Mise au point rectificatrice
Réaction sur l'article «L'IHRA et sa définition opérationnelle de l'antisémitisme»
Dans son article «L'IHRA et sa définition opérationnelle de l'antisémitisme» publié dans le «Luxemburger Wort» du samedi 26 juin 2021, Bernard Gottlieb m'accuse de complotisme, d'antisémitisme et de racisme, et ce principalement sur la base d'une interprétation complètement erronée d'un passage de mon article paru le 5 juin dans ce même journal. Remarquons d'emblée qu'essayer de critiquer mon article est le bon droit de quiconque; par contre m'agresser en ma personne est une toute autre paire de manche.
C'est en invoquant la nouvelle loi fondamentale adoptée par la Knesset le 19 juillet 2018, selon laquelle l'Etat d'Israël est dit être «le foyer national du peuple juif», loi dont Gottlieb ne souffle mot, que j'ai été amené à poser la question par quoi se caractérisent les membres de ce supposé «peuple juif».
En réponse, je me suis référé à deux définitions tout à fait courantes de ce qu'est un juif, à savoir d'abord celle selon laquelle un enfant né d'une mère juive est automatiquement juif, définition que j'ai qualifiée de «biologique» (mais bien sûr non pas de «raciste», ce qu'elle n'est pas). Gottlieb tente d'échapper à cette définition en faisant remarquer, très légitimement, que «n'importe qui peut se convertir au judaïsme»; mais il n'a pas remarqué que de ce fait il se réfère justement à ma deuxième définition, à savoir celle par la religion: est juif quiconque adhère à la religion juive.
Ces définitions n'ont en soi rien de répréhensible tant qu'elles ne sont pas rapportées à la qualité de citoyen d'un Etat qui se dit explicitement juif, donc tant qu'on ne donne pas à ces définitions une dimension politique. Car alors, ce qui est biologique devient raciste, et ce qui est religieux devient théocratique, et dans les deux cas il n'est pas ou plus question de démocratie.
Il y a peut-être encore d'autres définitions de la judaïté; je ne demande pas mieux que d'en faire la connaissance. En tout cas, si j'ai argumenté sur la base des deux définitions en question, je n'ai en aucune façon «intimé» ni «sommé» les juifs à se définir d'après elles. Et m'accuser de complotisme, d'antisémitisme et de racisme relève soit d'une imagination débridée soit d'une volonté mauvaise.
Il y aurait bien d'autres allégations, interprétations biaisées et arguments invalides à signaler et à discuter, mais il me suffit de m'être lavé d'accusations sans fondement.
Hubert Hausemer, Bettembourg