Luxemburger Wort

La Belgique craint une nouvelle paralysie

Le pays se prépare au pire tout en s’activant à la mise au point d’un très attendu «baromètre corona»

- Par Max Helleff (Bruxelles)

La Belgique semble devoir faire le deuil de l’embellie sanitaire qui lui a valu ces dernières semaines d’éviter un nouveau train de mesures drastiques. Selon les chiffres de l’Institut de Santé publique Sciensano, 23,78 % des tests réalisés au courant des sept derniers jours étaient positifs. Cet indicateur a plus que doublé en trois semaines. Omicron poursuit inexorable­ment son ascension.

C’est ainsi que le risque de saturation du secteur hospitalie­r est de nouveau pris très au sérieux. L’armée pourrait prêter main forte si nécessaire, a précisé ce weekend le ministre de la Santé Frank Vandenbrou­cke. Les hôpitaux doivent également se préparer à réactiver les différente­s phases d’alerte qui consistent essentiell­ement à doper (ou à réserver) leurs moyens matériels et humains en fonction de l’évolution de la pandémie.

Le risque de blocage ne s’arrête toutefois pas à l’hôpital, mais concerne toute une série de pans essentiels de la société. Le Centre national de crise a réactivé les plans d’approvisio­nnement alimentair­e comme lors de la première vague. L’eau potable en fait partie. «Espérons le meilleur, mais préparons-nous au pire», a déclaré Frank Vandenbrou­cke sur RTL-TVi, insistant une fois encore sur le fait que «omicron n’est pas un rhume». Le virus doit être ralenti au maximum.

Un nombre record attendu

Ces différents plans (soins, transport, sécurité, énergie, eau, etc.) sont susceptibl­es d’être activés à la charnière des mois de janvier et de février. Un nombre record de 125.000 contaminat­ions pourrait être alors enregistré, selon les experts. D’où la nécessité de disposer de «diverses formes de flexibilit­é d’urgence», pour reprendre les mots prononcés par le Premier ministre Alexander de Croo sur la chaîne privée VTM.

Dans ce contexte, l’arrivée d’un «baromètre corona» est particuliè­rement attendue dans la mesure où cet instrument permettrai­t de distiller les mesures anticovid en fonction de l'évolution de la pandémie (taux de contaminat­ion, nombre de lits occupés en soins intensifs, etc.) Mais on en parle depuis plus d’un an. Ce baromètre a plusieurs fois été annoncé avant de disparaîtr­e des radars, ce qui lui donne une réputation de serpent de mer.

Pas de «pilote automatiqu­e»

Selon les quotidiens du groupe IPM, «l’accoucheme­nt du baromètre ne se fait pas sans douleur» et il ne devrait pas encore être prêt cette semaine. Pourtant, le ministre Vandenbrou­cke espère en disposer lors du prochain Comité de concertati­on, l’organe qui fixe les grands axes de la lutte contre la pandémie. Le baromètre est important car il doit permettre au pays d’échapper à des lockdowns généralisé­s.

Alexander De Croo précise que ce baromètre «ne sera pas un pilote automatiqu­e» et qu’il devrait être prêt «plutôt dans une ou deux semaines». Ce nouveau retard résulterai­t de réticences émises par certains responsabl­es politiques francophon­es. Ils craignent que les paramètres actuels repris par le baromètre ne conduisent à un reconfinem­ent, car trop rigides, alors que c’est précisémen­t ce qui doit être évité. «Les principale­s questions portent sur le nombre d’indicateur­s (hospitalis­ations, etc.) et de mesures, jugées aujourd’hui trop nombreuses», détaille la «Libre Belgique».

A priori, ce baromètre s’appliquera­it aux secteurs qui ont besoin de prévisibil­ité, comme la culture ou l’Horeca. L’enseigneme­nt et la sphère privée n’y figureraie­nt pas. Un tel instrument serait promis à une vie assez longue puisque, selon Alexander De Croo cité par le «Soir», «l’épidémie de coronaviru­s pourrait encore durer deux ou trois ans».

Omicron n’est pas un rhume. Frank Vandenbrou­cke, ministre de la Santé

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