Le maître-chanteur d’un soir
Le compositeur et arrangeur Ivan Boumans, un fidèle partenaire du Chrëschtconcert de l'OPL à la Philharmonie
Ce mercredi soir, la Philharmonie renouera avec une belle tradition: l’Orchestre philharmonique du Luxembourg retrouvera les chefs d’orchestre Pierre Cao et Pit Nimax, le Choeur de chambre et les Pueri Cantores du Conservatoire de Luxembourg, le Choeur de l’INECC, la soprano Cornelia Samuelis et le baryton Franz Schilling pour l’incontournable rendezvous du Chrëschtconcert. Musiciens et choristes auront à choeur de faire chanter les spectateurs venus en famille.
Lui ne sera pas sur scène, son nom ne figure pas en haut de l’affiche et pourtant sans lui, ce concert de Noël n’aurait pas la même couleur. Le compositeur Ivan Boumans est l’arrangeur de nombreux chants de Noël qui ce mercredi sont au programme. «Les anges dans nos campagnes», «Minuit, Chrétiens», «Kling, Glöckchen, klingelingeling», «Leise rieselt der Schnee», «An der grousser hell’ger Nuecht», «Stille Nacht, heilige Nacht»... tous ces tubes de cette période festive portent sa griffe.
Déjà arrangeur de chansons populaires luxembourgeoises depuis de nombreuses années, c’est en 2012 qu’Ivan Boumans fait ses premiers pas pour le Chrëschtconcert de l’OPl. Ses échanges avec Pierre Cao sont réguliers et francs, note le musicien. «C’est d’ailleurs lui qui m’a demandé un jour d’arranger le song ’I Will Follow Him’.»
Faire chanter le public
Musicien, chef, compositeur, enseignant, Ivan Boumans affectionne aussi le travail d’arrangeur. «Pour ce concert de Noël, notre but est de faire chanter le public, qui vient en famille fêter Noël. C’est un moment d’échange et de partage inédit», précise le maîtrechanteur d’un soir.
Ivan Boumans a la double nationalité espagnole et luxembourgeoise. Il est arrivé au Grand-Duché à l’âge de 15 ans. Les chants de Noël connus au Luxembourg n’ont donc pas forcément fait partie de sa plus tendre enfance. Pour le musicien, cela a été «en quelque sorte un avantage pour mon travail. Moins lié à cette histoire, j’ai donc pu oser plus dans ma manière de voir les choses».
Ivan Boumans s’interdit toutes formes de limites dans sa relecture de chants. Et pourtant, le musicien reste conscient que ces arrangements doivent répondre à certains critères. En fonction de l’usage qu’il en fait et du cadre dans lequel ils sont présentés. Ainsi, pour «Stille Nacht» par exemple, le compositeur a réalisé deux arrangements en 2012 et en 2016 adaptés aux circonstances.
Ne pas s’éloigner du spectateur
«Pour l’exercice si particulier du concert de Noël, il est évident que les chansons doivent pouvoir être chantées par le public. Si je vais trop loin dans mon travail, si je bricole trop, je risque de m’éloigner du spectateur et de manquer mon but».
En pratique, cela se traduit, ici, par un respect viscéral de la mélodie: intouchable, cette série de notes connues doit rester l’ossature de toutes transformations ultérieures, insiste Ivan Boumans. C’est pour cette raison que les quatre parties chorales – soprano, alto, ténor et basse – sont ramenées à une voix.
«Arranger une mélodie est comparable au travail d’un cuisinier», explique Ivan Boumans, qui enseigne aussi les écritures musicales au Conservatoire de Luxembourg. «Je ne cesse de le répéter à mes élèves. Chaque instrument a ses qualités propres, il faut savoir les doser, trouver le juste équilibre entre les ingrédients à utiliser».
Pour réussir sa recette, le musicien-arrangeur est constamment à la recherche de contrastes, tant au niveau des couleurs sonores de l'orchestre que des harmonies. Un «Stille Nacht» rehaussé d’une dosette de swing ou de sonorités jazz est envisageable. «Je suis régulièrement attiré par des éléments du cinéma hollywoodien. Et pourtant, tout cela se passe aussi souvent de manière inconsciente».
Pour son travail, l’arrangeur cherche dans un premier temps les bonnes harmonies au piano, avant de recourir à son ordinateur, mais uniquement pour l’écriture des différentes voix. Et jamais pour écouter le résultat final, une machine ne remplaçant jamais la couleur d’un orchestre.
Les arrangements d’Ivan Boumans sont régulièrement repris par des orchestres à l’étranger. Ainsi, par exemple son «Anges dans nos campagnes» a été joué au Québec et par le MDR Sinfonieorchester au Gewandhaus de Leipzig.
Les instruments ont chacun leurs qualités, il faut savoir les doser, trouver le juste équilibre. Ivan Boumans, musicien-arrangeur
Le «Chrëschtconcert» de l’OPL du mercredi 22 décembre à 19 heures affiche complet. La Philharmonie propose un livestream de la soirée à partir de 18.45 heures. Infos:
www.philharmonie.lu