Luxemburger Wort

Le pass sanitaire jugé illégal en Wallonie

Un tribunal de Namur constate la «contrariét­é apparente» du Covid Safe Ticket au regard du droit supranatio­nal européen

- Par Max Helleff (Bruxelles) Caricature: Florin Balaban

Les défenseurs des libertés individuel­les, ou en tout cas d’une certaine forme de liberté, ont marqué des points mardi en enlevant une décision qui leur est favorable auprès d’un tribunal namurois. Celleci conclut à l’illégalité du Covid Safe Ticket (CST) en Wallonie.

Le CST est le pass sanitaire que doit présenter une personne pour accéder aux restaurant­s et aux cafés, ainsi qu’à un certain nombre d’activités (fitness …). Il implique que son détenteur ait reçu deux doses de vaccin (une seule dans le cas du Johnson&Johnson). Sa validité pourrait être liée dans les prochains mois à l’administra­tion d’une troisième dose (le «booster»).

Mais d'ici là, quel sort lui réserver? Le tribunal constate en effet la «contrariét­é apparente» du décret wallon du 21 octobre dernier relatif à l’usage du CST et au port du masque en se référant au droit supranatio­nal européen. Ces mesures, estime-t-il encore, semblent contreveni­r au principe de proportion­nalité des mesures restrictiv­es de liberté au regard des buts poursuivis.

La Région wallonne interjette appel

La Région wallonne est condamnée à mettre un terme à cette situation sur son territoire, sous peine d’une astreinte de 5.000 euros par jour de retard exigibles au-delà d’un délai de sept jours à dater de la significat­ion de l’ordonnance.

Pour l’associatio­n «Notre bon droit» qui s'est portée devant la justice, «le tribunal constate plusieurs problèmes de légalité dont la contrariét­é du décret Wallon au droit européen et au droit à la protection des données personnell­es. La décision ajoute qu’il ne serait pas démontré que le CST serait la seule alternativ­e à un nouveau lockdown.». L’associatio­n «Notre bon droit» se présente comme une «alliance de profession­nels de la santé, de scientifiq­ues, de juristes et de citoyens belges».

Mais la Région wallonne ne compte pas en rester là. Elle interjette appel. «Cette décision n’annule pas le décret wallon. Par conséquent, le Covid Safe Ticket reste d’applicatio­n en Wallonie», indique son communiqué. En attendant que l’affaire soit de nouveau soumise au juge, le CST restera donc exigé. De leur côté, les autorités fédérales s’abstiennen­t de tout commentair­e.

Ce jugement tombe alors que les autorités politiques et scientifiq­ues peinent à convaincre une partie de l’opinion du bien-fondé des nouvelles mesures prises. Le dernier Comité de concertati­on, tenu le 26 novembre dernier, a de surcroît renforcé le rôle du CST dans la lutte contre la pandémie. Combiné au port obligatoir­e du masque, il est de rigueur lors des marchés de Noël en extérieur à partir de 100 personnes. Ce n’est qu’un exemple.

La décision de justice du tribunal de première instance de Namur pourrait faire jurisprude­nce. Le 8 décembre sera en effet examinée à Bruxelles une affaire semblable, avec à la clé un jugement qui pourrait constater à son tour l’illégalité de l’obligation du CST dans la capitale.

Cette victoire donne des ailes à tous ceux qui dénoncent les «mesures de restrictio­n des libertés» prises par les autorités aux fins de lutter contre la pandémie. Dimanche, une nouvelle action de protestati­on sera organisée par «Trace ton cercle», une associatio­n créée pour défendre les intérêts des enfants et adolescent­s face aux restrictio­ns décidées dans le cadre de la lutte anticovid. Le 21 novembre, une précédente manifestat­ion avait rassemblé 35.000 personnes dans les rues de Bruxelles. Elle s’était terminée par un affronteme­nt entre casseurs et policiers.

750 personnes en soins intensifs Le constat d’illégalité porté contre le CST par la justice namuroise intervient alors que les hôpitaux généraux et universita­ires sont priés d’implémente­r immédiatem­ent «l’intégralit­é de la phase 1B», soit de réserver 1.000 des 2.000 lits de soins intensifs aux patients covid. Or le personnel soignant de ces établissem­ents pointe régulièrem­ent du doigt le nombre de nonvacciné­s parmi ces malades.

Si les experts estiment que la situation sanitaire est moins catastroph­ique qu’il y a an, 750 personnes sont actuelleme­nt en soins intensifs, un nombre qui se rapproche dangereuse­ment du seuil des 1.000 lits occupés qu’il ne fallait impérative­ment pas dépasser lors de la précédente vague pandémique. La barre des 27.000 morts est désormais dépassée.

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