Luxemburger Wort

Dans la joie et la bonne humeur

La comédie musicale «The Pajama Game» pour les fêtes de fin d’année au Grand Théâtre de Luxembourg

- Par Thierry Hick

Comme à son habitude, le Grand Théâtre de Luxembourg propose à son public pour les fêtes une comédie divertissa­nte et réjouissan­te. Histoire de marquer une pause en cette période trouble. Cette année, le choix s’est porté sur «The Pajama Game», une comédie musicale signée Richard Adler et Jerry Ross, créée le 13 mai 1954 au St. James Theatre de New York, et remise au goût du jour par la compagnie française de Lyon Mahagonny-cie de Jean Lacornerie, qui avec Raphaël Cottin signe la mise en scène.

D’abord la trame. L’usine SleepTite, située dans l’Iowa, produit des pyjamas. Ses ouvriers se battent pour une augmentati­on de salaires et plus de congés. Un conflit social est dans l’air. Sid Sorokin est engagé comme directeur exécutif et va s’amouracher de Babe William, la voix des syndicalis­tes. Une solution va finalement être trouvée et Sid finit par démissione­r...

Cette comédie musicale ne date pas d’hier et pourtant elle garde toute son actualité, note le metteur en scène Jean Lacornerie. «En cette période de crise et de confinemen­t, qui n’a pas un jour eu l’envie de tout plaquer, de prendre l’air et de changer de vie? Le choix de Sid est bien évocateur de l’époque que nous vivons». La compagnie a repris ces jours-ci à Lyon les représenta­tions de «The Pajama Game», après deux années d’interrupti­ons forcées et avant les soirées au Luxembourg. Le virus s’est-il en quelque sorte invité dans cette reprise? «Non!», insiste le metteur en scène. «Pour une fois nous ne parlons pas de Covid. Nous revendiquo­ns haut et fort le droit et le besoin de nous faire du bien, de nous amuser. Est-ce interdit?», s’interroge l’homme de théâtre plus déterminé que jamais.

Avec humour

Et peut-on s’amuser avec une thématique aussi sérieuse et elle-aussi d’actualité? «Au travers du prisme de la comédie musicale, l’on peut aborder des sujets graves avec humour, distanciat­ion et humanisme. C’est justement cette approche qui a largement contribué au succès de la pièce. Le genre de la comédie musicale ne se limite pas aux seules histoires à l’eau de rose», se défend Jean Lacornerie. «Dès sa création, la pièce imaginait le monde de l’industrie du futur. Ce rétro-futurisme se traduisait déjà à l’époque par de nombreux allers-retours entre passé et présent. Et mettait en avant le combat de femmes engagées». Un avant-goût de #Metoo avant l’heure. «Nos propos ne sont pourtant aucunement politiques ou engagés. On ne va pas jusqu’à forcer les traits. On est là avant tout pour nous amuser», rappelle le metteur en scène, qui revendique pourtant sa manière personnell­e d'agir.

Un air de #MeToo avant l’heure...

«On a le droit d’avoir sa propre lecture du sujet, de la manière de voir les choses, d’aborder l’oeuvre originale. Le genre de la comédie musicale ne se limite pas à une lecture universell­e, il laisse la porte ouverte aux interpréta­tions diverses».

Comment donc traduire sur scène cette intrigue sentimenta­losociale sans tomber dans la caricature?. Jean Lacornerie a trouvé la solution en demandant à ses acteurs de jouer la comédie, certes, mais aussi de danser et de jouer un instrument de musique sur scène. «J’ai découvert cela à New York et j’étais tellement bluffé que j’ai décidé de faire de même en Europe. Et ça marche.»

Des combinaiso­ns comme à l’usine

A cette pluridisci­plinarité viennent se greffer des costumes autant stylisés que colorés. Chaque groupe de personnage­s est vêtu d’une combinaiso­n de travail d’une couleur déterminée et reconnaiss­able. Ce patchwork coloré n’est pas sans rappeler l’univers industriel de la pièce.

Les acteurs sur scène sont aussi constammen­t en mouvement. «La chorégraph­ie tient une grande place. Il y a peu de moments de repos, mais beaucoup de mouvements chorégraph­iés et de chants, Nous avons abandonné l’idée de se faire suivre des numéros, des épisodes séparés. Ici, tout s’enchaîne.» Cette dynamique donne le ton, rythme la narration. Les songs sont interprété­s dans la langue originale anglaise avec des sous-titres français, tandis que les dialogues ont été traduits en français avec des sous-titres anglais. Histoire de garantir une plus grande compréhens­ion au public polyglotte du Grand Théâtre.

Jean Lacornerie a noté qu’à Lyon ces jours-ci «The Pajama Game» attire des spectateur­s de tout âge et en quête d’un moment familial à passer dans la joie et la bonne humeur. Le rendez-vous au RondPoint Schuman est donné

Nous n’allons pour une fois pas parler de Covid. Il faut pouvoir s’amuser et se faire du bien. Jean Lacornerie, metteur en scène

«The Pajama Game» au Grand Théâtre de Luxembourg les 28, 29, 30 décembre à 20 heures, le 31 décembre à 18 heures. Réservatio­ns au 47 08 95 1, sur: www.luxembourg­ticket.lu. Infos: www.theatres.lu

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Photos: Michel Cavalca Pour terminer l'année sur une note enfin positive, du moins le temps d’une soirée.
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Acteurs, musiciens, danseurs ne font plus qu’un sur scène.
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