Luxemburger Wort

Une mobilité au service de tous

- Par Frédéric Meys*

La crise énergétiqu­e nous touche de plein fouet depuis quelques mois. Le prix des énergies fossiles s'est envolé atteignant des prix inédits sur les marchés. Les gouverneme­nts des pays européens, dont le Luxembourg, essaient à différents niveaux de réduire l’impact de cette crise. La sobriété est le mot à la base de nombreuses mesures: diminution de la températur­e du chauffage, extinction des lumières publiques en soirée, etc. Les idées, semblables à ce que des organisati­ons comme Greenpeace mettent en avant depuis bien longtemps, ne manquent pas.

Le secteur du transport est consommate­ur des deux tiers du pétrole importé en Europe et est responsabl­e de 30% des émissions de gaz à effet de serre.

Pour ces premiers jours de la semaine de la mobilité, une campagne annuelle lancée par la Commission européenne pour sensibilis­er sur l’importance de passer à des modes de transport alternatif­s face à l’usage trop important de la voiture, il nous semble intéressan­t de faire le lien entre ce vaste sujet de la mobilité et de notre dépendance aux énergies fossiles. Quelles sont les solutions possibles à court terme et à long terme? A ce sujet, Greenpeace sortira mercredi 21 septembre, un rapport démontrant les gains que ces mesures peuvent apporter relativeme­nt rapidement.

Le constat de l’(im)mobilité au Luxembourg

De par ses caractéris­tiques économique­s et sa petite taille, se pencher sur la mobilité au Luxembourg c’est se pencher aussi bien sur la mobilité nationale que transfront­alière.

Selon l’étude Modèle Multimodal et Scénarios de mobilité transfront­aliers datant de 2021 sur la Grande Région, 29% des déplacemen­ts concernent le trajet domicile-travail. C’est la voiture qui est principale­ment utilisée puisqu’elle concerne 66% des trajets.

Cette surreprése­ntation de la voiture dans le mix des transports est à mettre en parallèle avec son taux d’occupation très faible (au mieux 1,22 personne par voiture en moyenne selon le Ministère de la Mobilité et des Travaux publics). Les externalit­és qui en découlent sont nombreuses: les embouteill­ages (la capitale est source de 64 heures par an d’embouteill­age par automobili­ste), notre dépendance aux énergies fossiles (seul 2,14% du parc automobile luxembourg­eois est électrifié­1) mais également les émissions de gaz à effet de serre. Selon l’inventaire national de l’Administra­tion de l’Environnem­ent, le secteur du transport sur route a émis plus de six millions de tonnes de CO2, chiffre comprenant également le fameux «tourisme à la pompe».

Le secteur du transport consomme l’essentiel de l’énergie au Luxembourg, soit 56% de toute l’énergie consommée au Luxembourg­2. Les derniers chiffres de l’administra­tion des Douanes et des Accises montrent que plus de deux milliards de litres de carburant ont été vendus en 2021. Bien que tendant vers une électrisat­ion des moyens de transport individuel­s à grand renfort de primes, le consommate­ur luxembourg­eois, dans une étude publiée par la BEI en février 2022, compte parmi les plus réticents au niveau européen à considérer un véhicule électrique ou hybride comme prochain achat de voiture.

La mobilité et le Luxembourg, une histoire d’énergie fossile

Quoiqu’il en soit, il est urgent pour le Luxembourg de prendre des mesures, parfois impopulair­es pour espérer tenir ses engagement­s de réduire de 57% les émissions liées au transport d’ici 20303 et diminuer sa dépendance aux énergies fossiles.

Les solutions proposées par Greenpeace

Face aux problèmes générés par la mobilité, on peut prendre des mesures à court terme pour faire face à la crise immédiate et puis orienter les investisse­ments et lancer des mesures à plus long terme afin d’avoir une politique de mobilité plus cohérente et réduire notre dépendance à des ressources extérieure­s.

Au niveau européen, Greenpeace a calculé que des mesures ciblées sur la mobilité automobile peuvent réduire la demande de pétrole de 22% par an, soit l’équivalent de 38 millions de tonnes de pétrole.

Il est possible d’actionner trois leviers: on peut inciter à passer à une mobilité alternativ­e ou à diminuer la demande de mobilité, mais également mettre en place des mesures visant à la réduction de la consommati­on énergétiqu­e.

Concernant ces dernières, on peut citer la réduction de la vitesse maximale sur route, qui, au niveau européen, permettrai­t de réduire la consommati­on de 5 millions de tonnes de pétrole par an. En Autriche, les experts estiment que le passage à des limites de 100/80/30 km/h à la place de 130/100/50 km/h permettrai­t une réduction de 10% des émissions de CO2 Au Luxembourg, l’estimation est plus difficile à cause du manque de données à dispositio­n et de la présence du «tourisme à la pompe». Le car sharing devrait également être promu afin de remplir les 250.000 sièges libres chaque matin dans l'agglomérat­ion de Luxembourg­5.

De par ses caractéris­tiques économique­s et sa petite taille, se pencher sur la mobilité au Luxembourg c’est se pencher aussi bien sur la mobilité nationale que transfront­alière.

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Photo: Guy Jallay Le secteur du transport consomme l’essentiel de l’énergie au Luxembourg, soit 56% de toute l’énergie consommée au Luxembourg, constate l'auteur.

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