La Belgique s'impatiente face au virus
Des voix s’élèvent pour dénoncer des mesures gouvernementales anticovid jugées trop timides face à la quatrième vague pandémique
La quatrième vague pandémique donne des sueurs froides à la Belgique. Ces derniers jours, les appels de médecins et de responsables d’hôpitaux en faveur de mesures plus claires et surtout plus fermes se sont multipliés dans les médias. Avec 15.000 contaminations par jour, plus de 3.300 hospitalisés et 654 personnes en soins intensifs, il est clair que les unités hospitalières seront rapidement proches de la saturation.
La hausse des admissions se poursuit à un rythme de près de 20 % par semaine. Le nombre de 1.200 malades en soins intensifs pourrait être atteint à la mi-décembre. Or les autorités ont toujours cherché lors des précédentes vagues à ne pas dépasser les mille lits de soins intensifs dédiés aux personnes souffrant du covid.
La troisième dose vaccinale – le «booster» – est censée garder le pays en dessous de cette limite. Plus d’un million de doses ont été administrées à ce jour, soit auprès de 40 % des plus de 65 ans.
Un peu partout, des voix s’élèvent pour dénoncer la timidité des mesures anticovid décrétées à l'échelle nationale le 17 novembre dernier. Elles demandent plus de fermeté. Mais aussi plus d’adaptations aux réalités locales. Des bourgmestres et des gouverneurs prennent ainsi des dispositions supplémentaires, principalement en Flandre. Ils estiment que les directives issues du dernier Comité de concertation (l’organe politique qui décide des mesures anticovid) ne suffisent plus. Des marchés de Noël sont en conséquence annulés. Le gouverneur du Hainaut Tommy Leclercq déconseille les «grands événements». Mais les autorités fédérales, restées partiellement sourdes à l’appel des experts à plus de fermeté, demeurent pour l’instant muettes.
La lutte anticovid doit être réinventée, suggèrent certains. L’idée d’imposer aux vaccinés de se faire tester avant d’accéder à certains lieux comme les restaurants et les cafés fait son chemin. Un généraliste explique que «ce serait plus juste, et les gens ont besoin de choses justes dans ce contexte». Le covid safe ticket (CST, pass sanitaire) serait dans ce cas «détrôné». Il ne serait plus le sésame absolu, puisque son titulaire devrait en permanence faire la preuve qu’il est exempt de charge virale. Mais il y a un hic: les laboratoires qui n’ont cessé de multiplier les tests ces dernières semaines ne suivent plus. Le personnel aligne 15 heures de travail certains jours.
Les faux certificats
Le covid safe ticket montre ainsi ses limites. De surcroît, il a perdu de son crédit depuis que la ministre wallonne de la Santé, la socialiste Christie Morreale, a révélé l’existence d’une vaste fraude. 2.000 faux certificats de vaccination ont été émis par un seul médecin. Celui-ci encodait «dans tous les coins de Wallonie et peutêtre aussi en dehors», sans jamais avoir administré le vaccin. Il sera poursuivi pour faux et usage de faux. Il risque de 5 à 10 ans de prison. Les personnes qui se sont vu délivrer de faux documents sont également passibles de poursuites.
L’Agence wallonne pour une vie de qualité (Aviq) qui a levé le lièvre «continue d’investiguer d’autres situations». «C’est une rupture de confiance vis-à-vis des gens qui se sentent en sécurité et une situation qui met en danger la vie des gens», a commenté la ministre Morreale qui veut de toute évidence faire un exemple. «Il est important de montrer que lorsqu’il y a irrégularité, le CST est invalidé et il y a des poursuites», a-t-elle martelé.
Une dizaine d’autres médecins font en ce moment l’objet d’enquêtes approfondies. Des faux certificats se vendent entre 200 et 350 euros l’unité, notamment via le réseau social Telegram.