Luxemburger Wort

La maison de Marc Dutroux abattue

La démolition de l'habitation du pédophile sise à Marcinelle a commencé hier

- Par Max Helleff (Bruxelles)

Les travaux de démolition de la «maison de Dutroux», à Marcinelle (Hainaut) en Belgique, ont débuté hier. Après des années de discussion­s et de polémiques, la décision a finalement été prise de raser la «maison de l’horreur» tout en conservant la cache secrète où le meurtrier avait séquestré ses victimes, déjouant dans un premier temps les perquisiti­ons de la police.

A l’annonce de la nouvelle, la chaîne publique francophon­e RTBF a relayé des images d’archives où l’on voit la mère de Laetitia Delhez expliquant sur un ton neutre que sa fille avait dû partager le bain du «monstre» qui «l’avait violée trois fois». Gino Russo, le père de la petite Mélissa qui n’a pas survécu en 1996 aux sévices de Dutroux, a estimé pour sa part que la conservati­on de la cache secrète pourrait servir à des devoirs d’enquête ultérieurs.

Il y a un an, en juin 2021, le conseil communal de Charleroi a lancé la procédure de marché public pour la démolition de l'ancienne maison de Marc Dutroux. L’endroit accueiller­a ensuite un jardin mémoriel entouré de fleurs et d’arbres. Une nouvelle fresque inspirée de celle qui aveugle actuelleme­nt la façade sera confiée aux soins d’un artiste. Le projet devrait être terminé pour 2023.

Les autorités locales et les riverains espèrent ainsi tourner la page de ce qui reste aujourd’hui l’affaire judiciaire la plus sinistre de la Belgique contempora­ine. Durant des années, Marc Dutroux a enlevé, violé et laissé mourir des enfants et des jeunes filles afin de satisfaire ses perversion­s sexuelles. Melissa Russo, Julie Lejeune, An Marchal et Eefje Lambreckx n’ont pas survécu aux traitement­s qu’il a leur infligés.

Mais le 15 août 1996, le pédophile est arrêté. Il conduit les enquêteurs à la cache de Marcinelle pour y libérer Sabine Dardenne et Laetitia Delhez. Les jeunes filles, alors âgées respective­ment de douze et 14 ans, sont extraites de la cache. Leur séquestrat­ion dans l’immonde bouge aménagé par Dutroux aura duré plus de deux mois pour Sabine et six jours pour Laetitia.

La destructio­n de la maison Dutroux est censée mettre fin au tourisme macabre qui hante les lieux.

En 2021, le Français Lolo Urbex y était entré par effraction. Sur l’une des vidéos, on pouvait voir son complice se servir d’une vieille porte pour escalader un mur et avoir accès à ce qu’il décrivait comme «la maison la plus horrible d’Europe». Ces amateurs d’exploratio­n urbaine avaient filmé la chambre de Marc Dutroux, celle de ses enfants, ainsi que la cave où la cache avait été aménagée. Ils avaient ensuite «visité» l’autre maison de Dutroux, sise à Sars-laBuissièr­e. Cette dernière doit elle aussi être abattue. Les autorités mettent la dernière main au cahier des charges qui enverra l’habitation aux gravats.

Régulièrem­ent, Marc Dutroux refait parler de lui, bien qu’il soit derrière les barreaux depuis 26 ans. Son avocat a raconté à Sudinfo qu’il joue au détective et mène l’enquête sur toutes sortes d'affaires criminelle­s. «Il a dressé une liste d'une quarantain­e de meurtres et de morts suspectes en Belgique et a fait des liens avec le réseau dont il n'était qu'une petite partie», explique Me Bruno Dayez. Le pédophile s'est penché notamment sur le Gang de Nivelles, raison pour laquelle des enquêteurs chargés des tueries du Brabant sont venus l'interroger il y a quelques mois. Selon son avocat, l'entretien a tourné court car «Dutroux était confus et son discours trop incohérent».

Dutroux reste un psychopath­e sadique sexuel

Ces dernières années, Marc Dutroux a fait valoir ses droits à une libération conditionn­elle, conforméme­nt à la loi. Jugé incapable de se réintégrer dans la société, il a fini par abandonner toute prétention de libération. «Vu le rapport accablant des experts psychiatre­s, qui estiment mon client toujours dangereux, je n’ai aucun plan de reclasseme­nt à proposer pour lui. Le Tribunal d’applicatio­n des peines actera le fait qu’en l’état actuel, Marc Dutroux ne demande pas sa libération», avait déclaré en mars dernier Me Bruno Dayez.

«Dutroux n’a pas changé en 24 ans. Absolument pas. Il reste un psychopath­e sadique sexuel avec une absence d’évolution et de remise en question qui présente un risque élevé de récidive, qu’il soit sexuel ou non», avait affirmé dans le même temps Jean-Philippe Rivière, l’avocat d'une de ses victimes, Sabine Dardenne.

Cet été, l'ex-femme de Dutroux, Michelle Martin, sera tout à fait libre. Elle a respecté à la lettre les conditions de sa liberté conditionn­elle. Un quart de siècle après les faits, Marc Dutroux reste l’homme le plus haï de Belgique.

Panorama, Seite 55

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Photo: AFP La «maison de l’horreur» du pédophile Marc Dutroux à Marcinelle sera remplacée par un jardin mémoriel entouré de fleurs et d’arbres.

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