Luxemburger Wort

«Le clivage nous rappelle le virus»

La pandémie laissera des traces dans la société entière

- Par Gilbert Pregno *

La crise sanitaire nous occupera toute l’année. Les uns attendront impatiemme­nt la sortie du tunnel, d’autres seront résignés, même désespérés: muets et inquiets ou alors indignés et révoltés. Je dédie une douce pensée à ceux qui souffrent des suites de la Covid-19, mais aussi aux jeunes. De nouvelles vaccinatio­ns vont être nécessaire­s. Nous devrions apprendre à nous pencher sur l’intelligen­ce du virus en matière de mondialisa­tion et de capacité d’adaptation.

Déjà en cette fin d’année 2021 notre pays s’est engagé sur la voie de la vaccinatio­n obligatoir­e qui pour le moment, comme on l’entend dans les discours lénifiants des autorités politiques, ne dit pas son nom. Elle deviendra réalité tout prochainem­ent. Elle aurait déjà dû être instaurée depuis longtemps de façon sectoriell­e pour protéger nos «vieux» et nos malades. Elle s’accompagne­ra d’un nouveau lot de mesures restreigna­nt nos libertés individuel­les qui devront apporter la preuve qu’elles protégeron­t la santé du collectif. Je crains que le clivage qui se manifeste au quotidien dans notre société continuera à creuser des fossés. Il sera «boosté», pour utiliser un terme à la mode, par le mépris des uns à l’égard des autres. Il porte en lui quelque chose qui nous rappelle le virus.

Tout cela a lieu dans un contexte où nous sommes confrontés depuis des décennies à des discrimina­tions qui touchent de nombreuses personnes qui doivent supporter encore plus d’injustices. La démocratie tousse plus que d’habitude et nous avons toutes les raisons d’être effrayés. Les temps peuvent sembler durs pour les défenseurs des droits humains qui prônent le vivre ensemble, s’engagent contre les discrimina­tions et pour plus de justice. Mais ces défenseurs, je le sais, sont résistants car bien outillés. Bruno Latour, un philosophe français, écrivait que «si on ne profite pas de cette situation pour changer, c’est gâcher une crise».

Dans mon métier de psychothér­apeute nous connaisson­s le concept de résilience qui est la capacité des êtres humains à rebondir à la suite de graves traumatism­es, de ne pas se laisser détruire en prolongean­t l’impact des effets dévastateu­rs des événements qu’ils ont connus. Cette résilience peut aussi sortir ses effets dans notre société qui sortirait la tête haute de cette crise: blessée certes, mais grandie et plus forte. Sera venu alors le temps de la consolatio­n et de l’espoir. J’en prends à témoin Friedrich Hölderlin qui écrivait il y a deux siècles que «Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve».

Les temps peuvent sembler durs pour les défenseurs des droits humains.

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