Luxemburger Wort

L'égalité et la fraternité

- Par Alain Nacache, Grand rabbin du Luxembourg

Le projet égalitaire recèle la promesse de la concrétisa­tion d’une humanité pacifiée et il est, à ce titre, extrêmemen­t précieux. Mais, tout comme la notion d’universel, il vise une égalité en droit et diffère ainsi de la fraternité. L’égalité s’inscrit en droit et la fraternité, en fait.

La tradition juive est beaucoup plus nuancée à ce sujet, car son souci est de préserver l’altérité pour l’éduquer à la fraternité. Le message juif à portée universell­e peut être pensé comme une utopie, mais il constitue en fait, une exigence à se déprendre de la séparation entre égalité et fraternité, et à les considérer comme un concept unitaire.

La fraternité comme droit

Conférer une même nature en droit, à l’égalité et la fraternité, permet l’avènement de la justice. Et une telle conception de la justice, dans laquelle la fraternité est un droit, n’est pas celle de nos sociétés et conduit à ce que l’égalité en droit s’accommode fort bien de l’absence de fraternité. A contrario, la fraternité, elle, s’accommode mal de l’inégalité. Cette nature de la fraternité est probableme­nt responsabl­e du fait que nos sociétés modernes semblent parfois pactiser insolemmen­t avec l’injustice, en brisant l’écho de sa plainte afin d’éviter qu’elle ne déstabilis­e l’artifice fragile de leurs constructi­ons fondées sur le consuméris­me, le culte de l’immédiatet­é et le panurgisme.

Hisser la fraternité et l’égalité à la noblesse de leur propre définition, est ainsi une condition de l’avènement de l’altérité qui peut dès lors oeuvrer au bénéfice de l’ensemble de l’humanité.

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Photo: Shuttersto­ck
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