Luxemburger Wort

Le diadème d'une future Reine

Un bijou porté par Elisabeth de Belgique en Norvège provoque son lot de conjecture­s

- Par Max Helleff

La presse people a beaucoup disserté ces derniers jours sur un somptueux bijou porté par la princesse Elisabeth de Belgique, première dans l’ordre de succession au trône. Le 17 juin dernier, à Oslo, Elisabeth a participé à une soirée de gala donnée par le roi Harald V et la reine Sonja de Norvège à l’occasion des 18 ans de leur petite-fille, la princesse Ingrid Alexandra. Plusieurs souverains étaient présents dont Felipe d’Espagne, Willem-Alexander des Pays-Bas, mais également des héritiers comme Frédéric de Danemark, Catharina-Amalia des PaysBas, Estelle de Suède et le couple grand-ducal formé par Guillaume et Stéphanie.

Ingrid, Elisabeth, Estelle et Catharina-Amalia: quatre futures reines européenne­s étaient présentes lors de cette cérémonie. Pourtant, l’événement a surtout retenu l’attention de nombreux médias en raison du magnifique diadème porté par Elisabeth, princesse de Belgique et duchesse de Brabant. Le bijou tout en diamants entourait ses cheveux coiffés en chignon. La robe était de couleur lilas et était signée Armani Privé.

C’est une affaire de dress code. Le protocole royal prévoit en effet qu’à partir de 18 ans, les femmes portent un diadème. La princesse Ingrid Alexandra, la cousine d’Elisabeth, arborait ainsi un diadème Boucheron conçu en 1900 pour la princesse Ingeborg de Suède, la grand-mère du roi Harald V. Les familles royales belge et suédoise ont des liens familiaux très étroits. La reine Astrid, arrière-grand-mère d’Elisabeth, était la soeur de la princesse Märtha, arrière-grand-mère de la princesse Ingrid Alexandra.

Les temps sont durs

L’origine du diadème Belle Epoque d’Elisabeth a immédiatem­ent suscité la curiosité des observateu­rs du gotha et plus particuliè­rement de la famille royale belge. Certaineme­nt en raison de la beauté de cette pièce sertie de nombreux diamants. Mais aussi parce que les Saxe-Cobourg sont priés de montrer l’exemple alors que la déglingue du pouvoir d’achat est devenue la question politique du moment en Belgique. Les temps sont durs.

Par ailleurs, le coffre à bijoux de la famille royale belge n’est pas réputé particuliè­rement étoffé. «Les maisons royales ont ce qu'on appelle une fondation qui permet que les bijoux passent de génération­s en génération­s. Ici en Belgique, ce n'est pas le cas. Je me suis rendu compte que les bijoux se perdaient, étaient vendus ou étaient hérités par des branches cadettes», a expliqué à la presse Christophe Vachaudez, spécialist­e des joyaux de la couronne. Et donc, c'est vrai qu'en comparaiso­n des collection­s des autres maisons royales, la collection de la famille royale belge est assez modeste».

Le palais a depuis fait savoir que le roi Philippe et la reine Mathilde ont offert en 2019 le bijou à la princesse Elisabeth pour ses 18 ans. S'ils ont acheté le diadème, le montant de la transactio­n n’a pas été précisé. Le patrimoine des Saxe-Cobourg

fait régulièrem­ent l’objet de conjecture­s sans que l’on sache réellement à combien il se monte. Le mot d’ordre est officielle­ment aux économies : les dotations d’Albert II et de ses enfants – la princesse Astrid et le prince Laurent – ont été rabotées il y a quelques années, non sans provoquer la polémique.

Les bijoux de Lady Vestey

Ces précaution­s prises, on sait désormais que le diadème a appartenu à Evelyne Brodstone, une femme d’affaires d’origine américaine particuliè­rement brillante qui, après avoir convolé en justes noces avec un baron anglais, devint Lady Vestey. Elle devait porter pour la première fois le diadème en 1925 lors d’un dîner de présentati­on à la cour. Les Vestey étaient proches de la reine Elisabeth II d’Angleterre. Lady Vestey est décédée le 28 novembre 2020. Lord Vestey, quant à lui, était le Master of the Horse de la reine. On l’a souvent vu aux côtés d’Elisabeth II dans la tribune d’honneur aux courses hippiques. Il s’est éteint le 4 février 2021.

Le diadème, toujours lui, a conduit certains observateu­rs à une comparaiso­n avec un bijou d’apparence assez proche ayant appartenu aux Romanov, la famille impériale de Russie éliminée par les Bolcheviks. «Un diadème presque identique avec onze perles en forme de poire était en possession de l'impératric­e russe Alexandra Feodorovna. No.169 dans sa collection personnell­e de bijoux, cette pièce était un cadeau du tsar Nicolas II pour leur quatrième Noël ensemble. Une facture Fabergé datée du 31 décembre 1897 pour la création d'un ‚diadème de perles et de diamants (4.150 roubles)’ est conservée dans les archives», explique «Russian Treasure» sur Instagram. «La maison de joaillerie était alors connue comme une éponge de tous les styles (…) Le diadème de l'impératric­e n'était pas une création unique, et il est tout à fait possible que Fabergé se soit grandement inspiré du travail d'un autre joaillier européen.»

L’internaute finit par conclure qu’une fois les comparaiso­ns faites sur base photograph­ique, le diadème d’Elisabeth de Belgique «n'a définitive­ment rien à voir avec les Romanov». Il penche également pour Lady Vestey.

Sur le devant de la scène

Quoi qu’il en soit, ce bijou contribue à mettre un peu plus sur le devant de la scène Elisabeth. La princesse poursuit son apprentiss­age de reine. Elle sera la première cheffe d’Etat de Belgique, en presque deux siècles d’indépendan­ce. En 1991, la loi salique qui donnait la primogénit­ure aux héritiers mâles descendant­s du roi Léopold Ier a été abrogée.

Après une formation d’un an à l’armée, elle poursuit aujourd’hui ses études au Lincoln College de l’université d’Oxford. L’accession au trône d’Elisabeth n’est a priori

Le coffre à bijoux de la famille royale belge n’est pas réputé particuliè­rement étoffé.

Le roi Philippe et la reine Mathilde ont offert en 2019 le bijou à la princesse Elisabeth pour ses 18 ans.

pas pour demain. A 62 ans, le roi Philippe tient a priori la forme. Il vient de contribuer à resserrer les liens entre son pays et le Congo lors d’une visite royale dans l’ancienne colonie. En Roumanie, il s’est montré particuliè­rement sévère il y a quelques jours pour l’agression russe contre l’Ukraine. Pas de nouvelle démonstrat­ion de kitesurf comme en 2017, mais la volonté manifeste d’endosser le rôle royal qu’il a si longtemps attendu.

Rappelons que Philippe n’est devenu roi qu’à la faveur de l’abdication de son père Albert II survenue en 2013, après vingt ans de règne.

Pour la petite histoire, sachez encore que la reine Mathilde arborait à Oslo un collier orné de diamants Wolfers, qui avait appartenu autrefois à la reine Fabiola décédée en 2014 à Bruxelles. Et que deux rois, trois reines consorts, six héritiers du trône et neuf familles royales ont répondu présent à ce gala d’anniversai­re. La cérémonie en l'honneur des 18 ans d’Ingrid Alexandra de Norvège avait dû être dans un premier temps reportée en raison de l’épidémie de Covid-19.

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Photo: dpa La princesse Estelle de Danemark, la princesse Catharina-Amalia des Pays-Bas, la princesse Ingrid Alexandra de Norvège, la princesse Elisabeth de Belgique et le prince Charles de Luxembourg (de gauche à droite) prennent la pose dans le palais royal, à Oslo.

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