Luxemburger Wort

Conings a profité des failles du système

Un rapport explique pourquoi des informatio­ns sensibles ne sont jamais parvenues aux renseignem­ents militaires belges

- Par Max Helleff (Bruxelles)

Mais où est donc passé Jurgen Conings? Depuis la disparitio­n de ce militaire belge de 46 ans, armé et adepte des idées d’extrême droite, le mystère reste entier. Menée depuis un mois, une vaste chasse à l’homme n’a pas permis de retrouver le fugitif qui s’est déclaré luimême être l’«ennemi de l’Etat».

La semaine dernière toutefois, un sac à dos a été découvert à Dilsen-Stockkem (Limbourg), près de l’endroit où avait été retrouvée la voiture du militaire en fuite. Il contenait des munitions d’un calibre similaire à une des armes emportées par le suspect, ainsi que de la nourriture. Différents indices laissent penser qu’il a bien appartenu à Conings.

Jurgen Conings est recherché pour «tentative de meurtre et détention illégale d’armes dans un contexte terroriste». Dans une lettre d’adieu, il a adressé une série de menaces au milieu scientifiq­ue et politique. Il pourrait également s’en prendre à une mosquée.

La latitude laissée par l’armée à ce militaire pointé comme dangereux à plusieurs reprises par le passé en raison de menaces proférées

Mercredi matin, des militaires étaient présents près du stade Luminus Arena à Genk pour de nouvelles recherches dans l'affaire Jurgen Conings, qui reste pour l'instant introuvabl­e. et d’idées racistes ne lasse pas de surprendre.

Mercredi, un rapport de l’inspection interne portant sur les failles du suivi de Conings a été présenté à la Chambre. Selon le quotidien «Le Soir» qui a profité d’une fuite, ce rapport atteste de «l’enterremen­t de première classe d’une informatio­n capitale, celle de l’évaluation par l’Ocam (Organe de coordinati­on de la menace) de Jurgen

Conings, placé le 17 février dernier au niveau trois de la menace (sur une échelle de quatre). Il était le seul militaire à ce niveau de menace grave». Et pourtant, Conings a pu continuer à avoir accès à des dépôts d’armes où il s’est procuré notamment des lance-roquettes avant de disparaîtr­e dans la nature.

Les députés en colére

Une informatio­n aussi sensible aurait dû remonter au sommet des renseignem­ents militaires (SGRS) et à la ministre de la Défense, la socialiste Ludivine Dedonder. Mais la section du SGRS en charge du terrorisme a manifestem­ent failli à sa tâche. Pourquoi? Parce qu’elle serait sous-dotée en effectifs et dirigée par un… «civil peu expériment­é», arrivé à ce poste quelques mois seulement avant que le dossier Conings ne lui soit transmis par l’Ocam.

Toujours selon le quotidien bruxellois, un autre rapport dira peut-être d’ici une quinzaine de jours pourquoi l’Ocam n’a pas fait davantage circuler une informatio­n aussi cruciale auprès des autres services de renseignem­ents concernés.

La publicatio­n du rapport Conings dans la presse a mis en colère les députés, tant de la majorité que de l’opposition. Les parlementa­ires se sont plaints de ne pas avoir eu l’occasion de lire le document. La séance a donc été remise, le temps que chacun en prenne connaissan­ce. La ministre Dedonder – qui joue gros dans cette affaire – a été prise à partie. Et l’on s’est engueulé entre le Vlaams Belang (extrême droite) accusé par ses adversaire­s d’avoir «fabriqué» un Jurgen Conings et le PS. Le député socialiste Christophe Lacroix a lancé un «les fascistes, vous n’aurez jamais le pouvoir en Belgique!» au parfum d’années 30.

Le week-end dernier, le journal «De Morgen» a publié des éléments sortis du dossier Conings. On apprend ainsi que ce militaire n’a jamais été ni tireur d’élite ni soldat d’élite. Il s’agit d’un instable qui a souvent changé d’affectatio­ns et ne disposerai­t que des certificat­ions de base, comme les premiers secours, la réparation de radio et la gestion d’entrepôts. On est très loin du «nouveau John Rambo» applaudi par ses fans sur les réseaux sociaux.

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