Des «à-quoi bon» et des «est-ce tout ?»
Nicolas Mathieu publie «Connemara» un nouveau roman politique, ample, généreux et d’une intelligence vive
«Connemara» de Nicolas Mathieu est un roman de la colère. Le récit gigogne d’un peuple du Nord qui rêve des grands espaces du Connemara et qui se délite dans le Grand Nord. Sur fond de désindustrialisation, de chômage et de déclassement social. Un roman politique en fait, où si la chanson de Sardou donnant son titre au livre tient la corde, ce sont celles de Jean Ferrat qui en structurent les états d’âme des une et des autres.
Vosges, pas loin d'Epinal, est le récit des «à-quoi bon» et des «estce tout?». Il faut vivre malgré tout comme l’aurait chanté Serge Reggiani, tel sera le credo de ces humbles gens qui espèrent non pas beaucoup, mais au moins un peu.
«J’ai voulu raconter cet orage-là, quand au milieu du gué, on prend le temps de suspendre cette phénoménale course d’endurance avec les adultes avec un job 300 jours par an, le supermarché le samedi, les vacances, les gosses, et leurs copains, l’école, les activités, la peur et l’amour si prenant, l’immense fatigue tout le temps» confie Nicolas Mathieu. «J’ai voulu rendre ce tremblement du mitan de la vie, quand tout semble installé et que l’envie de tout refaire gronde en nous.»
«Connemara» est un livre gigogne sur fond d’élection présidentielle qui secoue les consciences et les coeurs. Car l’auteur Prix Goncourt 2018 pour «Leurs enfants après eux» retrouve dans son nouveau roman la force d’une écriture lyrique et empreinte d’esprit de résilience. Un roman ample, généreux et d’une intelligence vive.
Nicolas Mathieu, «Connemara», Actes Sud
394 pages, 22 euros.