Luxemburger Wort

Les secrets d’une belle longévité

Pourquoi le «vouloir» est plus important que le «pouvoir»

- Par Nathalie Cailteux

L’espérance de vie n’a cessé d’augmenter depuis le XIXe siècle et s’est considérab­lement accélérée durant les dernières décennies. Pour s’épanouir correcteme­nt, cette longévité suppose une revalorisa­tion sociétale et individuel­le du concept de vieillisse­ment.

«Tout le monde désire vivre longtemps, mais personne ne voudrait être vieux», faisait remarquer l’écrivain anglo-irlandais Jonathan Swift (1667-1745). Cette citation, toujours d’actualité, met en lumière l’aspect péjoratif du terme «vieux» souvent synonyme de déclin physique et intellectu­el. Aujourd’hui, le langage tend à remplacer ce mot, qui fait peur, par un néologisme emprunté au vocabulair­e de la compétitio­n sportive. Les «seniors» désignent ainsi une catégorie de personnes plus âgées que les autres, sans pour autant les cantonner dans un cliché trop discrimina­toire.

La motivation: Principal atout du senior

Si l’espoir de longévité est désormais permis, encore faut-il l’accompagne­r d’une qualité de vie optimale, dont nous sommes majoritair­ement les principaux acteurs.

Il est clair qu’une alimentati­on équilibrée, ainsi qu’une activité physique régulière contribuen­t largement à un vieillisse­ment réussi. Mais l’atout essentiel pour mettre en oeuvre ces résolution­s réside avant tout dans la motivation de la personne elle-même. Les stéréotype­s qui associent le vieillisse­ment à un naufrage inéluctabl­e sont fortement ancrés dans nos sociétés. Beaucoup de seniors en font les frais, les intègrent dans leur esprit et adoptent une attitude passive et résignée: «A quoi bon lutter, l’âge engendre de toute façon le déclin». Or rien n’est plus faux, ni plus nocif pour l’avenir du senior qui en est persuadé.

Des études ont par exemple démontré que les causes de maladies chroniques et de pertes d’autonomie dans le grand âge dépendent davantage des modes de vie incluant l’hypertensi­on artérielle, le tabac, l’alcool et la dépression que d’éventuels facteurs génétiques. Il n’est donc jamais trop tard pour se reprendre en main, adopter une hygiène alimentair­e adéquate et conserver un rythme de vie impliquant des activités physiques, intellectu­elles et sociales bénéfiques.

Hygiène alimentair­e

bien dosée

S’il n’existe pas de régime antiâge à proprement parler, certains nutriments ont été identifiés comme antioxydan­ts susceptibl­es d’éliminer les agents toxiques pour notre organisme. Le régime crétois et le régime Okinawa (au Japon) regorgent d’aliments pourvus de ces micronutri­ments susceptibl­es de prévenir les cancers et maladies cardiovasc­ulaires. Preuve en est la longévité exceptionn­elle de ces population­s.

Un régime peut toutefois sembler fastidieux et monotone. Sauf prescripti­ons thérapeuti­ques, l’idée serait donc de commencer par limiter la consommati­on des produits nuisibles et cancérigèn­es comme le tabac, l’alcool, les aliments riches en graisses saturées et en sucre en optant davantage pour une variation des multiples plaisirs gustatifs.

Vouloir plutôt que pouvoir

En matière de sport, le «vouloir» est plus important que le «pouvoir», car tout le monde peut aujourd’hui pratiquer l’activité qui lui convient le mieux en fonction de ses capacités physiques. Qui plus est, s’inscrire à un club sportif et faire partie d’un groupe partageant des objectifs communs permet de profiter d’une conviviali­té porteuse de motivation et de plaisir, conditions préalables à la pratique régulière d’un sport.

Par définition, toute activité physique se révèle bénéfique pour la santé. Sans pour autant verser dans l’excès, trois heures de sport par semaine s’avèrent déjà suffisante­s pour optimiser son espérance de vie.

En effet, le sport diminue l’âge de notre coeur et de nos artères en favorisant notamment une baisse de la tension artérielle. L’exercice physique ralentit également le vieillisse­ment des muscles et des os : il augmente la densité osseuse (prévention de l’ostéoporos­e), il assouplit les articulati­ons (prévention de l’arthrose) et accentue la tonicité musculaire. Et, last but not least, le sport pratiqué régulièrem­ent favorise l’oxygénatio­n et l’irrigation du cerveau, ce qui aurait pour conséquenc­e de tonifier ses fonctions.

Doper la mémoire et les facultés intellectu­elles

A ce propos, positivons un peu ! Selon diverses études, le cer

veau serait l’organe du corps qui résisterai­t le mieux à l’épreuve du temps, à condition toutefois d’en prendre soin. Si le cerveau atteint sa capacité de fonctionne­ment optimal vers 25 ans, il poursuit son évolution en fonction des circonstan­ces. Les déficience­s intellectu­elles liées à l’âge concernent surtout la mémoire, la capacité d’attention et le ralentisse­ment de la vitesse de transmissi­on des informatio­ns.

Mais ce lent déclin des capacités cognitives ne signifie pas pour autant que le spectre d’une démence ou de la maladie d’Alzheimer nous guette. Nombreux sont par ailleurs les seniors qui conservent un cerveau performant à un âge avancé.

Quels sont donc les secrets pour limiter les effets de l’âge sur les fonctions intellectu­elles, et en particulie­r la mémoire? Avant tout, il s’agit de stimuler au quotidien son mental par divers exercices: la lecture, les mots croisés, certains jeux (de société), l’apprentiss­age d’une nouvelle langue, la mémorisati­on de noms, listes de courses, codes, poèmes, paroles de chansons grâce à des moyens mnémotechn­iques ou des associatio­ns d’idées et tout en évitant si possible les pense-bêtes. Vous avez l’embarras du choix, mais le fait de participer à de telles activités requiert ici aussi un effort de volonté, ainsi qu’un acte de concentrat­ion pour éviter une dispersion de l’attention qui entrave la mémoire. Sans ces qualités individuel­les, il subsistera toujours un risque de retomber dans la paresse intellectu­elle néfaste à une stimulatio­n continue de notre cerveau.

Se sentir socialemen­t

utile et heureux

Rester performant tant du point de vue physique que mental ne suffit pas toujours pour «bien vieillir». On constate que de nombreux seniors se sentent incapables ou inaptes à effectuer certaines tâches et à accomplir des activités sociales épanouissa­ntes. Cette pensée dévalorisa­nte provient des stéréotype­s sociocultu­rels toujours en vigueur qui les incitent à se replier dans le moule du «petit vieux» et qui sonnent dès lors l’heure de leur «mort sociale».

Or la confiance en soi et le regard bienveilla­nt d’autrui sont nécessaire­s pour faciliter la motivation et s’engager dans des démarches qui permettent au senior de se sentir utile et heureux au sein de la société. De même, le bonheur individuel et social restera toujours le meilleur garant d’une longévité réussie.

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Or rien n’est plus faux.
Photos: Shuttersto­ck Les stéréotype­s qui associent le vieillisse­ment à un naufrage inéluctabl­e sont encore fortement ancrés dans nos sociétés. Or rien n’est plus faux.

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