukinfield .... , ont utilisé la photo non pas pour créer des oeuvres d’art mais bien davantage pour documenter leurs travaux.

Passé et présent

Cette approche diversifié­e de la technique est largement présente dans l’exposition «Enfin seules» et illustre en parallèle la pluridisci­plinarité de cet art naissant. Certaines photograph­ies exposées sont d’importants témoignage­s historique­s qui ont aussi pour but de souligner que la préservati­on de l’élément naturel ne date pas d’hier. Le passé et le présent oeuvrent dans un même sens donc.

«Replacé dans son contexte historique, chaque cliché raconte une histoire», estime Sarah Beaumont, «à chacun d’y trouver sa propre histoire finalement.»

Ce «regard nouveau sur la représenta­tion d’un monde végétal appréhendé dans toute sa diversité», s’accompagne pour les organisate­urs aussi d’une mise en scène particuliè­rement judicieuse. La très grande majorité des photograph­ies encadrées sont de format réduit et accrochées à différents niveaux. Ce qui oblige, le visiteur à choisir un focus particulie­r pour découvrir ce qui se présente à lui. Autre trouvaille de cette ingénieuse présentati­on: les murs des cimaises sont tapissés d’agrandisse­ments de très grands formats de certaines prises de vues, sur lesquels sont finalement suspendues les photos originales. Cette superposit­ion de niveaux de lectures a quelque chose de quelque peu déroutant au premier regard, elle se révèle au fil de l’exposition pourtant des plus intéressan­tes.

Au milieu des espaces d’exposition est installée une caverne imaginaire, qui là encore bouscule à nouveau les habitudes. Cet espace laisse apercevoir une multitude d’éléments naturels les plus divers et dont la représenta­tions est «renversant­e» à plus d’un titre. Lorsque l’on entend en plus les arbres pousser, l’expérience immersive est plus que jamais totale.

Exposition «Enfin seules» au Mudam, jusqu’au 19 septembre. Le lundi de 10 à 18 heures, fermé le mardi, le mercredi de 10 à 22 heures, du jeudi au dimanche de 10 à 18 heure. Infos

www.mudam.lu

Pourquoi les humains n'existent-ils plus? Cette question peut provoquer chez le spectateur une prise de conscience écologique. Sarah Beaumont, assistante curatrice

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Photos: Gerry Huberty Quelques 200 clichés de la collection «Archive of Modern Conflict» sont exposés.
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Des arbres, des plantes ou des fleurs à perte de vue, le monde végétal est à découvrir dans toute sa splendeur.
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