La définition de l'antisémitisme

Cher éditeur de lettres «Luxemburger Wort», nulle part, dans une page entière consacrée à la défense de l'IHRA (Alliance Internationale pour la Mémoire de 'Holocauste), Bernard Gottlieb («L'IHRA et sa définition opérationnelle de l'antisémitisme», «Luxemburger Wort» du 26/27 juin 2021, page 12) arrive à réfuter l’affirmation du professeur Hubert Hausemer selon laquelle les sionistes et les apologistes d'Israël dénoncent régulièrement toute critique d'Israël ou du sionisme comme étant intrinsèquement antisémite.

Comme le soulignent divers auteurs juifs, notamment Norman Finkelstein («The Holocaust Industry: Reflections on the Exploitation of Jewish Suffering»), ces dénonciations visent à protéger Israël en fustigeant ses critiques comme antisémites. A leur crédit, les citoyens juifs d'Israël débattent fréquemment, voire condamnent, la politique de leur pays envers sa minorité arabe et ses voisins palestiniens à Jérusalem-Est, à Gaza et en Cisjordanie, ainsi que les politiques d'Israël concernant le Liban, la Syrie et l'Iran.

Par contre, si le criticisme vient d’un juif de la diaspora tel que le professeur de linguistique Noam Chomsky, la personne est étiquetée comme déloyale ou, pire encore, un «juif qui se déteste» (selfhating Jew)! A titre d'exemple, l'avocat américain de droite Alan Dershowitz a qualifié le sénateur du Vermont Bernie Sanders de «selfhating Jew» parce qu'il s'opposait au dernier bombardement aérien israélien de Gaza.

L'ancien président américain Jimmy Carter, l'architecte de l'accord de paix israélo-égyptien, a été ridiculisé en tant qu'antisémite pour avoir averti en 2007 qu'Israël devenait un Etat d'apartheid – un point de vue maintenant partagé par beaucoup, y compris deux anciens ambassadeurs d'Israël en Afrique du Sud (Dr Alon Liel et Ilan Baruch) et Human Rights Watch. Luimême sémite comme tous les

Arabes, qu'ils soient chrétiens, musulmans ou druzes, feu le professeur Edward Saïd a été ridiculement qualifié d'antisémite pour avoir préconisé que les réfugiés palestiniens soient autorisés à retourner dans leurs maisons d'origine en Israël dans le cadre de la «solution à deux Etats». Aujourd'hui, les partisans d'une «solution à un seul Etat» sont souvent qualifiés d'antisémites. Cette utilisation cynique de l'antisémitisme est la raison pour laquelle le professeur Hausemer et bien d'autres remettent en question la définition élargie de l'antisémitisme. Ils veulent simplement s'assurer que cette définition n'est pas utilisée pour protéger Israël de toute critique et d’en faire un «crime de pensée».

George Aldridge, Bissen

Ceci est une réaction aux articles «Analyse & Meinung» du 5 juin 2021 «L’IHRA et sa définition de l’antisémitisme» et du 26 juin 2021 «L’IHRA et sa définition opérationnelle de l’antisémitisme».