«Le clivage nous rappelle le virus»
La pandémie laissera des traces dans la société entière
La crise sanitaire nous occupera toute l’année. Les uns attendront impatiemment la sortie du tunnel, d’autres seront résignés, même désespérés: muets et inquiets ou alors indignés et révoltés. Je dédie une douce pensée à ceux qui souffrent des suites de la Covid-19, mais aussi aux jeunes. De nouvelles vaccinations vont être nécessaires. Nous devrions apprendre à nous pencher sur l’intelligence du virus en matière de mondialisation et de capacité d’adaptation.
Déjà en cette fin d’année 2021 notre pays s’est engagé sur la voie de la vaccination obligatoire qui pour le moment, comme on l’entend dans les discours lénifiants des autorités politiques, ne dit pas son nom. Elle deviendra réalité tout prochainement. Elle aurait déjà dû être instaurée depuis longtemps de façon sectorielle pour protéger nos «vieux» et nos malades. Elle s’accompagnera d’un nouveau lot de mesures restreignant nos libertés individuelles qui devront apporter la preuve qu’elles protégeront la santé du collectif. Je crains que le clivage qui se manifeste au quotidien dans notre société continuera à creuser des fossés. Il sera «boosté», pour utiliser un terme à la mode, par le mépris des uns à l’égard des autres. Il porte en lui quelque chose qui nous rappelle le virus.
Tout cela a lieu dans un contexte où nous sommes confrontés depuis des décennies à des discriminations qui touchent de nombreuses personnes qui doivent supporter encore plus d’injustices. La démocratie tousse plus que d’habitude et nous avons toutes les raisons d’être effrayés. Les temps peuvent sembler durs pour les défenseurs des droits humains qui prônent le vivre ensemble, s’engagent contre les discriminations et pour plus de justice. Mais ces défenseurs, je le sais, sont résistants car bien outillés. Bruno Latour, un philosophe français, écrivait que «si on ne profite pas de cette situation pour changer, c’est gâcher une crise».
Dans mon métier de psychothérapeute nous connaissons le concept de résilience qui est la capacité des êtres humains à rebondir à la suite de graves traumatismes, de ne pas se laisser détruire en prolongeant l’impact des effets dévastateurs des événements qu’ils ont connus. Cette résilience peut aussi sortir ses effets dans notre société qui sortirait la tête haute de cette crise: blessée certes, mais grandie et plus forte. Sera venu alors le temps de la consolation et de l’espoir. J’en prends à témoin Friedrich Hölderlin qui écrivait il y a deux siècles que «Là où croît le péril croît aussi ce qui sauve».
Les temps peuvent sembler durs pour les défenseurs des droits humains.