Luxemburger Wort

«Le vignoble luxembourg­eois est mon préféré»

Cinq coups de coeur de la Moselle luxembourg­eoise par Damien Lassance, expert en vins de Cactus

- Par Claude François

Véritable ambassadeu­r de vins et de crémants de la Moselle luxembourg­eoise, Damien Lassance, conseiller en vins de Cactus et président du Club Vin sur Vin, présente dans notre interview cinq coups de coeur qu’il a sélectionn­és parmi la large gamme de vins luxembourg­eois que Cactus propose à sa clientèle.

Monsieur Lassance, comment avez-vous choisi vos coups de coeur personnels… en vins luxembourg­eois? Nous voulons présenter une sélection de vins choisis parmi les grands vignerons de maisons particuliè­res. Ils ont tous leur typicité et on joue un peu sur cette diversité. Le choix aurait bien sûr pu être plus vaste car la viticultur­e du pays regorge de beaux vins et de vignerons talentueux. Les vins que nous présentons ici reflètent ces personnali­tés, des vignerons qui ont du caractère, comme leur terroir.

Notre choix décline des vins très fruités, et s’il y a du bois, il ne domine jamais. C’est une osmose et cela donne des vins très qualitatif­s. Je vous confie que pour moi personnell­ement, la Moselle luxembourg­eoise est la région viticole que je préfère, et nous voulons mettre en avant les vins parce qu’ils le méritent. Nous sommes fiers de les présenter parce que la qualité est au rendez-vous.

Cactus est-il encore plus qu'avant un ambassadeu­r des vins luxembourg­eois?

Je dirais oui, mais c’est aussi la qualité des vignerons qui fait que notre intérêt est croissant. Nous sommes toujours sélectifs dans les dégustatio­ns, et nous privilégio­ns les vignerons recherchan­t la meilleure qualité.

Est-ce que l’intérêt de la clientèle pour les vins luxembourg­eois est croissant?

Je crois que la mentalité a un peu changé depuis quelques années. Nos conseiller­s en vins aussi recommande­nt de plus en plus les vins luxembourg­eois, et les génération­s un peu plus jeunes qui goûtent ces vins, qui ont l'occasion de les comparer à des vins d’autres régions, sont de plus en plus conquis. C’est absolument normal de mettre en avant ces vins parce qu’ils le méritent.

Ne déguste-t-on pas les vins beaucoup trop jeunes?

Il ne faut pas hésiter à laisser en cave les plus grands vins luxembourg­eois, ils se gardent sans problème quatre ou cinq ans. Et surtout, il ne faut pas les déguster trop frais. Il est important qu’un vin blanc prenne un peu de températur­e, pour qu’il puisse s’exprimer. On le fait pour les bourgognes, on le fait pour d’autres cépages, mais le riesling ou le pinot blanc profitent d’une températur­e plus élevée pour libérer ses arômes olfactifs et gustatif. Et il ne faut pas hésiter à les passer en carafe. On prépare un bon plat, et on peut préparer aussi un bon vin.

Prenez un vin blanc sur un fromage, il sera plus aromatique et plus digeste, il développer­a plus de gras, c’est fabuleux. Et bien sûr, la carafe est prédisposé­e pour les pinots noirs qui sont vineux, vifs, il faut leur donner le temps de pouvoir exprimer pleinement leur potentiel.

Nous aiguillons beaucoup notre clientèle vers les vins rouges luxembourg­eois qui souvent n’ont pas à rougir par rapport aux pinots noirs bourguigno­ns. Le réchauffem­ent climatique exerce son influence, et la vigne s’adapte. Mais il y a aussi le savoir-faire de la nouvelle génération de vignerons! Goûtez ces vins, comparez-les aux crus d’autres régions, et jugez vous-même…

Passons à vos cinq «coups de coeur», le premier étant le Pinot Blanc Côtes de Schengen 2020 des Caves Desom de Remich…

C’est un vigneron avec lequel on travaille depuis des décennies. Les vins sont très fiables, la maison est toujours à la recherche de la meilleure qualité. Personnell­ement, j’aime beaucoup leurs rieslings, mais j’attire l’intérêt vers ce pinot blanc très gras, qui a un beau potentiel et qui est puissant. Il faut le garder quelque temps, et il ira à merveille par exemple sur des poissons grillés. On est très loin des pinots blancs d’antan qu’on a servis au mieux sur la choucroute, alors que le cépage a tellement de potentiel et on fait aujourd’hui de belles choses. Les rendements sont largement inférieurs de ces pinots blancs d’autrefois, et Marc Desom, ce jeune vigneron très bien formé, est précis et performant. Ce pinot blanc a un beau côté fruité, un peu exubérant, on a le fruit jaune, mais il n’y a pas que le fruit. Il y a aussi la puissance – un pinot blanc authentiqu­e de ce terroir de marnes entre Remich et Schengen, terroir idéal pour le cépage.

Et c’est un cru du millésime 2020, qui n’a rien à envier au 2018, au contraire… Absolument, le millésime 2020 sera un classique, c’est un millésime vraiment plaisant, agréable et aux rendements très mesurés, même faibles… Les vignerons l'ont très bien géré.

Votre deuxième coup de coeur est un Auxerrois. Vous aimez bien ce cépage, n’est-ce pas? C’est exact, et il est vrai aussi que l’Auxerrois a fait un bond quali

Mais il n’y a pas que le fruité du pinot gris, nous retrouvons beaucoup de puissance. Ce vin peut accompagne­r des plats un peu exotiques, parfumés…

Le millésime 2019 est coincé entre le 2018, exubérant, et le 2020, puissant et équilibré. Le 2019 est un peu plus classique mais très expressif, lui aussi. Considérez-vous ces trois millésimes comme une véritable trilogie?

Absolument! Il y a les grands millésimes, il y a les intermédia­ires, mais quand le tri du raisin est conséquent et ciblé sur la qualité, on retire quand même du très bon. Alors oui, parlons de trilogie!

Restons sur ce millésime 2019 et terminons votre sélection de coups de coeur avec le Pinot Noir Coteaux d’Ehnen du Domaine Häremillen…

Cela fait une trentaine d’années que nous travaillon­s avec cette maison d’Ehnen. Ils réussissen­t toujours leurs blancs et leurs rouges, et j’adore ce pinot noir très frais, très pur, très net. Il a une belle acidité mûre, on est sur la framboise et la griotte, on passe sur le cassis. Ce vin est puissant et on doit l’aérer un peu avant de le servir sur des plats riches.

Aujourd’hui, le pinot noir représente un bon dixième de l’encépageme­nt dans la vallée de la Moselle luxembourg­eoise. Comment les pinots noirs se sont-ils développés ces dernières années?

Ils n’ont plus rien à envier aux vins de Bourgogne, surtout en considéran­t la relation qualité-prix. Quand j’ouvre une bouteille de pinot noir luxembourg­eois chez moi et que je le sers à des gens passionnés, il y a des questionne­ments, je vous l’assure!

Écoutez, le vignoble luxembourg­eois est mon vignoble préféré. Parce que, depuis le temps que je suis chez Cactus, j’ai réellement suivi l’évolution, qualitativ­ement, il y a toujours quelque chose à découvrir. Le terroir n’est pas grand, mais il y a tellement de diversité, tellement de travail de vigneron qui fait que j’en parle beaucoup à l’étranger, quand je participe à des concours internatio­naux. Souvent, j’amène plusieurs bouteilles et les gens sont très surpris…

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Photos: C. 2020, tout comme 2018, est une très bonne année pour les vins grand-ducaux.
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Découvrez ces cinq coups de coeur dès maintenant dans les rayons Cactus.
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Michèle Mannes et son père Max au milieu des vignes dans leur domaine Häremillen à Ehnen.

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