La Belgique ne ralentira pas de sitôt
Abaisser la vitesse maximale sur autoroute n’est pas à l’ordre du jour, en dépit des impératifs énergétiques
Certaines inquiétudes se font jour dans la presse automobile française depuis qu’Elisabeth Borne est devenue Première ministre de l’Hexagone. Dans le passé, celle-ci s’est déclarée favorable «à titre personnel» à un abaissement de la vitesse sur autoroute. En Belgique aussi, la crise énergétique réveille ce vieux débat.
Le Plat pays et la bagnole vivent une histoire d’amour. «Le 1er août 2021, la Belgique (et ses 11,5 millions d'habitants) comptaient 5.927.912 voitures particulières, contre 5.888.589 un an plus tôt. Il s'agit d'une hausse de 0,7 % après la légère mais remarquable baisse de 0,01 % pendant l'année 2020 – année marquée par le coronavirus», note Statbel, le site officiel de la statistique. L’année 2022 fera probablement mentir ces chiffres en raison des délais d’attente qu’implique désormais la livraison d’une voiture neuve.
Mais il reste que la densité du parc automobile belge rapportée à la taille du pays provoque un lot de nuisances évident. Nuisances acceptées bon gré mal gré par les autorités qui gardent à la voiture de société son statut d’avantage fiscal.
Les partis politiques réticents
Une manière de lutter contre ce fléau serait de rouler moins vite sur autoroute. Passer de 120 à 110 km/h aurait un impact direct en termes de sécurité, de pollution et de consommation énergique. C’est ce dernier paramètre qui ravive aujourd’hui la discussion, inspirée notamment par l’Agence internationale de l’Energie. Celle-ci estime que 290.000 barils de pétrole pour les voitures et camionnettes et 140.000 pour les camions seraient économisés chaque jour en
Europe en cas d’abaissement de la vitesse de 10 km/h, soit 68,4 millions de litres de pétrole quotidiennement.
Encore faut-il que le monde politique suive. Ce n’est pas gagné. A lire les déclarations des différents partis recueillies par «Le Soir», on comprend que ceux-ci balancent entre chèvre-choutisme et procrastination.
L’abaissement de la vitesse ne figure pas au programme du PS. Défi
privilégie «la gestion dynamique du trafic», avec une limite variant «en fonction du trafic, des accidents, de la météo et des moments de la journée». Ecolo se retranche derrière les engagements européens qui fixent la réduction des émissions de gaz à effet de serre d’au moins 55 % en 2030 (par rapport à 1990). Le Mouvement réformateur plaide pour «des vitesses dynamiques» en fonction des heures et de l’état du trafic. Il est rejoint par le… PTB communiste pour qui «il faut avoir l’adhésion des gens» …
Le cauchemar des automobilistes Bref, la Wallonie n’en veut pas. Pas davantage que la Flandre. Et Bruxelles n’a pas de portion autoroutière sur son territoire régional. La question pourrait toutefois revenir sur le tapis dans le cadre du Plan Air-Climat-Energie qui définit les grandes lignes de la transition du pays vers un système énergétique durable, fiable et financièrement abordable.
Pourtant, la vitesse a bien été abaissée sur le «ring de Bruxelles», dont une bonne partie du tracé se trouve en réalité en Flandre. En septembre 2020, elle a été limitée à 100 km/h. Selon la police de la route, la vitesse moyenne relevée a chuté d’environ 10 km/h en juin 2021 par rapport à juin 2019. Nombreux sont toutefois les conducteurs qui ne respectent pas la règle.
Le «ring» est le cauchemar de tout automobiliste. L’afflux aux heures de pointe et le moindre accident y provoquent des bouchons kilométriques qui poussent souvent les usagers de la route à s’en aller embouteiller les villages avoisinants. C’est ainsi que les campagnes sont à certains moments plus polluées et plus bruyantes que les villes.
Passer de 120 à 110 km/h aurait un impact direct en termes de sécurité, de pollution et de consommation énergique.