Luxemburger Wort

La Belgique trop peu prévenante pour la planète

La justice condamne l’Etat et les Régions pour ne pas avoir assez agi en faveur du climat

- Par Max Helleff (Bruxelles)

L’associatio­n Klimaatzaa­k vient de remporter une victoire de taille contre l’Etat belge, et avec elle tous ceux qui reprochent à l’autorité publique de ne pas agir dans l’intérêt de la planète et de ses occupants. Un tribunal bruxellois vient en effet de donner raison à «L’Affaire Climat» (Klimaatzaa­k) qui, en 2015, avait saisi la justice pour obliger l’Etat fédéral et les trois Régions à respecter leurs promesses de réduction des émissions de gaz à effet de serre. 62.000 personnes s’étaient ralliées à la cause.

La justice a estimé que la Belgique n’a pas fait d’efforts suffisants en matière de réduction d’émissions de gaz à effet de serre. Elle relève également le manque de bonne gouvernanc­e climatique, malgré les avertissem­ents répétés de l’UE, alors que les pouvoirs publics avaient une parfaite connaissan­ce du risque que présente un changement climatique dangereux pour la population. Ils n’ont pas davantage pris, toujours selon le tribunal, les mesures nécessaire­s, conforméme­nt à ce que prévoient les articles 2 et 8 de la Cour européenne des droits de l’Homme.

Toutefois, contrairem­ent à ce que demandaien­t l’associatio­n et ses soutiens, le tribunal s’est gardé d’imposer un rythme de réduction des gaz à effet de serre aux autorités, et de répartir l’effort à fournir entre les régions du pays, estimant que cette prérogativ­e relève des pouvoirs législatif et exécutif. Ce dernier point est dénoncé par Klimaatzaa­k qui envisage d’aller en appel.

Hasard du calendrier, le jugement a été prononcé alors qu’une pollution majeure faisait la une des journaux. En mars dernier, une rupture de canalisati­on dans l’entreprise 3M de Zwijnd-recht (Anvers) avait libéré 43 mètres cubes d’hydroxyde de sodium en raison du dégel. L’incident s’est produit à proximité d’une réserve naturelle. L’Inspection régionale de l’environnem­ent n’a pas été avertie.

Une pollution connue depuis 20 ans Depuis, la presse flamande a révélé que cette pollution était connue depuis près de 20 ans, que le récent incident n’avait fait que remettre à l'avant-plan une problémati­que ancienne. Une série de mesures ont été prises pour protéger les riverains: ils ne peuvent plus manger les oeufs et les volailles produits sur place, ni boire l’eau locale. Les enfants de moins de douze ans et les femmes enceintes ou allaitante­s devraient même éviter de manger les légumes du potager.

Cet incident rappelle à son tour que la Belgique est une terre industriel­le de longue date. «Le Soir» relève ainsi que tous les maux ne viennent pas de Flandre et que la présence de polluants très persistant­s dans l’environnem­ent et dans les organismes vivants reste peu investigué­e en Wallonie. Le sillon Sambre-et-Meuse, qui accueillit par le passé les grandes industries du charbon et de l’acier, mais aussi des zones industriel­les actuelles, présentent des traces de pollution dans le sol. Même si, selon un ingénieur et géologue de l’ULiège que cite le journal, «les polluants perfluorés sont sortis assez récemment et tout le monde commence seulement à en parler. Mais la Wallonie est moins impactée.»

En 2018, 242 entreprise­s encore en activité ont été répertorié­es comme étant potentiell­ement les plus polluantes au sud du pays. On parle surtout ici de pollution par métaux lourds, PCB, hydrocarbu­res aromatique­s, dioxine. Les polluants comme celui qui atteint aujourd’hui Zwijndrech­t en Flandre sont présents dans nombre de rivières et de bassins d’épuration wallons, mais heureuseme­nt avec des taux de concentrat­ion moindres.

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Photo: AFP Manifestat­ion de riverains qui n'ont plus le droit de manger des oeufs en provenance de certaines régions flamandes.

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