RTL Group cède sa filiale belge
Pour Rossel et DPG Media l'acquisition marque la naissance d'un grand acteur médiatique
La nouvelle était dans l’air depuis plusieurs semaines déjà. Hier, le rachat de RTL Belgium par les groupes de presse belges DGP Media et Rossel a été officialisé. Le montant de la transaction est fixé à 250 millions d’euros – en réalité 215 millions plus un dividende de 35 millions.
RTL Group était actionnaire majoritaire de RTL Belgium depuis 33 ans. En décembre 2020, il avait racheté les parts des actionnaires minoritaires (34 %) détenues par des éditeurs de journaux francophones (dont Rossel). L’Echo et De Tijd estimaient alors que la filiale belge valait environ 300 millions d'euros.
Christian Van Thillo et Bernard Marchant, respectivement administrateurs délégués de DGP Media et de Rossel, se sont félicités de cette acquisition qui marque la naissance du plus grand acteur médiatique belge. DGP Media est flamand et possède notamment la télévision privée VTM et les journaux Het Laatste Nieuws et De Morgen. Il rayonne également sur les Pays-Bas. Rossel est francophone et possède plusieurs journaux «papier» et numériques à Bruxelles et dans le sud du pays (Le Soir, Sudpresse), mais aussi en France avec notamment la Voix du Nord.
Trois axes stratégiques
Un rachat à 250 millions, est-ce trop cher? «Cela dépendra surtout de ce que l'on va en faire. En termes de potentiel, c'est un prix équitable», commente Bernard Marchant dans les colonnes du Soir.
Les deux acheteurs entendent travailler main dans la main: «Nous sommes des partenaires à part entière, on discutera tout ensemble», avance Christian Van Thillo. «Il est important de souligner que les centres de décision des entreprises reviennent dans des mains belges. Ce n'est pas neutre. Le groupe Rossel a toujours regardé aussi ce qui se passe en Flandre et pas seulement en France», rappelle Bernard Marchant. Dans une Belgique divisée entre nord et sud, ce projet acquiert une vocation nationale qui ne passe pas inaperçue. Les deux groupes ont leur pré carré, et à en croire leurs patrons respectifs, «rien ne va changer sur le marché national. Le marché de la télévision n'est pas celui de la presse. La part de marché de VTM ou de RTL reste identique». Des mots rassurants sont également adressés au personnel. «Nous n'allons pas gérer ce projet avec une rupture, mais plutôt en continuité et en accélération, en s'appuyant sur les nombreux talents qui y sont», ponctue Bernard Marchant. Trois axes stratégiques seront privilégiés: la transformation digitale des médias qui permet à certains d’entre eux aujourd’hui d’avoir de véritables perspectives après des années de sinistrose; une continuité dans l'expansion pour atteindre une taille critique afin d’accélérer ladite transformation digitale; et le développement de nouvelles activités, comme les services en ligne.
«Pour autant, la Belgique n’échappe pas au contexte de concentrations des médias observé en France, en Allemagne, en Italie ou aux Pays-Bas», analyse Le Soir. Car «le nerf de la guerre, à savoir la publicité, est le même partout». Pour les médias traditionnels francophones, à titre d’exemple, cette manne représente annuellement de 350 à 450 millions d’euros nets qu’il faut tenter de capter coûte que coûte pour survivre, en dépit de la fragmentation du secteur et de la voracité des Gafa.
Elmar Heggen, directeur opérationnel du RTL Group, a précisé que son groupe entend poursuivre sa coopération avec la filiale belge, notamment avec le fournisseur de services techniques BCE à Luxembourg et avec la plateforme technologique de streaming Bedrock.
Les centres de décision des entreprises reviennent dans des mains belges. Christian Van Thillo, DGP Media