L'égalité et la fraternité
Le projet égalitaire recèle la promesse de la concrétisation d’une humanité pacifiée et il est, à ce titre, extrêmement précieux. Mais, tout comme la notion d’universel, il vise une égalité en droit et diffère ainsi de la fraternité. L’égalité s’inscrit en droit et la fraternité, en fait.
La tradition juive est beaucoup plus nuancée à ce sujet, car son souci est de préserver l’altérité pour l’éduquer à la fraternité. Le message juif à portée universelle peut être pensé comme une utopie, mais il constitue en fait, une exigence à se déprendre de la séparation entre égalité et fraternité, et à les considérer comme un concept unitaire.
La fraternité comme droit
Conférer une même nature en droit, à l’égalité et la fraternité, permet l’avènement de la justice. Et une telle conception de la justice, dans laquelle la fraternité est un droit, n’est pas celle de nos sociétés et conduit à ce que l’égalité en droit s’accommode fort bien de l’absence de fraternité. A contrario, la fraternité, elle, s’accommode mal de l’inégalité. Cette nature de la fraternité est probablement responsable du fait que nos sociétés modernes semblent parfois pactiser insolemment avec l’injustice, en brisant l’écho de sa plainte afin d’éviter qu’elle ne déstabilise l’artifice fragile de leurs constructions fondées sur le consumérisme, le culte de l’immédiateté et le panurgisme.
Hisser la fraternité et l’égalité à la noblesse de leur propre définition, est ainsi une condition de l’avènement de l’altérité qui peut dès lors oeuvrer au bénéfice de l’ensemble de l’humanité.