La Belgique face au variant Delta
Une quarantaine devrait être imposée aux voyageurs revenant du Portugal pour éviter une augmentation des infections
La trêve aura été de courte durée. Le rétablissement du couvre-feu dans une partie du Portugal conduit les autorités belges à élaborer de nouvelles mesures pour tenter d’endiguer l’importation du variant Delta.
Dans les colonnes du journal flamand «Het Laatste Nieuws», le ministre de la Santé Frank Vandenbroucke annonce que des règles plus strictes vont être imposées aux Belges de retour du Portugal. «Nous avons aussi ce variant Delta, mais moins, c’est pourquoi nous voulons nous armer contre les importations en provenance du Portugal», déclare le socialiste. Une quarantaine devrait dès lors être imposée aux voyageurs belges de retour de ce pays, assortie de deux tests obligatoires.
La décision du ministre de la Santé rencontre l’avis de l’infectiologue Erika Vlieghe pour qui la situation du Portugal est aussi préoccupante que celle d’autres pays jugés très à risque sur le plan sanitaire: «Il existe une liste de pays où circulent massivement des variants inquiétants du coronavirus, comme le variant Delta, et où l’épidémie
La pandémie est en nette recrudescence au Portugal suite à la propagation du variant Delta, ce qui aura une incidence sur les retours des voyageurs belges. gagne du terrain. L’Inde, l’Afrique du Sud et le Brésil y sont repris, comme d’autres pays hors Europe. Mais le Portugal coche lui aussi les mêmes cases», affirme Erika Vlieghe.
La perspective de devoir passer de nouveau sous les fourches caudines sanitaires pourrait refroidir les Belges qui avaient choisi le Portugal pour destination de vacances cet été. Les retraités sont nombreux de surcroît à y posséder une seconde résidence. Les mesures envisagées aujourd’hui devraient réorienter certains d’entre eux vers la France, devenue plus que jamais le pays où voyager reste ce qui fait de plus sûr en raison de la proximité géographique. Quant à cette majorité de Belges qui a décidé de passer ses vacances «à la maison», elle sera a fortiori confortée dans son choix.
La question de la vaccination obligatoire
La crainte de voir le variant Delta exploser d’ici la rentrée relance par ailleurs la question de la vaccination obligatoire pour certaines catégories professionnelles. Le succès de la campagne vaccinale varie fortement selon les Régions, rappelons-le, Bruxelles étant largement en retard sur la Wallonie et surtout sur la Flandre. Mais le constat ne s’arrête pas là. Selon un rapport officiel qui a fuité dans la presse, la vaccination du personnel en charge des soins de santé est trop faible par rapport à l’enjeu sanitaire, particulièrement à Bruxelles où les chiffres n’ont guère bougé depuis le printemps. Dans la capitale, les soignants ne seraient que 64,1 % à s’être fait vacciner – c’est-à-dire bien en dessous de l’objectif des 70 %. Ils sont 73 % en Wallonie et 80 % en Flandre.
En colère, plusieurs médecins et directeurs de séniories ont par le passé renvoyé le personnel soignant à ses responsabilités vis-àvis des personnes âgées, donc fragiles. Le vaccin fonctionne bien, comme le montre la forte baisse du nombre de décès dans les maisons de repos. Mais rien ne dit que le virus ne reprendra pas vigueur à la faveur de l’un ou l’autre variant, d’où la nécessité de prendre toutes les précautions qui s’imposent. Dans les pages du «Soir», le professeur de bioéthique médicale Michel Dupuis (UCL) rappelle son credo: «J’estime qu’éthiquement et déontologiquement, il y a une obligation de vaccination pour les professionnels du soin. Et je pense aussi qu’il faut passer par une voie juridique pour l’établir tout à fait officiellement».
Reste à voir si les autorités oseront passer ce cap à un moment où elles sont pointées du doigt par la société civile pour être passées outre le respect de la vie privée dans le contexte pandémique.