La Belgique se prépare au choc avec Omicron
L’embellie sanitaire actuelle est lourdement menacée par le variant, mais un certain optimisme est de rigueur
Le Comité de concertation (codeco) qui fixe les grands axes de la lutte contre la pandémie s’est réuni de nouveau hier. Le ton y était davantage à la pédagogie qu’à la déclaration de guerre. Le contraste était d'ailleurs saisissant entre la volonté d’apaisement manifestée par le Premier ministre Alexander De Croo et la décision du Français Emmanuel Macron «d’emmerder» les non-vaccinés «jusqu’au bout».
On retiendra pour principale mesure le retour à partir du 10 janvier de l’enseignement en présentiel à temps plein dans les écoles, dès la maternelle, sous réserve du respect d’une série de mesures sanitaires préventives (ventilation, port du masque obligatoire dès six ans, testing et quarantaine, etc.) Les classes de primaires seront mises en quarantaine à partir de quatre cas positifs.
Pour le reste, ce nouveau Comité de concertation a surtout confirmé des mesures déjà prises par le passé, dont le télétravail qui reste fixé à 80 % par semaine. Pour l'horeca, la culture et les événements en intérieur, les dispositions actuelles demeurent en vigueur. C'est le fruit d'une situation sanitaire relativement bonne qui se manifeste par une pression moindre sur les hôpitaux.
Alexander De Croo prévient toutefois: «Cette année ne sera peut-être pas une année facile, même si la situation est meilleure que l’année passée. On va être confrontés à de bons moments, mais aussi à des moments plus difficiles.»
La conférence de presse qui a suivi ce codeco a permis précisément de cerner ces «moments plus difficiles». «On attend une augmentation continuelle du nombre de nouveaux cas. Le pic pourrait être atteint à la mi-janvier, avec entre 30.000 à 125.000 contaminations par jour (leur nombre tourne actuellement entre 27.000 et 29.000 par jour)», a énoncé le virologue et porte-parole du groupe d’experts Gems Steven Van Gucht.
Un peu moins de 1.900 lits sont actuellement occupés dans les hôpitaux. «Mais nous pensons que ça va augmenter», a continué Steven Van Gucht. Dans les soins intensifs, nous avons encore connu une diminution de 17 %. On s'attend à une augmentation. Pour les hospitalisations, on pense à un pic en janvier pour atteindre une occupation totale de 2.500 à 10.000 lits occupés. On ne peut pas faire de projection pour les soins intensifs».
Un geste de réconciliation
L’expert et les responsables politiques présents ont encore mis l’accent sur la nécessité de se faire injecter la troisième dose «booster», présentée comme la meilleure arme face à la «cinquième vague» pandémique attendue.
Cette réunion avait aussi pour but de renouer avec la population après le charivari provoqué par le précédent Comité de concertation. Dans le même esprit, l’objectif était d’aboutir à une réconciliation entre les politiques et les scientifiques qui les conseillent.
Le 22 décembre dernier, le Comité de concertation avait en effet choisi contre toute attente de refermer la culture, au mépris des recommandations des experts. S’en était suivi une bronca dans le secteur culturel, mais aussi parmi les magistrats, bourgmestres et policiers qui avaient refusé de faire appliquer la mesure. Celle-ci avait finalement été levée quelques jours plus tard sur injonction du Conseil d’Etat, la plus haute juridiction administrative du pays.
Les mêmes experts sont revenus à la charge en préambule du Comité de concertation de ce jeudi. Ils ont recommandé – en vain – le télétravail à 100 % et demandé l’annulation des événements de début d’année qui font habituellement le lien dans l’entreprise, comme les verres de l’amitié. Ils auraient aussi souhaité que la capacité des transports en commun soit réduite de 50 %. Souvent bondés aux heures de pointe, trains, trams et bus apparaissent comme un non-sens face à la circulation effrénée d’Omicron. Les experts ont également encouragé la population à utiliser les autotests.
De nouvelles règles de quarantaine entreront en vigueur dès le lundi 10 janvier. Elles feront clairement la distinction entre vaccinés et non-vaccinés. Ces derniers seront astreints à un isolement plus long (six jours au lieu de trois) en cas de contamination. Incidemment, un employeur sera mis au courant par ce biais du statut vaccinal de l’employé, contrairement à ce que prévoit la protection de la vie privée.
Si la situation sanitaire actuelle permet un relatif apaisement, la bienveillance a cependant ses limites. Mercredi, douze personnes ont été condamnées par défaut à une peine de prison pour avoir tenté de prendre l’avion avec un faux test PCR…