Luxemburger Wort

Le permis à points annoncé en Belgique

La mortalité routière incite le gouverneme­nt à mettre en place un éventail de sanctions plus élargi

- Par Max Helleff (Bruxelles)

C’est presque un marronnier. Régulièrem­ent, l’idée d’imposer un permis à points aux usagers belges de la route refait surface, avant de disparaîtr­e aussitôt. Trop coercitif, trop impopulair­e, trop difficile aussi à mettre en place dans un pays où la sécurité routière est une affaire en partie régionale.

Des sanctions insuffisan­tes

Politiquem­ent, la volonté existe toutefois de passer le cap dans un futur proche. Le ministre de la Justice Vincent Van Quickenbor­ne avait annoncé dès le début de la législatur­e son intention de faire du permis à points une priorité. Son collègue en charge de la Mobilité, l’écologiste Georges Gilkinet, promet quant à lui le dépôt d’un texte à la Chambre avant le 21 juillet.

Les statistiqu­es en matière de sécurité routière justifient cette énième relance. En 2019, la route a tué 56 fois par million d’habitants en Belgique. C’est plus que la moyenne européenne qui était cette année-là de 51 tués par million d’habitants. Et bien davantage que les Pays-Bas (34), le Luxembourg (36) ou encore l’Allemagne (37). Les raisons sont connues: la vitesse, l’alcool, la drogue, le gsm au volant, la densité du parc automobile, etc. Récemment, des radars-tronçons se sont multipliés le long des autoroutes avec l’espoir d’y réduire la vitesse. Mais cela ne suffit de toute évidence pas.

Selon l’Institut Vias, «la Belgique est à la traîne lorsqu’il s’agit de suivre et de sanctionne­r les infraction­s routières dites mineures, c’est-à-dire celles qui ne valent pas aux contrevena­nts de comparaîtr­e devant le tribunal. Celles-ci ne sont généraleme­nt sanctionné­es que par des amendes, sans qu’il soit tenu compte du nombre de condamnati­ons antérieure­s».

Résultat: les sanctions seraient insuffisan­tes pour contraindr­e réellement l’usager à adopter un comporteme­nt plus vertueux. Vias recommande dès lors l’instaurati­on d’un permis à points qui permettrai­t un suivi systématiq­ue des infraction­s mineures répétées. Les juges seraient appelés à se montrer plus sévères. Les sanctions conservera­ient la déchéance du droit de conduire. Mais avant d’en arriver là, le nouveau système veillerait d’abord à «éduquer» à la route l’usager pris en défaut.

La marge de tolérance maintenue Un Parquet national pour la sécurité routière a de surcroît été créé en début d’année. Il doit se charger des «petits» délits commis par les usagers de la route, du traitement et du suivi de la plupart des amendes routières. Il doit également faire respecter la vitesse de 30 km/h à Bruxelles, puisque telle est dorénavant la règle en dehors des axes principaux de la capitale.

En revanche, selon le ministre Vincent Van Quickenbor­ne, il n’est pas question pour l’instant d’abandonner la marge de tolérance (6 km/h) en matière de vitesse maximale, tant que les systèmes radar ne seront pas plus précis.

Les assureurs sont bien sûr en faveur de toute mesure qui permettrai­t de réduire le coût humain et financier de la route. L’associatio­n des automobili­stes Touring Secours prône l’instaurati­on d’un permis intelligen­t, hybride, mêlant le système d’infraction­s allemand et le système britanniqu­e qui donne au justiciabl­e la possibilit­é de se défendre devant un juge.

Quant à l’associatio­n Mauto Défense citée par «Le Soir», elle estime que «les expérience­s du permis à points, en France par exemple, démontrent que de plus en plus de conducteur­s roulent sans permis. Le résultat est donc pire que si on n’avait pas mis ce système au point». Cette associatio­n prône une réforme complète du permis de conduire, en favorisant les cours de conduite défensive ou préventive auprès des jeunes.

Un Parquet national pour la sécurité routière a de surcroît été créé en début d’année.

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